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8 PRISONNIERS POLITIQUES MORTS EN DÉTENTION AU TOGO

Déclaration liminaire de la Conférence de presse du mardi 22 décembre 2020

Mesdames et messieurs les journalistes,
Nous vous avons invité à la Conférence de presse de ce matin pour vous donner suite de celle à laquelle vous avez assisté le mercredi 9 décembre dernier dans ce même local, à propos de l’arrestation et de la mise sous mandat de dépôt des deux responsables de la DMK que sont Mr. Gérard DJOSSOU et Mme Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON.

Comme vous le savez, au cours de cette Conférence de presse, la question de la nécessité que soit mis en place un Comité pour leur libération ainsi que celle de tous les prisonniers politiques du Togo a été évoquée.
Nous avons le plaisir de vous informer que les concertations qui ont eu lieu entre des partis politiques et différentes organisations de la société civile ont abouti à la création, le lundi 14 décembre dernier, de ce comité que nous avons fini par dénommer : « Comité pour la libération de tous les prisonniers politiques du Togo » et dont sont membres les organisations de la société civile suivantes : ATDPDH, ASVITTO, REJADD-Togo, Front citoyen Togo Debout, Novation Internationale, DRPDPS, ALCADES, GLOB, CADD-Togo, SEET, GCD, FTBC, SJEP, Bindjé Gué Bindjé, Mouvement Gamessou, MJS, AJAAH, SP-BT, AJECED, AMIS, Nouveau Citoyen et les partis politiques suivants : CDPA, MPDD, DSA, BAC, Les Démocrates, Le Nid, La RACINE, Le Togo autrement, FDP, Parti des travailleurs.
Ce Comité dont font partie les organisations dans lesquelles Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON et Gérard DJOSSOU sont des responsables, a eu la joie de voir intervenir, le jeudi 17 décembre dernier, la libération de ces deux responsables arbitrairement arrêtés.

C’est pourquoi :

1°) Nous tenons à vous informer que Mme Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON et Mr. Gérard DJOSSOU nous ont chargé de vous remercier vous, journalistes et médias audiovisuels, presse écrite et en ligne pour tout ce que vous avez fait pour leur libération.

2°) Nous voudrions ensuite vous faire le point sur la situation des autres détenus actuellement incarcérés pour des raisons politiques au Togo.
Leur tableau se présente comme suit :

2.1. Le prophète Esaïe, arbitrairement arrêté et détenu pour délit d’opinion ;

2.2. GOMA Abdel Aziz, irlandais d’origine togolaise et ses 15 codétenus, arrêtés du 19 au 21 décembre 2018, lors des élections législatives du 20 décembre 2018 :

1. ALLES Atti

2. KONDODUFIA Djibril

3. DJERI Nouroudine

4. ISSA YOUSSIF

5. BANAWEI BALA

6. KARROU WAWIM

7. YAYA Soulémani

8. ISSA SALIOU

9. FOFANA NAFIOU

ADAM LATIF

ALI AGBO MARZOUK

YOUSSIF ALI

YACOUBOU BILALI

BOUKARI DJOBO

MOHAMED SOULEMANE

2.3. Les personnes arrêtées dans l’affaire dite « Tiger Revolution » et dont certains sont membres ou sympathisants du PNP. Pour ce groupe de 62 personnes initialement arrêtées et dont la plupart ont été affreusement torturées à l’ANR et au Camp des gardiens de préfecture, on compte :

8 personnes de fait condamnées à mort car décédées en détention dont 4 au Camp des gardiens de préfecture, 3 au pavillon militaire et 1 à la Prison civile de Lomé dont :
*Moussa Saïbou

Issaka Alassani

Ouro-Djifa Moutawakikou

Tairou Mourane

Alilou (mort dans sa cellule à la Prison civile de Lomé)

48 personnes qui continuent d’être actuellement détenues sans jugement :
1-OUATTARA ABDOUL-FADEL, artiste engagé, né le 12 mai 1994, arrêté le 25 novembre 2019
26-SIDI TOURE ABDOULAYE, né en 1984, arrêté le 7 décembre 2019

2-FOUSSENI MOUSSA
27-ADRIGNA RACHID, né le 21 octobre 1995, arrêté le 10 décembre 2019
3-KPADJA MOUTADIOU
28-TCHAGNAO ABOUBAKAR, né en 1996, arrêté le 4 novembre 2019
4-FOFANA BABA-SANI
29-Inoussa Housseni, né en 1992, arrêté le 10 décembre 2019
5-ALASSANI MOUTALA, né en 1986, arrêté le 29 novembre 2019
30-TRAORE FOUSSENI Alpha Soudou, né en 1980, arrêté le 23 décembre 2019
6-ABEVI ABDOUL-RAZAK, né le 22 juillet 1975, arrêté le 5 décembre 2019
31-TCHABANA MOUNIROU, né le 18 juillet 1974, arrêté le 18 décembre 2019
7-SEBABE ESSO Baba Daro, né le 21 mars 1983, arrêté le 30 novembre 2019
32-IDRISSOU AMIDOU dit Kinaou
8-ALI AMEDJOA ABOUDOU Kérim, né le 31 décembre 1985, arrêté le 28 novembre 2019
33-DJOKOTO KOMLAN VICTOR, né le 21 juillet 1992, arrêté le 6 décembre 2019
9-ISSAKA GANIOU, né le 26 mars 1981, arrêté le 26 novembre 2019
34-SEKOU Kossi, né en 1998, arrêté le 11 décembre 2019
10-SALIFOU MOUSTAFA, né le 9 juillet 1979, arrêté le 28 novembre 2019
35-KALAMBANI AFISSOU, né le 31 décembre 1993, arrêté le 26 novembre 2019
11-ATTI RAZAK, né en 1995, arrêté le 2 décembre 2019
36-TCHATAKORA ABOUDOU-BAKI, né le 23 août 1983, arrêté le 5 janvier 2020
12-OURO-GOUNI MOUTALA
37-TAGBA DJAFAROU, né le 6 octobre 1981, arrêté le 23 novembre 2019
13-Ouro-Longan Abdel, arrêté le 25 novembre 2019
38-OURO Atchounou OUSMANE, né le 31 décembre 1986, arrêté le 23 novembre 2019
14-ALASSANI AWALI, né le 8 août 1994, arrêté le 25 novembre 2019
39-BOURAIMA KAMILOU, né le 22 février 1981, arrêté le 16 janvier 2020
15-DOUMASSI YAO, arrêté le 28 novembre 2019
40-TCHATIKPI ABOUBAKAR
16-KONGOYOU ROUFAÏ, dit One day, né en 1965, arrêté le 1er décembre 2019
41-ZAKARIYAO ABDEL-HAMID
17-KERIM GAFAROU, né le 31 décembre 1991, arrêté le 29 novembre 2019
42-TCHAWISSI RAFIOU, né en 1990, arrêté le 24 novembre 2019
18- ABOUBAKAR NAZIF, né le 6 juillet 1986, arrêté le 28 novembre 2019
43-Zayini Kassimou, arrêté le 24 novembre 2019
20-AZOUMA FOUDOU, né le 10 juillet 1981, arrêté le 5 décembre 2019
44-ADAM ABDOUL-MANAF, né en 1978, arrêté le 4 février 2020
21-OURO-GNAO BASSIROU, né le 28 septembre 1990, arrêté le 3 décembre 2019
45-KORIKO NOURIDINI, arrêté le 31 décembre 2019
22-AGOKPA EZI, né le 7 janvier 1973, arrêté le 4 décembre 2019
46-OURO MO ABDOU RAHIM, né en 1977, arrêté le 5 février 2020
23-Djima Massahoudou, né en 1982, arrêté le 3 décembre 2019
47-ALIDOU ALASSANI, né en 1985, arrêté le 25 janvier 2020
24-KELIBA AMADOU KASSIMOU, né le 4 avril 1975, arrêté le 6 décembre 2019
48- TRAORE Leyla, une femme
25-BOUKARI GAWILOU, né en 1981, arrêté le 6 décembre 2019

deux personnes libérés entre-temps :

ABRAOU Samer, coach de l’équipe Sémassi de Sokodé ;

ABRANGAO YOUSSAOU, né en 1983, arrêté le 21 janvier 2020.

2.4. 2 personnes jugées et condamnées en 2018 à des peines d’emprisonnement de 4 et 5 ans pour « trouble à l’ordre public » :

ADADE Henri, militant de l’UDS-Togo, arrêté à Gbossimé en novembre 2018 et condamné à 4 ans d’emprisonnement pour avoir participé à une manifestation de l’opposition ;

ANOUMOU Charles, sans affiliation politique, arrêté à Agoè en décembre 2018 et condamné à 5 ans d’emprisonnement pour avoir participé à une manifestation de l’opposition.
Tous deux sont toujours maintenus en détention alors que la feuille de route de la CEDEAO, qui prescrivait leur libération, ne leur a pas été appliquée, comme cela a été le cas pour d’autres activistes politiques parmi lesquels Foli Satchivi, condamné à deux ans mais libéré sans avoir purgé l’intégralité de sa peine.

Nous exigeons la libération inconditionnelle et immédiate de tous ces prisonniers politiques car arbitrairement arrêtés et détenus pour des raisons politiques.

3) Nous voudrions enfin saisir l’occasion de cette conférence de presse pour lancer un cri d’alarme sur le niveau inquiétant qu’atteint aujourd’hui l’instrumentalisation de la Justice togolaise et appeler l’opinion publique à travers vous, journalistes, à la mobilisation pour enrayer cette dérive de cette importante institution qui porte gravement atteinte aux droits des citoyens. Cela, à travers la remise en cause de la règle intangible de la séparation des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) qui est à la base de toute République et donc tout état de droit.

Nous citerons, à titre d’illustration, ces quelques manifestations de ces dérives à la lumière des affaires suivantes :

3.1. L’arrestation arbitraire de Gérard DJOSSOU et Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON ;

3.2. L’arrestation arbitraire du prophète Esaïe pour cause d’un délit d’opinion qui devient une affaire pénale ;

3.3. L’impunité couvrant tous les cas d’assassinats par les forces de l’ordre notamment ceux d’enfants lâchement tués, affaires criminelles pour lesquels soit la Justice ouvre une enquête qu’elle ne ferme jamais sans qu’on sache jusqu’à ce jour où en est la procédure, ou refuse de s’autosaisir :

assassinat du jeune Moufidou ;

assassinat de Jojo Zoumekey ;

assassinat de Rachad Agrignan Maman ;

assassinat d’Abdoulaye Yacoubou ;

assassinat de Mohamed ;

assassinat de Dodji à Adakpamé lors du couvre-feu

assassinat du Colonel Bitala Madjoulba,

disparition de Faré Djawe, gendarme disparu à Kara en août 2020 que le régime prétend qu’il a déserté, ce que dément sa famille sur laquelle s’exerce des pressions pour la réduire au silence ; etc.

Pourtant, la même Justice fait preuve d’un zèle incompréhensible à se saisir des dossiers qui lui sont désignés par le pouvoir politique et mettant en cause les adversaires du régime en place auxquels on empêche l’expression de toute voix dissidente au moyen d’accusations fantaisistes à toutes occasions (interdiction de réunions, de meetings et de manifestations, répression à l’occasion des élections, etc.)

3.4. Affaire dite du pétrolegate ;

3.5. Affaire de l’incendie criminelle des Grands Marchés de Lomé et de Kara ;

3.6. Plaintes déposées par les organisations de défense des droits de l’Homme sur les massacres de 2005 et jamais instruites jusqu’à ce jour malgré le paiement de la caution exigée, alors que le juge d’Atakpamé qui voulait s’occuper de ce dossier a été muté sur Lomé.

Nous appelons fermement à ce que cesse cette instrumentalisation de la Justice contre laquelle nous sommes désormais déterminés à mener une campagne systématique de dénonciation.

Et nous vous invitons, mesdames et messieurs les journalistes, à poursuivre les recherches et investigations de votre côté sur tous ces dossiers pour dénoncer tous ces cas d’instrumentalisation de la justice qui bafouent les droits des citoyens togolais.

D’avance merci.

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