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DERNIÈRE CHANCE POUR BIYA SE SAUVER AVEC LE CAMEROUN

Une session du Parlement est convoquée pour ce vendredi et il y a lieu de croire qu’elle portera sur le contenu de la décentralisation et singulièrement, du statut spécial des Régions anglophones.

Dans une certaine mesure, cette instance était attendue. En effet, le régime de Biya a été l’objet d’une intense pression diplomatique pour renvoyer les élections, et se donner le temps d’apaiser les tensions au NOSO en mettant en application le statut spécial recommandé lors du Grand Dialogue National.

Le Gouvernement qui n’aime pas se dédire ne pouvant pas renvoyer les élections, il tient certainement à faire plaisir à la Communauté Internationale en adoptant des lois relatives à ce statut spécial, de manière à alléger la pression.

Mais la question essentielle reste : même si de telles lois sont adoptées, est-ce que cela va entraîner la fin de la Sécession ou, au moins en réduire la virulence?

La réponse est clairement non, bien au contraire !

Le statut spécial a été la reconnaissance officielle qu’il existe un problème anglophone, et un désaveu cinglant de ces extrémistes qui le niaient ouvertement. Mais loin d’apaiser les Sécessionnistes, cette concession les a confortés dans le sentiment que seule, la force permettait d’arracher des espaces de liberté au régime en place. Un tel succès, inattendu pour un régime qui a montré une rigidité cadavérique dans ses approches, a plutôt dévoilé sa grave faiblesse et durci leurs positions.

Les Sécessionnistes savent désormais que le régime va encore céder, céder et céder encore, et ils maintiendront leur pression militaire, relayée par la pression diplomatique des grandes puissances qui comptent dans le monde actuel.

Il n’y a pas lieu d’attendre une quelconque accalmie dans ces zones. Certes, dans le meilleur des cas, la Sécession anglophone est là pour les 40 ans à venir, durée de vie moyenne d’un mouvement sécessionniste, mais le problème aujourd’hui n’est plus de l’éteindre définitivement, mais d’en réduire la nuisance et l’attractivité.

Or, pour que cela soit possible, il est impératif de désarmer l’argumentaire historique de la Sécession qui, il faut le reconnaître, est extrêmement solide : sous le contrôle des Nations-Unies, le Southern Cameroon avait le choix entre le Nigeria et le Cameroun. Il a choisi le Cameroun sur la base d’un Etat fédéral. Sur la même base, le Northern Cameroon a choisi le Nigeria.

Devant un tribunal objectif, vous ne pouvez pas convaincre les juges que le Gouvernement du Cameroun a eu raison de supprimer la Fédération. Et on voit d’ailleurs qu’aucun pays dans le monde ne donne raison au Gouvernement, les mieux disposés à son égard se contentant de recommander de régler le problème dans l’amiable.

Et c’est cela qu’il faut faire, au lieu de jouer au petit malin. Cela ne nous apportera absolument rien.
Cette politique de pourrissement et de petits pas favorisent plutôt la Sécession qui a réussi à s’imposer sur le plan international comme une problématique majeure quand des soi-disant patriotes rassuraient le Gouvernement qu’il n’y a rien.

Ce qu’il faut faire maintenant, c’est restaurer la Fédération de 1961, éventuellement actualisée pour tenir compte des évolutions ultérieures du système. Il n’y a pas de solution dans le maintien de l’Etat unitaire et y persister, c’est aggraver le problème.

Bien entendu, certains disent qu’une telle restauration n’apportera aucune paix, au motif que les sécessionnistes seraient manipulés par des étrangers. Je ne dis pas non, mais au moins, le Gouvernement n’aurait plus rien à se reprocher et la Sécession n’aurait plus l’argument de l’assimilation !

Et cela compte !

C’est pour cette raison que j’enjoins le Parlement à être utile au moins au moins une fois de sa vie, en ouvrant une véritable perspective pour le retour à la Fédération, éventuellement rénovée. C’est le seul moyen pour assécher la sécession anglophone.

Cela ne signifie pas qu’il doit proclamer la fédération, mais qu’il prenne une disposition qui dit clairement que la forme de l’Etat peut évoluer si les populations en décident ainsi.

Car, il faut le dire de manière claire, nette et définitive ! les Anglophones ne reviendront jamais à l’Etat unitaire. Il n’existe aucune configuration de l’Etat unitaire qui peut calmer la Sécession, car c’est le mot « unitaire » qui est lui-même devenu le carburant de la haine et de la guerre.

Et c’est cela que le Parlement devra comprendre.

Mais s’il persiste dans son statut de chambre d’enregistrement, alors il aura aidé le Gouvernement dans l’effondrement du Cameroun.

Dieudonné ESSOMBA

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