LE RÉGIME BIYA SE MET DÉJÀ À GENOUX DEVANT DONALD TRUMP
C’est à travers un message adressé au congrès américain le 31 octobre 2019 que le président Donald Trump avait annoncé sa décision : » A partir de janvier 2020, le Cameroun ne sera plus bénéficiaire des clauses prévues par l’Agoa et sera donc privé de son accès privilégié au marché américain ».
Dans le même message, on pouvait lire que « le Cameroun n’a pas répondu à nos préoccupations concernant les violations persistantes des droits de l’homme commises par ses forces de sécurité. Ces violations comprennent les exécutions extrajudiciaires, les détentions arbitraires et illégales et la torture ».
Comme autre justificatif à cette décision, le président américain avait invoqué la section 104 du texte, qui lui permet de priver un pays des bénéfices de la loi, s’il estime qu’il ne réalise pas de progrès suffisants, notamment dans le domaine du respect des droits de l’homme.
Une décision qui venait s’ajouter à celle de février 2019. Les Etats Unis avaient mis fin à plusieurs programmes d’assistance militaire, pour un montant de 17 millions d’euros.
Après avoir fait semblant de faire la sourde oreille et de mépriser les sanctions américaines, le gouvernement camerounais verse maintenant des larmes et plaide pour que la décision de Donald Trump de suspendre le pays de Paul Biya des accords de l’AGOA, soit levée.
Lors d’une conférence de presse tenue le 18 novembre 2019, René Emmanuel Sadi, ministre camerounais de la Communication et porte-parole du gouvernement , a réagi à la décision prise le 31 octobre 2019 par les Etats-Unis d’enlever, à compter du 1er janvier 2020, le Cameroun de la liste des pays bénéficiaires de l’ AGOA (African Growth and Opportunity Act).
Le gouvernement camerounais reconnaît que, dans la mesure où l’éligibilité du Cameroun à l’AGOA résulte d’une décision souveraine du gouvernement des Etats-Unis, il en va de même pour la décision éventuelle de ce gouvernement de mettre fin à la désignation du Cameroun comme bénéficiaire du présent Acte relevant d’un acte de souveraineté que nul ne saurait remettre en cause.
Le porte-parole du gouvernement camerounais plaide donc auprès du gouvernement américain de réintégrer le Cameroun comme bénéficiaire des accords de l’AGOA, mais plaide non coupable. » Cependant, ce qui est discutable à notre avis, ce sont les excuses et les raisons avancées pour expliquer ou justifier la volonté du gouvernement américain. Il est clair que les raisons avancées pour justifier la décision envisagée par les autorités américaines ne correspondent guère à la vérité des faits sur le terrain. », déclare Emmanuel Sadi.
Sur la même lancée, le porte-parole du gouvernement camerounais retombe dans les travers d’un régime orgueilleux et rebelle. » Ils traduisent à notre avis : soit l’ignorance, soit une mauvaise compréhension de la situation réelle, telle qu’elle a prévalu et prévaut encore dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest , soit un acte délibéré d’ignorance de cette réalité, soit une version des faits contrecarrée par des observateurs malheureux ou par des concitoyens qui ne cachent plus leur complot antipatriotique pour ternir l’image de leur pays, pour partitionner ou déstabiliser le pays, et aussi pour briser les liens amicaux ou de coopération du Cameroun avec ses partenaires extérieurs dont les Etats-Unis d’Amérique », balance Emmanuel Sadi.
La suite de Sadi est sadique. Il attribue tous les actes de barbarie uniquement aux sécessionnistes anglophones. En voici les extraits :
» Depuis l’éclatement de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, tant d’abus et d’infractions insupportables ont été commises non seulement contre des éléments des forces nationales de défense et de sécurité, mais aussi contre des civils, des familles, des citoyens de tout âge et de tout genre.
Il y a aussi des actes barbares et irresponsables de destruction des équipements économiques et sociaux, tels que les hôpitaux, les écoles et bien d’autres investissements à grande échelle qui ont contribué au développement des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, d’une part, et à la création de nombreux emplois et à l’amélioration des conditions de vie des populations, d’autre part.
Évidemment, ce serait vraiment une tâche fastidieuse de rappeler ces nombreuses atrocités. Mais, comment pourrions-nous nous abstenir de mentionner certains des actes haineux perpétrés par ces hordes de sécessionnistes, actes qui nous ont profondément frappés et bouleversés alors qu’ils franchissaient les seuils de l’horreur et de la cruauté ?
Nous pouvons mentionner : La décapitation de Mme Florence Ayafor le 29 septembre 2019, par des hommes prétendant appartenir à une république imaginaire d’Ambazonia ;
L’enterrement d’une femme vivante à Batibo dans la division Momo ;
La découverte macabre, le 20 octobre 2019, du policier Paul Wane, en service dans la ville de Bamenda ;
L’incendie qui s’est déclaré à l’hôpital du district de Kumba, il y a quelques mois, a fait 04 morts et 02 personnes ont été brûlées vives dans leur lit d’hôpital ;
L’incendie enregistré au centre de santé de Tole, dans la région du Sud-Ouest, dans la nuit du 30 au 31 octobre 2019, a causé d’énormes dégâts matériels ;
La création des Villes Fantômes et le boycott des écoles et des hôpitaux, qui privent des centaines de milliers de jeunes Camerounais de l’accès à l’éducation et du droit à l’éducation, ainsi que de l’accès de la grande majorité de la population aux soins médicaux de base.
Tels sont les faits, pour n’en citer que quelques-uns, aussi horribles et nuisibles qu’ils puissent être pour les familles, pour la population. »
À qui s’adresse donc le porte-parole du gouvernement camerounais ? Paul Biya peut-il se passer du dollar américain dans les échanges commerciaux ? Son régime va-t-il survivre au goulot d’étranglement et le chapelet de sanctions de la première puissance du monde? Les larmes ont déjà commencé à couler.