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L’ONU CONFIRME QUE L’ARMÉE CAMEROUNAISE A MASSACRÉ ET BRÛLÉ 23 ENFANTS ET FEMMES

Les choses se précisent, et les responsabilités sont déjà établies sur le carnage de Ngarbuh, au Cameroun. L’ONU a réclamé mardi 18 février aux autorités camerounaises une enquête « indépendante, impartiale et complète » après la mort de vingt-trois personnes, dont une majorité d’enfants, dans la partie anglophone du pays, lors d’une opération militaire.

« Nous pressons les autorités de s’assurer que l’enquête sera indépendante, impartiale et complète, et que les responsables rendent des comptes », a déclaré le Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme (HCDH) dans un communiqué.

Le communiqué, qui se fonde sur des informations d’employés de l’ONU sur le terrain, indique que, sur les vingt-trois personnes tuées, on compte quinze enfants, dont neuf de moins de 5 ans. Un précédent bilan fourni dimanche par un représentant de l’ONU au Cameroun faisait état de vingt-deux civils tués, dont quatorze enfants, une femme enceinte et deux femmes portant des bébés. Une femme enceinte est morte plus tard de ses blessures, selon le communiqué.

« Des témoins ont déclaré qu’une quarantaine d’hommes armés, comprenant des membres des forces de sécurité et de défense, ont attaqué le village » dans le nord-ouest du pays, « en ouvrant le feu et en incendiant des maisons », selon la même source. Les autorités ont pour leur part « déclaré que des membres des forces de défense et des gendarmes avaient été attaqués par des gens à l’intérieur du village, résultant dans un échange de tirs qui a provoqué les flammes qui ont touché plusieurs habitations », ajoute le HCDH.

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants. L’armée a de son côté assuré lundi que le drame était le résultat d’un « malheureux accident » après des échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Le Haut-Commissariat de l’ONU relève que le gouvernement a promis une enquête « dont les conclusions seraient rendues publiques. » « Nous appelons le gouvernement à s’assurer que les forces de sécurité se conforment aux normes légales internationales applicables quand elles mènent des opérations », poursuit l’ONU, qui demande également aux groupes armés séparatistes de respecter « leurs responsabilités conformément à la loi internationale. Toutes les parties doivent s’abstenir d’attaquer des civils ».

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3 000 morts et 700 000 déplacés. L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils .

D’après les sources du Sous-secrétariat américain des affaires africaines, le conflit entre les séparatistes et l’armée camerounaise a déjà fait 12 000 morts. Mais, selon le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale, la guerre dans les deux régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest a déjà fait plus de 20 000 morts, civils et militaires confondus.

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