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MONSIEUR BIYA, LIBÉREZ! LES TROUPES ÉTRANGÈRES SONT AUX PORTES DE VOS FRONTIÈRES

Lettre ouverte à un vieux tyran , abandonné par les siens .

Monsieur le Président illégitime.

Permettez – moi d’attirer votre attention sur les faits suivants :

Le palais que vous occupez indûment , au seul moyen de la force armée , porte le nom de Palais de l’Unité .

Il a été voulu par votre prédécesseur, Ahmadou Ahidjo , dont la seule évocation du nom vous met dans tous vos états , et pourtant l’homme qui vous a mis le pieds à l’étrier , après vous avoir pris sous son aile pour faire de vous , de ce que vous êtes devenu , comme symbole et ferment de l’Unité nationale .

Unité nationale , qui tenait presque lieu d’idéologie à votre prédécesseur, qui conscient du tort qu’il avait lui – même causé à nos pères fondateurs , en se prêtant au jeu des colons , parce que rongé par des remords infinis , avait au soir de sa vie voulu en guise de contrition , rassembler ses compatriotes autour de l’idée , de l’appartenance à une communauté de destins .

Du palais de l’unité , vous avez fait un véritable haut lieu de désunion nationale .

Un fort et un réduit imprenables, où ont court des actes maléfiques et autres rites diaboliques et sataniques , de la Franc-maçonnerie et de la Rose – croix , auxquels se mêlent des rituels de sorcellerie conjuguée à l’anthropophagie.

Or , vous avez entrepris de patiemment, sûrement , méthodiquement et systématiquement , tout détricoter depuis votre accession à la magistrature suprême, dans les conditions que nous savons tous , c’est-à-dire par un acte fondateur illégal , du seul fait du prince , puisque même si pour le néophyte, vous bénéficiez en surface d’une disposition constitutionnelle de l’époque , cette succession était d’emblée frappée du sceau de l’illégalité.

Car , même si la révision constitutionnelle survenue en 1979 , ne prévoyait plus une période d’intérim de cinquante jours au plus , gérée avant la tenue d’une nouvelle élection , par le président de l’Assemblée nationale “ en cas de vacances de la Présidence pour décès , démission ou empêchement définitif constaté par la Cour suprême “ une disposition de la même constitution, dont vous dites tenir votre source de légitimité originelle , notamment en son article 2 , stipulait que : “ Les autorités chargées de diriger l’État tiennent leurs pouvoirs du peuple par voix d’élection au suffrage universel direct ou indirect . “

Vous preniez donc , Monsieur le Président illégitime, délibérément des libertés avec la vérité historique , lorsque vous déclariez , répondant à un journaliste de France 2 , au cours de la conférence de presse , conjointe avec François Hollande le 3 juillet 2015 , que nous n’étiez pas “ arrivé au pouvoir de façon dictatoriale “ .

Permettez – moi , de vous dire que c’est justement tout le contraire . D’ailleurs , vous en avez vous – même fait l’aveu , au cours de la même conférence de presse , sans doute par un sursaut de votre subconscient en disant : “ Ne dure pas au pouvoir qui veut , mais dure au pouvoir qui peut . “

Votre accession à la magistrature suprême de notre pays , est fondée sur le seul fait du prince , en contradiction et même violation des dispositions de notre loi fondamentale de l’époque . Comment dès lors , pouvons – nous , sérieusement nous attendre de votre part , à l’application et au strict respect des lois , alors même que votre propre légitimité est fondée sur un acte de non droit ?

Monsieur le président illégitime, à votre décharge , je dois à la vérité de reconnaître que vous n’avez pas seulement usé de la force armée et illégitime, pour vous imposer et vous maintenir au pouvoir , mais avez aussi abondamment fait appel à la fraude électorale massive , et de façon constante .

Au début de mon propos , Monsieur le Président illégitime, je vous faisais observer que , succédant à votre prédécesseur , que vous avez réalisé l’exploit de faire regretter aux camerounais, malgré la terreur de son règne , vous avez entrepris de tout détricoter, de l’héritage qu’il vous avait légué .

En effet , même si on disait du Cameroun sous votre prédécesseur, que ce fut une prison à ciel ouvert , et que sa gouvernance était émaillée par le dirigisme , le règne du clientélisme et de la terreur , cet aspect des choses , avait de l’avis de tous les partenaires occidentaux du Cameroun , été largement contrebalancé par sa volonté sincère de bâtir le pays .

Du fait de son programme , dit de développement auto-centré, il avait valorisé les resources locales , et ne faisait que très peu appel aux capitaux étrangers .

À la faveur des plans quinquennaux , que vous connaissez bien , pour avoir été longtemps à ses côtés , il avait mis en place un libéralisme planifié , et c’est pour cela qu ‘il avait accordé la priorité à la construction d’infrastructures , des routes , des écoles , des chemins de fer , des hôpitaux , des universités et des grandes écoles .

Ahidjo , par sursaut de patriotisme , sentiment qui semble inexistant chez vous , avait quitté le capital de la compagnie aérienne panafricaine Air Afrique en 1971 , pour doter le pays de sa propre compagnie , la Camair que vous avez précisée vers la banqueroute.

Devenu , un des plus importants exportateurs mondiaux de café et cacao , le Cameroun avait non seulement atteint son autosuffisance alimentaire, mais exportait aussi des produits alimentaires en direction d’autres pays de la sous – région . Quand votre prédécesseur quittait le pouvoir , le Cameroun frôlait des taux de croissance annuelle de 13% .

Monsieur le président illégitime, ce serait une palissade de ma part , c’est-à-dire enfoncer des portes largement ouvertes , de dire , que depuis votre accession à la magistrature suprême, vos priorités qui peuvent se résumer en la conservation de votre pouvoir personnel,et à l’organisation de votre sécurité, et celle de votre famille , sont à l’exact opposé des préoccupations quotidiennes de l’écrasante majorité de vos compatriotes, qui survivent avec l’équivalent de moins d’un euro par jour .

Ah ! J’oubliais presque , que comme le vous dites souvent dans des cercles privés , l’Etat c’est vous ! Et vous l’avez du reste , très bien résumé en ce jour de 1987, ou fait rarissime , daignant descendre de votre piédestal , et accordant une interview au journaliste Éric Chindje vous disiez : “ Monsieur Éric Chindje , je peux opiner de la tête et vous n’êtes plus rédacteur en chef de la CTV. “

N’aimant uniquement du pouvoir , que son aspect strictement protocolaire et jouissif , vous donnez la très nette impression , de vous désintéresser complètement de ce que pense de vous , vos concitoyens, auxquels vous ne vous adressez presque jamais , hormis quelques allocutions mécaniques , pré- enregistrées à l’occasion des commémorations nationales .

Sous votre règne , et du fait de mauvaise gestion , ou plus exactement votre incompétence et votre désintéressement ( Jacques Foccart , écrit dans ses mémoires, que vous êtes un président fuyant , qui ne suit pas les affaires de l’Etat ) , plusieurs banques ont fait faillite , et des entreprises publiques et parapubliques , qui vous servait comme instrument de clientélisme ont fermé boutique .

De votre propre initiative, vous êtes unilatéralement revenu sur l’appellation de République Unie du Cameroun, qui donnait encore le sentiment et ’impression à nos concitoyens d’expression anglaise , d’appartenir à la communauté de destins avec les francophones , et provoqué un énorme malaise qui fait vaciller aujourd’hui , les fondements mêmes du tissu social national, et de la paix civile . C’est l’existence même de notre nation , qui est désormais en jeu .

En guise de réponse à tous ces défis , vous réagissez par la répression armée , et l’instrumentalisation de la justice aux fins autres , dont a vocation cette noble institution .

Le 6 septembre , dans une fuite en avant forcenée, vous allez procéder à une grossière parodie judiciaire , pour tenter de masquer et de camoufler le désaveu que vous ont infligé les camerounais, le 7 octobre 2018 .

Monsieur le président illégitime, on ne règle pas un problème politique , ou plus exactement un différend électoral , devant une juridiction d’exception, qu’est de fait le tribunal militaire, dernier vestige de l’arbitraire hérité de l’administration coloniale . Ce machin , et vous le savez aussi bien que les camerounais , est une chambre d’enregistrement de vos diktats et desiderata , et est incompétent pour statuer sur des questions d’ordre constitutionnel.

Il n’est pas encore tard , Monsieur le Président illégitime, pour enfin vous montrer raisonnable , et de sortir par le haut de cet imbroglio dans lequel vous vous êtes mis tout seul , et le pays avec .

Il n’y a aucune honte à avoir , à changer d’avis lorsqu’on s’aperçoit qu’on s’est trompé .

Ce n’est sûrement pas un ancien séminariste, que j’apprendrais la locution latine suivante, souvent attribuée à Seneque , auquel elle semble pourtant antérieure! : “ Errare humanum est , perseverare diabolicum “. “ L’erreur est humaine . Persévérer dans son erreur est diabolique . “

Il n’y a que les imbéciles, Monsieur le Président illégitime, qui ne changent jamais d’avis .

Défaites – vous donc du carcan et des chaînes de vos mauvais génies et courtisans , et faites pour une fois ce qui est juste .

Libérez immédiatement et sans conditions, les détenus politiques, tous les détenus politiques, y compris ceux embastillés au prétexte fallacieux de la lutte contre la corruption , et asseyez – vous autour de la même table . La paix civile dans notre pays , est à ce prix .

L’histoire vous en saura gré . Vous abrégerez ainsi les souffrances du pays tout entier , et redonnerez une autre perspective à vos compatriotes .

Acceptez la main tendue au dialogue , et ne laissez pas s’ouvrir ce procès de la honte . Notre pays , déjà une risée aux yeux du monde entier , ne s’en remettrait pas .

Des troupes étrangères, pour l’essentiel émanant des pays que vous prenez pour vos amis , sont stationnées aux portes de nos frontières. De Gaulle , souvenez – vous , disait : “ La France n’a que les amitiés de ses intérêts . “ Monsieur le Président illégitime, l’homme prudent voit le mal de loin , comme dirait l’autre

Aucun de nous , je vous prie de le croire , n’a d’interêt , malgré de nombreuses souffrances , que vous faites infliger à notre peuple à vous voir comme naguère Saddam Hussein en Irak , autrement mieux armé et protégé que vous , être tiré d’une cachette artisanale comme un vulgaire rare d’égouts au terme d’une débâcle militaire inévitable.

Monsieur le président illégitime, je vous prie de prendre ces avertissements très au sérieux . Car , si vous n’agissez pas très rapidement , afin de régler cette affaire entre camerounais, vous risquez très bientôt d’avoir une fin tragique et identique , sinon pire, à celle de votre mentor Mobutu , l’homme auquel vous devez la création du BIR , votre garde prétorienne qui ne pouvait pas vous sauver de la puissance de feu 🔥, qui se prépare contre vous .

Il faut parfois quitter la table , avant qu’elle ne soit desservie , car ce qui se prépare contre vous n’est pas bon , et vous risquez de passer Noël de façon très déplaisante. Nous le souhaitons guère , du fait de votre âge d’abord, et en raison de la fragilité de votre santé ensuite …

“ Accorde – toi vite avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui , pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge , et le juge au garde , et qu’on te jette en prison . Amen , je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou . “ Mathieu 5, 20-26 .

Jean-Pierre Du Pont

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