UN ROI AFRICAIN MALTRAITE UN AMBASSADEUR AMÉRICAIN
Le nouvel ambassadeur des États Unis au Ghana Robert Jackson est allé rencontrer, comme c’est de coutume pour les nouveaux diplomates accrédités au Ghana, le roi des ashantis Nana Osei Tutu ; Ce dernier est diplômé en langue de l’Université publique de Lagon au Ghana, et il est polytechnicien formé à Kilburn en Grande Bretagne. Il a occupé au Canada et aux USA plusieurs postes de hautes responsabilités dans des entreprises privées dont l’une lui appartenait.
Notre ambassadeur s’attendait à être reçu avec les honneurs et privilèges dus à son rang, mais qu’elle ne fut pas sa surprise, bien qu’affichant un sourire diplomatique figé, que de devoir se soumettre au protocole dans la pure tradition akan, pour tout visiteur qui veut rencontrer un roi de ce rang:
– une heure d’attente dans une anti chambre, seul face à deux guerriers torses nus, qui le scrutaient des pieds à la tête , histoire de sonder les intentions du visiteurs à l’égard du roi,
– un questionnaire fastidieux mené durant une autre demi heure par le porte-canne du roi pour s’enquérir des motifs exacts de la visite,
– et enfin notre ambassadeur devait s’adresser aux interprètes qui traduisaient en twi ( langue ashanti ) pour les portes paroles du roi, qui eux-mêmes transmettaient le message au porte canne, à l’intention du roi, puis retour à l’envoyeur avec le même processus.
Les échanges qui ont porté sur l’économie, la gouvernance, la démocratie, la jeune femme, le travail des enfants et les mines ont été effectués selon ce mode traditionnel. Une communication entre deux personnes via plusieurs intermédiaires, le tout en mode « va et vient ». L’anglais traduit en twi, transmis au porte parole, qui le transmet au porte canne, puis au roi.Transmission, traduction, retransmission, et retour ont duré durant plusieurs heures. Et pendant tout ce temps l’ambassadeur devait se tenir debout face au roi.
À la fin des échanges l’ambassadeur a eu le privilège de serrer la main du roi, sans que ce dernier ne se lève jamais durant tout le temps de la visite. Et dire que notre bon roi comprenait tout de ce que l’ambassadeur racontait en anglais …
Jean Christian Konan