ON FERME LES YEUX SUR DES MILLIARDS DILAPIDÉS PAR LES AMBASSADEURS CAMEROUNAIS, MAIS ON FAIT DU BUZZ SUR LEURS MAÎTRESSES

On va finir par croire que les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent ou le sort qui s’abat sur eux. Et pour cause ? :

– Vous réalisez des enquêtes sérieuses, par exemple sur le scandale des résidences de l’ambassadeur du Cameroun en France, solidement étayées par des faits, des confrères réputés sérieux l’esquivent, car elles concernent des personnalités réputées généreuses ou influentes.

– Vous y passez du temps, mettant en lumière le préjudice pour les finances publiques, le gap entre les discours publics et les comportements de nos dirigeants, le gouffre à milliards qui aurait pu permette de construire écoles et centres de santé, équiper des services publics, cela reste « sympathique »…

– Vous alertez sur le coût exorbitant des fonds dépensés par le nouvel ambassadeur du Cameroun en France pour se loger, d’abord dans un hôtel de luxe puis dans un appartement meublé cossu, alors que le Cameroun dispose d’une résidence officielle achetée 3 milliards de F.cfa en 2008 et occupée par un proche du ministre directeur du Cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, cela est encore plus « sympa’ ».

– Vous jetez une lumière crue sur la location d’une résidence provisoire depuis 2016 pour un coût total, incluant l’équipement, de près de 680 millions de Fcfa, alors qu’existe une résidence officielle, location dont le bail vient d’être résilié grâce à votre inlassable veille sur ce dossier, c’est toujours « sympa ».

En revanche, quand surgit une info’ sur le recrutement par l’ambassadeur du Cameroun en France, Alfred Nguini, d’une secrétaire particulière, les mêmes qui fermaient les yeux sur cette enquête, se délectent du partage des photos « photoshopees », d’une plantureuse bimbo, shootee au silicone sur mélanine !!!

Pour eux, sans bimbo, pas de bombe. Il faut donc aller fouiller, comme on remue la merde, dans les méandres de la toile, pour débusquer une photo au parfum de scandale. On tombe donc sur celle d’une Franco-Congolaise, qui invite les plus offrants à la suivre, pour agiter les sens. Pour eux, si un ambassadeur se démène à obtenir un visa professionnel de catégorie D auprès du ministère français des Affaires étrangères pour une dame, ce ne peut être pour « un produit » quelconque, puisque nous sommes à l’heure de la femme-objet. Objet de buzz. Objet des tolis. Objet du Mfugu, la science du kongossa…

Et comme la raison, comme le jour, finit toujours par revenir, après qu’on ait découvert le pot aux roses, en publiant les photos de la « vraie » secrétaire, certains en viennent à se poser les vraies questions :

– l’essentiel n’est-il pas de savoir, selon les textes en vigueur, s’il est permis de loger à Meudon, en région parisienne, une secrétaire, qu’un ambassadeur est libre de recruter au Kosovo ou à Abidjan, aux frais de l’Etat du Cameroun ?

– l’essentiel n’est-il pas que les citoyens veillent à ce qu’un ambassadeur habite la résidence officielle qui lui est destinée plutôt que de dépenser autant d’argent dans les hôtels et appartements meubles au moment où le Cameroun traverse une passe aussi difficile ?

C’est vrai que de telles questions sont moins « bandantes » que les courbes d’une bimbo sur Facebook. Refuser le fond des dossiers pour se contenter des formes…

A. Mounde Njimbam