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LA MONNAIE DU GHANA DEVIENT LA PLUS PUISSANTE DU MONDE DEVANT LE DOLLAR AMÉRICAIN

Alors que le président ivoirien Alassane Ouattara et le chef d’État français Emmanuel Macron font les pieds et des mains pour convaincre les pays de la CEDEAO d’adopter l’éco comme monnaie unique, c’est plutôt le Cedi, monnaie du Ghana, qui se porte bien, mieux que le puissant dollar américain.

En effet, le cedi du ghanéen vient de confirmer son avance sur le dollar américain en tant que la monnaie la plus performante du monde sur l’année 2019, et poursuit sa progression en ce début 2020…Tandis que les dirigeants des pays de l’Afrique dite « francophone » entendent non seulement se maintenir sous le joug économique et politique franco-européen, mais de plus, voudraient y entraîner les économies réellement en voie d’émergence que sont le Ghana et le Nigéria, notamment à travers l’ECO – version CFA.

La devise du Ghana a poursuivi sa progression jusqu’à atteindre +3,9% alors que l’année précédente elle avait dégringoler jusqu’à -13% . Le Cedi devient ainsi la monnaie qui a connu la plus forte progression parmi les plus de 140 devises suivies par Bloomberg.

En ce début  février 2020, le Ghana poursuit une série de rencontres avec des investisseurs internationaux en vue de préparer une nouvelle émission d’eurobonds qui lui permettrait de renflouer ses caisses à hauteur de 3 milliards de dollars.

« Avec cette émission imminente d’eurobonds, qui est susceptible d’augmenter les réserves de change, certains acheteurs parient que le cedi va se renforcer davantage », a déclaré Faakye.
Selon le chef du Trésor ghanéen Nana Yaa Faakye, cette démarche se justifie par la baisse de la demande de devises par les importateurs :

« La demande de devises des importateurs ghanéens a baissé compte tenu de l’épidémie de coronavirus 2019-nCoV et aussi les vacances de nouvel an en Chine, période au cours de laquelle les voyages et l’activité économique du pays sont un peu ralentis. »
La politique monétaire stricte de la banque centrale ghanéenne permet de soutenir également la devise, comme l’explique Steve Opata, responsable des marchés financiers :

« Les réformes du marché, notamment l’introduction d’enchères de change à terme depuis le mois d’octobre dernier, avec un objectif de 715 millions de dollars cette année, sont un autre facteur en faveur de la progression du cedi, a-t-il conclu.
Stephen Bailey-Smith, stratège en investissement à Kolding (Danemark) donne les raisons qui fondent la stratégie monétaire du gouvernement du Ghana :

«Les taux d’intérêt nominaux élevés pratiqués par le pays sont importants pour les investisseurs, car cela leur garantie une certaine immunité en cas de dépréciation de la monnaie. Nous avons évidemment vu des investisseurs revenir sur le marché ghanéen suite à ces mesures. »

Notons également que la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne, qui a été actée depuis le vendredi 31 janvier à minuit, va affecter négativement la plupart des économies africaines tant que l’Union monétaire et économique dans un cadre panafricain ne sera pas encore établi…En effet, avec le BREXIT de nombreux accords commerciaux conclu avec l’UE européenne vont devoir être renégociés avec un niveau d’exigences encore plus importants de la part des investisseurs.

Déjà le ministre britannique pour l’Afrique, James Duddridge, qui a mené campagne pour la sortie du Royaume-Uni, annonce les couleurs promettant des engagements nouveaux avec le continent après la sortie de l’UE. À ses yeux, l’UE est « une manière tout à fait inappropriée de définir les relations entre le Royaume-Uni et l’Afrique ».

Nombre d’accords commerciaux entre le Royaume-Uni et des pays africains vont donc être renégociés puisqu’ils ont été conclus via l’UE. Les principaux pays affectés seront l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Botswana, l’Angola, le Kenya, le Sénégal, et le Ghana avec lesquels 80% des exportations britanniques en Afrique subsaharienne se font, selon la Barclays.

Et tout ceci, dans un contexte où les économies africaines sont mises sous la tension maximale permanente de la menace terroriste, et que l’épidémie du coronavirus risque de déstabiliser fortement les économies de nos pays africains, sans compter l’entrée en vigueur des APEs (Accords de partenariats économiques), la levée totale des barrières douanières sur les produits d’importation en provenance de l’UE, le niveau de corruptions toujours élevés…Bref, autant de données qui auront pour conséquence d’asphyxier totalement toute possibilité de développement d’industries et de PMEs locales, sans compter les crises politico-sociales qui perdurent…

En conclusion, le tableau n’est guère optimiste pour tout oeil perspicace, mais n’est ce pas dans les épreuves que le génie humain se manifeste le mieux ? Et qui sait, peut-être que les temps difficiles qui se profilent à l’horizon obligeront les populations africaines à se réveiller pour défendre leur droit à la vie, et conquérir de nouveaux espaces de liberté politique et économique à l’échelle du continent… ?

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