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LA FRANCE ET OUATTARA DÉCLARENT LA GUERRE AU NIGÉRIA

Dans son livre Africafrance, paru en 2014, Antoine Glaser écrit : « Contrairement à ce que raconte l’histoire officielle, le véritable initiateur du soutien aux sécessionnistes ibos de la région pétrolière du sud du Nigeria fut Félix Houphouët-Boigny. Effrayé par la puissance montante de cet énorme pays pétrolier, le président ivoirien ne cessa de faire pression sur le général De Gaulle pour obtenir de l’aide en argent et en matériel à destination des rebelles. […] Lors d’une audience à l’Elysée, le 27 septembre 1967, Houphouët-Boigny obtint même que les redevances tirées par Elf de l’exploitation de la région sécessionniste soient reversées au Biafra plutôt qu’au gouvernement fédéral nigérian »

Après avoir été ministre de plusieurs gouvernements français de 1956 à 1961, Houphouët- Boigny est président de la Côte d’Ivoire pendant 33 ans ; Durant toutes ces années, il combat les figures de l’intégration et de la libération de l’Afrique, de Nkrumah à Lumumba en passant par Sankara, s’illustrant particulièrement comme l’arrière-front de Foccart dans la répression de Sekou Toure.

Aujourd’hui, Ouattara règle ses pas sur les pas d’Houphouët-Boigny. Avec l’Eco-cfa, il veut mettre en difficulté l’Eco-Cedeao, pensé dans une optique d’intégration régionale. Comme son mentor, il est francophile jusqu’au bout des ongles. Comme son mentor, le leadership du Nigeria lui donne du tournis. Mais les faits sont têtus : le Nigeria est la première économie du continent et pèse pour 70% dans le PIB de la CEDEAO. l’Eco-Cedeao aura le dernier mot, peu importe le temps que cela prendra.

Justement, le Nigeria n’a pas une tradition diplomatique tempétueuse. Il se distingue plutôt par une vision défensive des relations économiques internationales : protectionniste, réservé, prudent, il reste ouvert à la monnaie unique de l’Afrique de l’Ouest et attend de voir jusqu’où ira l’Eco-cfa. Il donnera le temps nécessaire aux pays de l’UEMOA de se détacher de la tutelle française (la garantie de la France) et de la parité fixe vis-à-vis de l’euro.

La Cedeao, est, je répète, pour le panier de devises. Il se donnera le temps et en donnera aux autres pays de la ZMAO d’atteindre les 3 critères de convergence : un déficit budgétaire qui n’excède pas les 3%, une inflation de moins de 10% et une dette inférieure à 70% du PIB. En l’état actuel des choses, seul un pays sur 15 est conforme à ces exigences : le Togo ! Conclusion ; il y aura un nouveau report de l’entrée en vigueur de l’Eco-Cedeao. Quand on va passer la nuit là où on va, il n’est pas besoin de courir.

Simo Djom Maurice, auteur de La guerre économique, Yaoundé, Afrédit, 2019, 416p.

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