PAUL BIYA ET LES FÉTICHES : TORTUES, PEAUX DE SERPENTS, PANTHÈRES, VIERGES…
Le syndrome monarchique.
Après l’humiliante raclée , que les activistes camerounais ont infligée au roi fainéant à perpétuité, lors de son séjour mouvementé en Suisse , d’où il a été expulsé sans ménagement , ni égards , les chefs traditionnels prébendiers et sardinards en puissance, en sont réduits à maudire l’opposition en exil .
Conscient de ne détenir aucune légitimité, le tyran camerounais avait dès le début de la défiance de son pouvoir personnel, pris soin , vers la première moitié des années 1990, de se faire nommer à titre honorifique, chef coutumier dans toutes les chefferies traditionnelles du pays .
Passé par les rites initiatiques , les anciens lui avaient ensuite octroyé le droit , moyennant fortes prébendes , de prendre place qui sur la peau de panthère , qui sur la peau du lion , qui sur celle de léopard et dans certains cas , sur cla peau de python même !
Dès son accession au pouvoir , encouragé par son alors ministre et ami , Ibrahim Mbombo Njoya , futur Sultan des Bamouns, et actuel Sénateur RDPC , Paul Biya a veillé à se faire accepter et adouber , par tous les chefs coutumiers du pays des Lions Indomptables. Cette forte proximité, avec la notabilité , contribuera des décennies plus tard , a creuser un fossé immense et incomblable , entre les chefs coutumiers , les élites et les populations .
Nous allons assister , à un divorce et dans certains cas à une défiance des populations, à l’égard de l’autorité traditionnelle, comme on a pu le voir à Foumban , où le peuple est divisé entre partisans du roi , et ceux du Dr Adamou Ndam Njoya .
Cette appropriation, ou plus exactement captation du pouvoir coutumier , à travers laquelle le dictateur s’est indûment arrogé les attributs du pouvoir sacré, est perçue chez des hommes restés intègres , comme une usurpation grandeur nature , et véritable insulte à la mémoire des ancêtres disparus .
Ce fils de catéchiste, qui par sa naissance , n’est absolument pas de rang ou sang princier , a à force d’imposture , fini par se prendre au jeu , et à se considérer comme l’alter égo de ces dignitaires coutumiers .
Paul Biya , qui dans son subconscient , se considère à force de mimiques et d’illusions comme le chef des autres chefs coutumiers, leur attribue une délégation de pouvoirs et de prérogatives, sur le mode de l’administration qui se faisait sous la colonisation britannique, c’est-à-dire le “ Indirect rule “ .
Tant que ces messieurs , lui marquent allégeance, il tient grand compte , de leurs avis dans toutes les décisions de la vie nationale du pays . Il a d’ailleurs fait de certains , des sénateurs . Il les reçoit volontiers en audience privée, fait semblant de leur accorder des égards , et leur offre de certains avantages matériels , comme des voitures 4*4 tout terrain , et dans certains cas des camions .
Avant de convoler en justes noces , avec la belle Chantal , il n’était pas rare qu’un de ces chefs traditionnels, propose au “ Ngomgui” , une belle dulcinée vierge , sur laquelle exercer son droit de cuissage ou de préemption.
Ainsi de cette mystérieuse héritière, de la dynastie Bamoun , qui découvrit un jour les charmes de l’intimité présidentielle au sein du mythique palais construit par le roi Njoya . Ou encore , de cette autre belle aux bois dormants , de la chefferie Bandjoun, dont l’entregent fut assuré par le milliardaire et copain du tyran , Victor Fotso . À noter , que ce dernier est avec l’actuel Sultan des Bamouns, la seule personnalité chez qui le président camerounais, ait jamais eu à passer la nuit au Cameroun , depuis son accession à la magistrature suprême en 1982 .
Ces chefs traditionnels, ont partie liée avec lui et son pouvoir personnel . Leurs sorts sont dès lors intimement liés , et tout ce qui menace la pérennité de son pouvoir , où sa vie , les inquiète et est de nature à leur faire perdre le sommeil et l’appétit . C’est donc tout naturellement, qu’ils ont perçu l’humiliation planétaire de leur complice objectif , comme la leur propre .
Paul Biya , à l’instar des chefs traditionnels, croit dur comme fer au pouvoir de nuisance des fétiches et des mauvais sorts .
Aussi , avant le voyage chaotique de Genève, avait -il reçu l’assurance de toutes ces notabilités, reçues en catimini en audience privée à la présidence, que tout se passerait à merveille . On avait pour l’occasion , sorti la tortue – fétiche du président , sur la carapace de laquelle l’intéressé s’était juché . Et comme l’animal n’avait pas bougé , c’était signe que les oracles donnaient leur feu -vert pour le voyage .
Jean-Pierre Du Pont