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134 PERSONNALITÉS DU RÉGIME BIYA BIENTÔT DEVANT LA CPI

À l’initiative d’un activiste camerounais vivant en Angleterre, le Conseil de sécurité des Nations Unies a été saisi fin juillet dernier en vue d’une plainte contre 134 personnalités camerounaises devant la Cour pénale internationale. Ces dernières sont accusées de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’actes de génocide lors du massacre perpétré le 14 février dernier à Ngarbuh, dans le nord-ouest anglophone.

Lorsque le 16 juillet dernier, dans une correspondance adressée à Jean Pierre Dupont, activiste camerounais résidant en Angleterre, M.Mark P.Dillon, le chef de l’unité des informations et des éléments de preuves au bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), indique que la plainte déposée à la CPI contre des personnalités camerounaises ne remplit pas les conditions permettant de mettre en branle la compétence de la CPI, les partisans du régime de Paul Biya ont jubilé et sablé le champagne. Ce qu’ils ont oublié est que ce n’était en réalité qu’une étape du processus devant aboutir à l’interpellation des personnalités camerounaises civiles et militaires impliquées dans de nombreux massacres et crimes au Southern Cameroons (nord-ouest et sud-ouest anglophone du Cameroun).

En effet, d’après les explications de l’activiste anti-Biya Jean Pierre Dupont, dans un live show du 23 juillet dernier dès 21h 59 sur sa page Facebook, c’est après avoir saisi le Conseil de Sécurité des Nations Unies en première instance que ce dernier l’a dirigé vers la CPI. D’où la plainte déposée le 26 février dernier au bureau du procureur de la CPI par des avocats constitués par ses soins.

Dans la lettre du 16 juillet, pour expliquer l’impossibilité pour la CPI à déclencher les poursuites contre des dirigeants camerounais, le bureau du Procureur a signifié aux plaignants que non seulement l’Etat du Cameroun n’est pas membre de la CPI (c’est-à-dire qu’il n’a pas ratifié le Statut de Rome du 17 juillet 1998 fondateur de ladite Cour) mais aussi n’en a pas reconnu la compétence. Le parquet de la CPI a également fait savoir aux requérants que le Conseil de sécurité des Nations Unies n’avait pas saisi le procureur de la CPI sur le cas du Cameroun.

C’est fort de ces explications et en vertu de l’article 7 de la Charte de l’ONU que Jean Pierre Dupont et sa batterie d’avocats ont saisi le 23 juillet dernier le Conseil de sécurité des Nations Unies afin que ce dernier ordonne au Procureur de la CPI d’ouvrir une enquête sur les assassinats ciblés et autres exécutions extrajudiciaires perpétrés par le régime de Paul Biya dans le Cameroun anglophone. Selon les explications fournies par Jean Pierre Dupont au cours de son live show, le mécanisme onusien de saisine de la CPI s’applique aux Etats qui ne sont pas membre de la CPI comme le Soudan où l’ex-président de la République, Omar El Béchir, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis 2010. Pourtant, le Soudan n’a ni signé, ni ratifié le Statut de Rome.

La saisine du Conseil de sécurité vise 134 personnalités accusées de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Elles « devront répondre de leur participation directe ou indirecte dans les massacres perpétrés à Ngarbuh en zone anglophone le 14 février dernier, provoquant la mort d’au moins 22 personnes, parmi lesquelles figuraient des nourrissons, des femmes enceintes et des vieillards », peut-on lire dans une publication postée le 3 août dernier sur la page Facebook de l’activiste. Que les soutiens de la dictature de Paul Biya ne se réjouissent donc pas vite car la CPI garde un œil attentif sur le Cameroun.

Michel Biem Tong

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