LE PRÉSIDENT DE RÉPUBLIQUE EN LARMES FAIT SES ADIEUX
Avec un score de 53, 5% le candidat du Madem, jeune parti créé il y a seulement un an et demi remporte l’élection présidentielle en Guinée Bissau. Umaro Sissoco Embalo, 47 ans, ancien Premier ministre, l’a emporté face au parti historique PAIGC, qui domine la vie politique du pays depuis l’indépendance.
Le président sortant de Guinée-Bissau José Mario Vaz a achevé mardi en larmes son discours de Nouvel an, à la veille de l’annonce du vainqueur de la présidentielle, appelant la classe politique à maintenir la paix civile et à restaurer la stabilité dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à l’histoire tumultueuse.
“Nous écrirons une nouvelle page de l’histoire de notre démocratie le jour de la cérémonie d’inauguration du nouveau président de la République en transférant la bannière présidentielle, un fait sans précédent”, 46 ans après l’indépendance, a dit le président Vaz, élu en 2014, premier chef de l’Etat depuis l’instauration du pluripartisme à terminer son mandat sans être destitué ou assassiné.
En larmes à la fin de son discours, il a appelé au “calme en attendant les résultats définitifs” du second tour de la présidentielle de dimanche, qui ont été annoncés mercredi par la Commission électorale nationale (CNE).
M. Vaz, dont le mandat de cinq ans a été marqué par un bras-de-fer incessant avec son ancienne formation, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), n’a terminé qu’en quatrième position lors du premier tour fin novembre.
Il a apporté son soutien pour le second tour à un dissident du PAIGC, Umaru Sissoco Embalo, opposé au chef du PAIGC, Domingos Simoes Pereira.
Dans son discours télévisé, le président sortant Vaz a salué la retenue de l’armée pendant les cinq années agitées de son mandat, qui a “réussi à garder (le) calme dans les casernes et éloigner les militaires”, dans un pays qui a connu quatre coups d’Etat et une quinzaine de tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal.
Le président sortant a assuré léguer en “héritage” aux générations futures une “nouvelle ère de liberté” conquise sous son mandat, où la liberté d’expression et de la presse ont été garanties et où les rivalités politiques n’ont causé “ni veuve, ni orphelin”.
Il a lancé un appel à la bonne gouvernance, dans un pays parmi les plus pauvres au monde où l’élite politique est réputée corrompue et l’armée mêlée au trafic de cocaïne.
“Cette lutte pour l’appropriation collective du bien commun ne peut s’effondrer. Je demande donc à nos jeunes de s’engager dans cette lutte contre la corruption”, a-t-il dit. Il a fustigé les travers “enracinés” dans la société, mettant en cause “la petite élite qui veut tout gagner pour elle, en oubliant ceux qui travaillent”.
Dans un pays dont le régime semi-présidentiel favorise les conflits entre le chef de l’Etat et le parlement, M. Vaz a plaidé pour “une réforme constitutionnelle qui permette l’élimination des foyers d’instabilité institutionnelle et la clarification du système de gouvernement pour éviter de futures crises politiques”.