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OBIANG NGUEMA ET ALI BONGO PARLENT DE LA FIN DU FRANC CFA

«Il y a des problèmes pour lesquels des décisions sont difficiles à prendre. C’est le cas de notre monnaie. Nous avons appris que l’Afrique de l’Ouest va peut-être changer sa monnaie, mais ici en Afrique centrale, on a déjà échangé nos points de vue [sur le sujet]. Mon point de vue est que nous devons négocier préalablement avec la France pour lui présenter certaines difficultés que nous rencontrons en relation avec la couverture qu’elle fait de notre monnaie, plutôt que de se lancer dans un processus de changement de cette monnaie. D’autant plus qu’il ne s’agit pas seulement du changement du nom de la monnaie, mais de la nécessité d’avoir une monnaie forte, qui peut rivaliser avec les autres économies, » a déclaré le président équato-guinéen Obiang Nguema lors de sa visite au Gabon le 12 juillet.

L’information fait une chevauchée à la vitesse d’ébola et alimente tous les fantasmes dans les réseaux sociaux: Obiang Nguema a décidé de quitter le franc CFA! On lit avec gourmandise le texte savoureux et on l’avale comme un gâteau: “C’était lors d’une réunion des hauts responsables du gouvernement que le chef d’État équato-guinéen a fait une annonce(…) À l’horizon 2025, un programme de développement devrait permettre au pays d’atteindre le seuil de l’émergence, mais la monnaie actuelle du pays qu’est le franc CFA serait un frein à ces objectifs. Une nouvelle monnaie qui s’appellerait MAL serait donc en projet pour remplacer le CFA, la seule monnaie coloniale toujours en activité aujourd’hui(…)La Guinée ne se voit plus trop dans cette politique de parrainage colonial et voudrait donc prendre son destin en main”, repend-on en choeur sur des sites  sans vérifier la source.

L’an dernier, plusieurs sites avaient annoncé que le président équato-guinéen avait annoncé la sortie de son pays du franc CFA. Pendant qu’on était  est entrain d’applaudir Obiang Nguema Mbazogo comme la nouvelle star aux oscars des présidents panafricanistes pour cette décision souverainiste fracassante, cette information avait été démentie par la Banque des États de l’Afrique Centrale. C’était une machination  montée de toutes pièces par les contrebandiers de la communication politique démagogique pout faire le buzz et relustrer l’image d’Obiang Nguema.

Ancienne colonie espagnole devenue indépendante en 1968, la Guinée Équatoriale utilisait déjà  sa propre monnaie appelée Peseta guineana. Puis, elle s’est dotée d’Ekuele comme monnaie entre 1975 et 1980, laquelle est devenue Epkwele de 1980 à 1985. Pays exportant exclusivement le cacao (36 000 tonnes ) et le bois dans les années 70, la Guinée équatoriale a pris un virage à 180 degrés en direction  de la zone franc CFA le 1er janvier 1985, après que les réserves de pétrole et de gaz aient été découvertes par Total SA, une entreprise pétrolifère et gazière française qui va commencer l’extraction en 1996. Troisième producteur continental du pétrole, surnommé le Koweït africain, le pays du pétrodollar Obiang Nguema dont 88% de la population ne s’exprime qu’en espagnol, a fait un retourné acrobatique à la Ronaldo, pour retomber en pleine lucarne dans les filets du franc CFA ( franc des Colonies Françaises d’Afrique). Et quand la tempête du Front Anti Franc CFA s’est levée dans la zone CEMAC , Obiang Nguema a couru sous le parapluie de Paris en 2016,  pour dire que le franc CFA était le meilleur abri pour son économie. Le franc CFA pour lui, c’est à vie.

Certains pays ont décidé d’abandonner le franc CFA  lors de l’obtention de leur indépendance ou après, à l’instar de l’Algérie (1963), le Maroc (1959), la Tunisie (1958), la Mauritanie(1973), Madagascar(1973), la Guinée (1958), l’ex- Indochine (Cambodge, Laos, Viêtnam) en 1954. 《 Nous n’avons pas la prétention de donner des leçons à qui que ce soit. Quitter le Franc CFA, c’est un choix que nous avons fait en 1973. C’est un choix qui se justifiait parce que la Mauritanie était un pays naissant qui avait l’ambition de prendre en main sa propre destinée c’est-à-dire de mener sa propre politique monétaire. C’est donc le choix d’un pays souverain dans ce domaine (…)En tout cas, nous avons fait ce choix et nous ne le regrettons pas》 avait soutenu Abdel Aziz Ould Dahi,  gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie.

Les pays qui ont abandonné le franc CFA ne sont pas les derniers de la terre comme les pays francophones et particulièrement ceux de l’Afrique centrale   qui  sont restés attachés comme des bébés à la France .  Le Nigéria, pays anglophone utilisant sa propre monnaie, demeure le premier partenaire commercial de la France en Afrique.

Pendant ce temps, le Mali, après avoir quitté le franc CFA en 1962, est revenu en courant pour  réintégrer ce clan des pays pauvres et très  endettés en 1984. Idriss Déby, Obiang Nguema ne font que piailler. Paul Biya, lui, se vante même d’être le meilleur élève de la France . Comme s’en moquait Emmanuel Macron: 《 Si on ne se sent pas heureux dans la zone Franc, on la quitte, et on crée sa propre monnaie, comme l’ont fait la Mauritanie et Madagascar. Si on y reste, il faut arrêter les déclarations démagogiques faisant du Fcfa le bouc émissaire de vos échecs politiques et économiques, et de la France la source de vos problèmes 》.

J. RÉMY NGONO

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