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577 DÉPUTÉS FRANÇAIS SAISIS POUR LE GÉNOCIDE PERPÉTRÉ PAR PAUL BIYA CONTRE LES ANGLOPHONES

 

25 septembre 2019

Chers parlementaires,
Je tiens ici à apporter une précision par rapport à l’une des déclarations contenues dans mon interpellation citoyenne d’hier 24/09/2019, en faveur d’une commission d’enquête internationale sur le génocide en cours au Cameroun.

Pour cela, vous voudriez bien vous référer à la phrase : « Hélas, nous n’avons pas l’impression d’avoir vraiment été entendu jusqu’à présent, en dépit d’interpellations écrites ou orales de nombre d’entre vous au gouvernement durant des sessions parlementaires ou de façon plus informelle. » La précision utile ici est qu’il ne s’agit pas de n’avoir été entendu par aucun des parlementaires que vous êtes, mais, bien évidemment, de n’avoir toujours pas été entendu par la diplomatie française (par le gouvernement).

S’il est vrai que très peu de parlementaires français ont jusqu’ici pris fait et cause contre la situation sociopolitique qui prévaut actuellement au Cameroun, l’on ne saurait pour autant ignorer les initiatives courageuses, formelles ou informelles, de nombre d’entre vous, comme cela l’a clairement été souligné hier.

On pourrait donc à juste titre rappeler à ce propos, les successives questions écrites ou orales au gouvernement à l’assemblée nationale française, des députés Jean-Paul Lecoq (de la Gauche démocrate et républicaine), Frédéric Reiss (Les Républicains), Pierre-Yves Bournazel (UDI et Indépendants), et plus récemment du député Sébastien Nadot (NI) qui a eu à évoquer dans sa question des cas très précis de graves violations des droits humains dans l’ouest du Cameroun ; violations graves qui au demeurant, dans le contexte sécuritaire qui y prévaut, mériteraient que toute la lumière sur les circonstances qui les entoure soient faites. Il n’y a en effet rien de plus humain que de toujours clairement nommer les victimes – Mamie Appih, âgée de 92 ans, assassinée ; bébé Martha, âgée de 4 mois, assassinée – tel que l’eut ainsi fait Monsieur Nadot (voir Question AN N°20855 du 25/06/2019).

Mais de toutes les interpellations parlementaires susmentionnées, la réponse du gouvernement français est restée constante, et n’eut que très peu varié, notamment au gré de la météo politique internationale sur le Cameroun (résolutions des parlements européens et américains, manifestations pacifiques géantes à Paris et dans les grandes villes d’Europe, le chassement inattendu de M. Biya de l’hôtel Intercontinental à Genève…). La position officielle du ministère des affaires étrangères est demeurée en substance que le gouvernement français soutenait le maintien de M. Biya au pouvoir au nom de la stabilité dans la région tout en le conviant régulièrement au dialogue et à la mise en place de la décentralisation dans son pays.

Le problème est que ce n’est pas la décentralisation le véritable problème au Cameroun, et encore moins la forme de l’Etat, mais c’est bien M. Biya lui-même ! Et voilà qu’au bout de plusieurs mois d’autisme et d’attentisme, lorsqu’il feint enfin d’écouter les conseils de son ami le Président Macron, le Président-patriarche Biya ne le fait en réalité que pour échapper aux accusations de génocide qui pèsent désormais lourdement contre lui.

Or le crime de génocide est un crime imprescriptible devant la justice internationale, et une accusation de génocide ou de complicité de génocide est suffisamment grave pour pouvoir être balayé d’un simple revers de la main par un individu, fusse-t-il un Président devenu un quasi dieu ou encore un dieu-fait-homme devenu président.

A ce jour, les génocidaires nazis allemands et hutus rwandais continuent d’être recherché à travers le monde et poursuivis devant des instances nationales et internationales, pour leurs crimes et actes de génocide posés dans le passé, respectivement sur les populations d’ascendance Juive et Tutsi.

Monsieur Biya n’échappera donc pas à sa responsabilité individuelle dans le génocide en cours au Cameroun sur la minorité anglophone et il y aura toujours au Cameroun, autant qu’en France, des hommes et de femmes épris de paix et de justice pour le souligner à la face du monde.

En toute cordialement.

JSK

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