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TOUT SAVOIR SUR LES ORIGINES DU PEUPLE BETI ET LE MYTHE DE L’AUTOCHTONIE

Prof Vivianne Biwolé à qui j’adresse mes salutations, définit le résident comme “une personne physique ou morale dont le domicile ou le siége principal est situé dans une région donnée et juridiquement consacrée par une autorité administrative” et en vient à suggérer que ce concept soit l’alternative à l’autochtone.

Cette suggestion a tout l’air d’une tautologie car chaque autochtone a un référent Origine et résidence qui fonde son identité sociologique, en dépit de toute migration économique.
J’en fais l’illustration ici par un groupe que je connais le mieux (et ceci peut être extrapolé à tous les autres groupes) – la société Beti, sous-groupe de l’ensemble Pahouin du Cameroun méridional, pour montrer que malgré les movements migratoires, chaque Beti est defini à la fois par son origine et sa résidence.

Ces deux concepts ont de tout temps été liés suite à la sédentarisation des Seigneurs de la Forêt.

En effet la société Beti est composée de grands lignages patrilinéaires appelés _mvog_ , ne connaissant guère d’autre liens que ceux du sang et de l’alliance. Dans cette société, chacun des garçons adultes issu d’un lignage devait fonder dans un coin vierge de la forêt sa propre communauté indépendante, composée de ses épouses, enfants célibataires ou esclaves gagnés de la guerre. Le sens premier du _Mvog_ est l’unité résidentielle ou hameau fondé par un tel homme. De ce sens local proche du français, “ *maison* *de* ” on passe aisément au sens figuré “ *lignée* *de* ” qui englobe tout le segment lignager issu de cette résidence d’origine.

A chaque génération se crée donc un nouveau _Mvog_ qui s’emboîte dans le précedent. Chaque enfant est envelopé d’autant de _Mvog_ qu’il peut décliner d’ancêtres depuis le grand ancêtre historique, qui lui peut rassembler des dizaines de milliers de descendants.

Entre les segments de lignages dispersés dans la forêt vide, le lien entre parents et alliés se maintient par l’utilisation continuelle et trés élaborée du tambour-téléphone. C’est dans ce cadre que l’on entretient des relations interpersonnelles, des grands rituels et les palabres: Chaque descendant s’identifie donc à l’origine et à la résidence de ses ancêtres historiques. Et c’est ce contenu qu’il faut donner à l’autochtonie. L’autochtonie ne se réduit par seleument à l’origine. C’est ce référent Origine-Résidence qui a d’ailleurs rendu possible la recherche des origines des Afro-américains au Cameroun.

Les descendants peuvent être dispersés à travers le monde, mais on sait les rattacher aux origines et résidences de leurs ancêtres. Car on sait précisément où résident les Kirdi, les bulu ou les Bassa en dépit des migrations.
Chacun vient de quelque part et l’affirmer n’est pas un frein à l’édification de la nation camerounaise.

Robert Désiré Essomba

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LA LEGENDE OU MYTHOLOGIE DU PEUPLE BETI

Les Béti Be Nanga ont pour ancêtre « Nanga » qui était un bantou albinos. Il aurait eu sept enfants : Kolo Beti, Eton Beti, Mvele Beti, Mvan Beti, Meka Beti (Les Maka), Bulu la fille, et Ntumu, le dernier-né. Bulu étant la seule fille de Nanga, ses descendant, les Bulu ne sont donc pas les Bétis mais plutôt des « Ban Ngôn Béti » c’est-à-dire leur neveu. Le Peuple Beti Comprend donc entre autres les Etôn, les Ewondo, les Bene, les Bulu, les Manguissa et les Ntumu. Chacun de ses grands groupes cités possede plusieurs sous groupe et grandes familles.

Que raconte donc la légende de la traversée de la Sanaga par le peuple béti sur le dos d’un serpent mystique appelé Ngan Medza?

Fuyant les Foulbés au 18eme siecle (notamment Ousman dan Fodio, un chef musulman venant de la région de l’Adamaoua, qui avait décidé d’islamiser tous les peuples animistes) ils traversèrent toute la foret et arrivèrent au bord de la Sanaga. Que faire? Dieu aimant les Beti, il fit venir un serpent mythique, un grand et long serpent-boa ou totem appelé Ngan-medza pour leur venir en aide. Ils se mirent donc a traverser la Sanaga sur le dos de Ngan-medza le long reptile.

Cependant, cette traversée se faisait à la tombée de la nuit. Lors de la traversée du dernier groupe, la personne qui tenait la torche de bambou (une buche) afin d’éclairer la traversée se tenait à la queue du serpent. Ce dernier curieux de savoir sur quoi ils traversent même depuis la, torcha le dos du reptile et laissa tomber involontairement quelques flammèches sur le dos de Ngan Medza qui se retourna renversant dans le fleuve tous ceux qui étaient sur son dos.

Une version de la légende precise aussi que un guerrier nommé Kolo Koulou menu d’une lance, en voulant s’appuyer sur ce qu’il pensait etre un tronc d’arbre pour pas perdre son equilibre (ou plutôt pour satisfaire sa simple curiosité et sonder ce Sur quoi ils traversaient) planta sa lance dans le dos de Nga Medza qui se blessa et se renversa. Il yaurait eu quelques survivants et blessés rescapés du naufrage qui s’en est suivi. Cependant, ceci empêcha donc les dernières tribu Beti (restées au bord du fleuve pour attendre leur tour) de rejoindre l’autre coté de la rive et demeurèrent jusqu’a ce jour de l’autre coté de la Sanaga. C’est donc depuis ce temps que le peuple beti est établi de part et d’autre de la Sanaga. La construction d’un pont à Ebebda, permit des échanges à nouveau entre les deux groupes.

Autre Complement Extrait des commentaires :

De Appolinaire Onana Ambassa
« …..c’est l’homme Yanda qui, par curiosité, a sondé le serpent Ngang medzè soit de sa bûche, soit de sa lance, et la bête touchée par la douleur est rentrée sous les eaux. Non seulement les Beti ont été séparés par les deux rives du Yom, mais encore il y eut de nombreux blessés. C’est ainsi que les Yanda ont été punis par les ancêtres de toujours guérir tous les fracturés. Aujourd’hui encore, toutes les victimes des fractures vont vers eux, d’Olembé, Etoa et Mekoumbou dans le Mfoundi, en passant par Nkolbiyen et Mfida dans la Mefou-et-Akono, jusqu’à Ebom, Koulnganga, Wom, Menganda et Nkong Essani dans l’ Océan. »

Merci de corriger ou compléter les manquements dans cette narration en commentaire.

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