90 % DE REVENUS PÉTROLIERS EN CÔTE D’IVOIRE PROFITERONT AUX ÉTRANGERS
Après quelques années d’exploration, Eni permet à la Côte d’Ivoire de compter sur son secteur pétrolier, pour doper les ressources publiques. Mais il faudra négocier dur pour permettre au pays du cacao de tirer le maximum de sa ressource.
Le groupe énergétique Eni, dont le gouvernement d’Italie est le premier actionnaire avec une participation de 31,3 % a annoncé avoir réalisé une découverte majeure de pétrole et de gaz naturel, en eaux profondes au large de la Côte d’Ivoire. Un évènement majeur pour ce producteur marginal dont les activités en amont souffrent du manque de dynamisme.
Il s’agit d’une découverte de pétrole léger opérée sur le puits Baleine-1x du prospect Baleine situé sur la licence CI-101 du prolifique bassin de Tano, qui abrite de nombreuses découvertes majeures, déjà en production du côté du Ghana voisin. En plus du brut léger, le forage du puits Baleine-1x a permis d’intercepter un important volume de gaz associé.
La fiche technique de la découverte indique que les activités de forage se sont prolongées sur une profondeur de 3 445 m en 30 jours, dans des profondeurs d’eau de 1 200 mètres. Le réservoir du fluide de température 40 ° API, a été intercepté dans deux colonnes stratigraphiques différentes.
« Le potentiel de la découverte peut être estimé de manière préliminaire entre 1,5 et 2 milliards de barils de pétrole en place et entre 1,8 et 2 Tcf de gaz associé », peut-on lire dans le communiqué publié en fin de journée du 1er septembre 2021.
Pour évaluer le potentiel de la découverte et de l’ensemble de la structure qui se prolonge dans le bloc adjacent CI-802, la société va lancer un programme d’évaluation au cours des prochaines semaines. Cela permettra de mener des études pour un développement accéléré de la découverte Baleine.
En cas de confirmation des données post-forage, la Côte d’Ivoire pourrait doubler, voire tripler sa production pétrolière qui tourne autour de 35 000 barils par jour actuellement.
C’est un retour gagnant pour le groupe énergétique qui est revenu en Côte d’Ivoire en 2015, après y avoir travaillé entre 1960 et 1980. Le bloc CI-101 objet de la présente découverte, lui a été attribué à la fin du premier trimestre de 2017 au même moment que le bloc CI-205. Eni est présente aussi sur d’autres sites d’exploration proches de celui de la découverte.
En Côte d’Ivoire on se réjouit déjà de cette évolution des choses. Le ministère en charge du Pétrole a salué une découverte qui viendra « accroître les réserves prouvées » du pays en hydrocarbures. Au cours actuel du baril de Brent qui est de 71 $, la valeur brute de la découverte hors décote potentielle se situe entre 106,5 et 142 milliards de dollars pour ce qui est du pétrole. La valeur des découvertes de gaz naturel peut valoir jusqu’à 25 milliards de dollars au prix actuel du marché.
Je me réjouis de cette importante découverte de pétrole brut et de gaz naturel dans le bassin sédimentaire de notre pays.
De belles perspectives pour la production pétrolière et gazière dans les années à venir.
La question reste de savoir quelles seront les retombées pour la Côte d’Ivoire. Eni contrôle 90 % du bloc, contre 10 % pour Petroci Holding qui représente les intérêts du gouvernement.
Conformément au code pétrolier de 2012, la part de pétrole qui reviendra à l’Etat de Côte d’Ivoire comprend outre les parts de profit-oil de la Petroci Holding, l’équivalent des bénéfices industriels et commerciaux du partenaire opérateur, les taxes d’exploitation pétrolière et les bonus de production.
Olivier de Souza