LES FLAMMES DE LA XÉNOPHOBIE ET DU TRIBALISME AU CAMEROUN
Ça commence à bien faire dans nos villes où ceux que l’on passe très vite pour «autochtones» sont des victimes des représailles xénophobes un peu comme en Afrique du Sud. Comme ça tout de go, « chacun devient responsable du crime d’un membre de la communauté” dans nos villes cosmopolites! Alors, sans avoir volé quoi que ce soi, les commerces des «Bamileke» et «Bamum» ont été saccagés à «Sangmelima la Belle»!
Pourtant, tout est parti d’une scabreuse agression d’un jeune homme de cette localité, et la population en furie voulait brûler vif quiconque a commis ce crime. Sauf que dans cette fureur sous fond de «justice populaire», ce sont plutôt les «ressortissants de la Région de l’Ouest» qui en font les frais des saccages sauvages sous forme de règlements de comptes avec un motif xénophobique inexcusable.
Voilà comment le Cameroun se décompose lentement mais sûrement. Quand on évoque le «fédéralisme des régions», le régime par qui cette violence est arrivée se braque et envoie à la pelle quiconque est favorable au fédéralisme. Le Cameroun doit se réveiller avant que les choses ne s’enflamment davantage!
Laziz Nchare, New York, le 09 Octobre 2019.
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SI UN…
Bamoun t’a fait du mal, tu condamnes tous les Bamoun, est-ce que tous les Bamoun s’appellent Mounde ou sont de Bangourain ?
Un Bulu t’a contrarié, tu condamnes tous les Bulu, est-ce que tous les Bulu sont de Sangmelima ou s’appellent Mvondo ?
Un Bamileke t’a critiqué, tu condamnes tous les Bamileke, est-ce tous les Bamileke viennent de Baham ou s’appellent Ouandie ?
Un Bassa t’a énervé, tu condamnes tous les Bassa, est-ce tous les Bassa mettent les zolos comme Eto’o ou s’appellent Mahop ?
Un Peul t’a rudoyé, tu condamnes tous les Foulbe, est-ce que tous les Fulani sont d’Idool ou s’appellent Bello ?
Un Bafia t’a mal parlé, tu condamnes tous les Bafia, est-ce que tous les Bafia sont de Kiki ou s’appellent Rissouk ?
…. pour paraphraser l’excellent Ndedi Eyango, aède du Makossa, peintre inspiré de nos déviances.
Le jour où chaque Camerounais sera d’abord un citoyen, libre et responsable de ses actes, de son vote, de ses choix et paroles, nous aurons grandi comme peuple.
Le jour où chaque Camerounais jugera l’Autre d’abord sur ses qualités ou défauts et non sur ses origines, nous aurons évolué comme Nation au dessus des mini-nations et replis ethniques, tribaux et identitaires.
Le jour où le nom d’un malfaiteur ne condamnera pas toute sa tribu, d’un criminel ne mettra pas en danger les biens de ses congénères, nous aurons fait un grand pas pour la Raison.
Le jour où les hommes politiques seront d’abord jugés pour leurs idées, parcours, capacité à trouver des solutions et non en fonction des ethnies « tontines » ou des tribus « sardines », de leur autochtonie ou de leur allogènie, du nom de leurs villages et contrées, alors l’ensauvagement et la régression du débat public se consumeront dans les feux de nos brousses.
Il y’a des peuples qui à force de refuser la chance qu’ils avaient d’être ENSEMBLE, ont fini par mourir idiots et disparaître. Ne soyons pas de ceux-là !
A. Mounde Njimbam