40 CHEFS D’ÉTATS ET GOUVERNEMENTS AFRICAINS RÉUNIS AUTOUR DE POUTINE: RÉVÉLATIONS DES CONTRATS SIGNÉS
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré que la Russie peut offrir son aide à l’Afrique sans les nombreuses conditions fixées par les puissances occidentales :
« Nous voyons comment certains pays occidentaux ont recours à la pression, à l’intimidation et au chantage contre des gouvernements souverains africains.
Ils utilisent de telles méthodes pour tenter de se redonner une influence et une domination perdues dans leurs anciennes colonies sous une nouvelle forme et ainsi pouvoir en tirer le maximum de profits en exploitant le continent », a déclaré le président russe Vladimir Poutine au sommet Russie-Afrique qui a débuté mercredi 23 jusqu’à ce 24 octobre dans la station balnéaire de Sotchi au bord de la mer Noire.
Tout est dit dans cette déclaration où la Russie à grands pas,s’invite dans le concert africain des puissances occidentales et asiatiques. Même si forum met l’accent sur la coopération économique, l’énergie, la science, l’éducation, le transport, les investissements et le génie civil, l’objectif premier de la Russie est géopolitique dans un continent très riche en matières premières et un marché de consommation d’un milliard d’habitants.
La première séance plénière du forum s’est tenue au parc de la science et des arts Sirius à Sotchi. Elle a été ouverte par les Présidents russe et égyptien, suite à leurs négociations bilatérales. Les chefs d’État ont débattu des moyens de prévenir la migration des terroristes de Daech depuis la Syrie vers le continent noir, et aussi, la vente d’armes.
« Les traditions de notre coopération militaire et technique ont des racines profondes. Elle s’est formée encore dès les premières étapes de l’établissement des États africains et a joué son rôle dans la lutte des peuples du continent pour leur indépendance », explique Vladimir Poutine.
Selon le président russe, plus de 30 pays d’Afrique ont des accords avec la Russie dans ce domaine. Ces ententes prévoient la livraison d’un « large éventail d’armes » vers le continent, la formation des troupes et la maintenance du matériel militaire.
« Une partie des armes est transmise gratuitement. Mais il s’agit d’une pratique ordinaire, adoptée par tous les principaux pays du monde », a souligné Vladimir Poutine.
Le président russe a tenu à rappeler que son pays n’atterrit pas en Afrique comme un cheveu dans la soupe. Le projet d’organiser un sommet Russie-Afrique date des années 1990. Mais, suites aux problèmes économiques, Moscou avait suspendu la coopération. C’est au milieu des années 2000 que le Kremlin s’est de nouveau penché sur un retour éventuel en Afrique. Il a également organisé la première tournée de Vladimir Poutine dans la région. Le Président russe a visité l’Algérie, la Libye, l’Égypte, le Nigeria, la Namibie et l’Angola. La capitale éthiopienne, Addis-Abeba, a accueilli en 2011 le premier forum d’affaires Russie-Afrique.
Poutine a également évoqué les raisons de la restructuration des dettes datant de l’époque soviétique.
«La Russie a annulé 20 milliards de dollars de dettes des pays africains par rapport à l’URSS. C’était non seulement un geste de générosité, mais aussi un acte de pragmatisme. Beaucoup de pays africains étaient tout simplement incapables de payer les intérêts de ces crédits. C’est pourquoi nous avons décidé qu’il serait optimal pour tout le monde de faire repartir notre coopération d’une page blanche», a expliqué le président.
Il a souligné que tous les crédits étaient actuellement octroyés à l’Afrique selon les conditions du marché. Qui plus est, ce partenariat mutuellement avantageux porte déjà ses fruits.
Ainsi, le rapport «Russie-Afrique: le partenariat commercial et économique à long terme», rédigé spécialement pour le sommet, indique que l’Afrique est le seul marché qui a élargi ses importations russes dans le contexte des sanctions contre Moscou.
« Si cette tendance perdurait, la Russie augmenterait bientôt sa part dans les importations totales de l’Afrique. Les domaines prioritaires sont le matériel agricole, les automobiles et les céréales », affirme le rapport.
La coopération entre l’UEEA et l’Afrique pourrait également s’avérer prometteuse. La plupart des pays du continent noir ont déjà une certaine expérience de participation aux ensembles d’intégration.
«Au final, tous ces programmes ne visent qu’une chose: aider les Africains à résoudre eux-mêmes les problèmes existants, ce qui permettra de renforcer les États africains, leur souveraineté et leur indépendance. Cela signifie que la situation dans le monde devrait être plus stable et plus prévisible», a souligné Vladimir Poutine.
« Nous sommes capables, au minimum, de doubler nos échanges commerciaux au cours des cinq prochaines années », avait lancé d’emblée le président Poutine mercredi 23 octobre au matin
Mais, sur les bords de la Mer Noire, la quarantaine de dirigeants du continent noir et la kyrielle d’hommes d’affaires ont été plutôt avares en signatures. Et les rares contrats conclus ont essentiellement concerné l’armement. Des armes, et toujoursdes armes.
Dans les allées du sommet, Alexandre Mikheev, le patron de Rosoboronexport, la société publique russe en charge des ventes d’armement, a ainsi pu saluer la bonne santé du commerce avec le continent et déclarer à l’Agence France Presse que « l’Afrique représente 40% du volume du portefeuille de commandes actuelles à la fois en termes de valeur et de livraisons de différents types d’armes et d’équipements militaires ».
Pour vanter leurs fusils, blindés, ou munitions, les représentants des entreprises Kalachnikov, Pribor ou Almaz-Antey, sous la houlette du conglomérat d’Etat russe, ont été très sollicités à Sotchi. A l’issue de la première journée, l’Ethiopie dont le Premier ministre vient de remporter le prix Nobel de la paix, a acheté un système de défense anti-missile Pantsir-S1. Le président centrafricain Faustin-Archang Touadéra , à défaut de signer, a demandé à Vladimir Poutine de renforcer l’aide militaire à la RCA en lui envoyant « des moyens létaux et des véhicules blindés de transport de troupe ».
Le président namibien Hage Geingo a pour sa part affirmé à Vladimir Poutine : “l’armée m’a demandé de vous dire qu’elle est intéressée pour recevoir l’assistance de conseillers militaires de Russie ».Le sommet qui se présentait comme économique, est finalement devenu le sommet de l’armement.