PATRICE TALON SUR LES PAS DES VRAIS DICTATEURS
Après avoir cadenassé les dernières élections, assigné en résidence son prédécesseur Boni Yayi, Patrice Talon vient de faire éliminer un autre grand rival de la course à la présidence. Vendredi, Lionel Zinsou a été condamné et privé d‘élections pour les 5 prochaines années.
En sus de ces 5 ans d’inéligibilité, le finaliste malheureux de la présidentielle de 2016 au Bénin écope de six mois d’emprisonnement avec sursis.
Lionel Zinsou, ancien Premier ministre qui vit en France, a été condamné “à cinq ans d’inéligibilité pour toutes les élections à venir en République du Bénin, à six mois d’emprisonnement assorti de sursis”, a déclaré une source du tribunal de Cotonou qui l’a jugé.
Il est accusé d’avoir masqué ses dépassements de compte de la campagne électorale de 2016 en utilisant de “fausses attestations ou un certificat falsifié”, note cette source.
Contacté par RFI, Lionel Zinsou dénonce cette justice politique : « Je ne peux pas vous dire que d’aucune manière cela me paraît normal et juste, mais j’ai été tellement prévenu que ça allait arriver, je crois que j’ai été prévenu avant les juges. Comme c’est un procès en citation directe, je n’ai jamais été mis en examen, il n’y a pas eu d’instruction. Et ma défense s’est élevée contre le fait que je suis accusé d’un faux, une fausse déclaration de comptes de campagne, mais ce faux n’a jamais été produit ni au tribunal ni à ma défense. »
Il poursuit ajoute même qu’il avait été prévenu de sa condamnation six mois avant : » On est dans une procédure pénale dans laquelle ni le tribunal, ni la défense, n’ont les pièces qui sont incriminées de faux. Mais on m’a prévenu six mois à l’avance, qu’après les législatives sans opposition, on préparait une présidentielle au Bénin en 2021 sans opposition. Donc j’ai connu le jugement bien avant le délibéré, bien avant l’audience parce que le pouvoir exécutif m’avait fait prévenir : « N’élaborez pas des plans sur la comète, vous serez inéligible ». »
De nombreux observateurs locaux et internationaux dénoncent régulièrement un tournant autoritaire du président Patrice Talon, élu en avril 2016, dans un pays réputé pour être un exemple démocratique en Afrique de l’Ouest.