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BLÉ GOUDÉ DÉMASQUE ALASSANE OUATTARA

Condamné par contumace par la justice ivoirienne alors qu’il a été acquitté par la CPI, mais  est interdit de séjour dans son pays, Blé Goudé, invité de RFI, a démontré que le président Alassane Ouattara qui naguère se disait victime, instrumentalise la justice contre ses adversaires. Voici quelques extraits de l’interview de l’ancien ministre ivoirien sur RFI.

Vous êtes condamné à 20 ans de prison. Quelle est votre première réaction ?

Charles Blé Goudé : Je suis carrément dans un état de surprise, parce qu’on me condamne par contumace et pourtant, je ne suis ni en fuite, ni introuvable. Je ne refuse pas de me présenter devant la justice de mon pays. Les autorités de mon pays savent où je suis puisque je suis devant la CPI [Cour pénale internationale] par leur volonté de me voir juger pour des faits postélectoraux. J’ai donc été acquitté. La procédure est encore en cours et à la surprise générale, on me condamne pour les mêmes faits dans mon pays. Cette instrumentalisation de la justice ridiculise le pouvoir en place et infantilise la justice. C’est malheureux pour la Côte d’Ivoire qu’on distribue comme ça des condamnations, des mandats d’arrêt, comme si c’était le petit cadeau de Noël que le chef d’État ivoirien voulait nous offrir.

Vous dites que vous êtes condamné pour les mêmes faits [que ceux examinés par la CPI]. La justice ivoirienne affirme que non. Elle vous reconnaît coupable de « complicité de meurtres, de coups et blessures volontaires, de violence et de voies de fait » pendant la crise 2010-2011…

Tout le monde a suivi le procès ici à la CPI. On parlait des violences postélectorales, on parlait des barrages, on parlait des meurtres. Il faut éviter de jouer avec la justice, de l’instrumentaliser à des fins politiciennes, pour un agenda que tout le monde voit, surtout dans une année électorale comme 2020. Je trouve que ce à quoi nous assistons est un signe extérieur de fébrilité. Et tout le monde est traumatisé, tout le monde a peur. Cela ne donne pas confiance pour les mois à venir, pour les années à venir. Nous, nous voulons un pays calme.

Mais les ONG internationales n’ont-elles pas dit que vous étiez l’un des principaux acteurs de la montée des violences dans la Côte d’Ivoire des années 2010-2011 ?

Tous les responsables des ONG ont défilé ici à la CPI. Et c’est au vu de ce qu’ils n’ont pas pu apporter de preuves que j’ai été acquitté. Alors en moins d’une journée, un procès a lieu en Côte d’Ivoire, et je suis condamné. Là où il y a eu des procédures pendant plus de 5 ans à la CPI. Aucun témoin ne défile à la barre en Côte d’Ivoire. Eux me condamnent. Où sont les victimes qui ont défilé devant la justice ? C’est honteux tout ça.

Pour vous, le dossier est vide. Mais n’avez-vous pas été sanctionné par les Nations unies en 2006 pour « direction et participation à des actes de violences commises par des milices de rue » ?

Pour votre information, ces sanctions ont été levées avant même que je ne sois acquitté. Les sanctions dont vous parlez ont été levées.
Et quand le procureur général près la cour d’appel d’Abidjan réfute tout agenda politique dans le procès qui vous a été fait, comment réagissez-vous ?

Je lui dis bien : monsieur le procureur, c’est vous-même qui m’avez transféré à la CPI pour des faits postélectoraux. Les faits pour lesquels vous me poursuivez à Abidjan, sont-ils différents des faits pour lesquels je suis poursuivi ici à la CPI ?

Est-ce une décision de justice ou est-ce autre chose à vos yeux ?

Mais c’est tout sauf une décision de justice. C’est une décision politique qui revêt un vernis judiciaire, la stratégie du pouvoir est sue de tous. Écarter toutes les personnalités politiques en Côte d’Ivoire qui sont des adversaires redoutables pour le pouvoir, il faut donc les éloigner au maximum.

Est-ce qu’il y a un rapport entre la condamnation de Laurent Gbagbo, au début de novembre, à 20 ans de prison et votre propre condamnation ?

Mais bien sûr. Le président Laurent Gbagbo, c’est un adversaire redoutable, c’est quelqu’un qui aujourd’hui compte en Côte d’Ivoire. Charles Blé Goudé, qui vient d’être condamné à 20 ans, c’est quelqu’un qui compte en Côte d’Ivoire. Alors cette distribution de condamnations comme des petits bonbons ne rassure pas. Moi, je voudrais inviter le chef de l’État ivoirien à nous rejoindre dans le processus de paix. Il ne faut pas qu’il affiche une fébrilité qui humilie la Côte d’Ivoire. Il faut qu’il nous rejoigne. Il faut qu’il accepte que des compétitions aient lieu. Il a dénoncé hier l’utilisation de la justice, il passe champion aujourd’hui dans l’utilisation de la justice.

 

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