Afrique

CORONAVIRUS: YOUSSOU N’DOUR, FALLY IPUPA, DJ KEROZEN, KOFFI OLOMIDÉ ET D’AUTRES ARTISTES AFRICAINS SE MOBILISENT

L’heure n’est pas à la fête, mais à la sensibilisation par les chansons et les dons. Ainsi, certaines stars de la musique africaine ont décidé de porter l’étendard de la lutte contre la pandémie du coronavirus.

Suivant l’exemple de la légende Manu Dibango qui avait réuni plusieurs artistes pour la réalisation du titre  » tam-tam pour l’Ethiopie » lorsque la famine avait sévi durement dans ce pays,  les musiciens africains se mobilisent pour sensibiliser leurs « frères et soeurs » au danger de la propagation du Covid-19 sur le continent.

A Dakar, Youssou N’Dour, chanteur et fondateur du Groupe Futurs Médias (presse écrite, radio, télévision), a remis mi-mars un lot de matériel et d’équipements sanitaires au ministère de la Santé. Voici un point sur les messages de prévention en musique de quelques stars africaines publiés cette semaine.

Habituellement engagé contre la corruption et pour le renouvellement du personnel politique, le collectif de rappeurs sénégalais « Y en a marre » a voulu sensibiliser aux gestes de prévention contre la pandémie avec des paroles claires et simples en wolof. Il a sorti une chanson écrite en un temps record, Fagaru Ci Corona (« prévenir le corona en wolof »), qu’il a d’abord soumise au ministère de la Santé parce qu’il faut aujourd’hui, selon le collectif, « faire taire les querelles politiques », rapporte RFI Afrique. Puis un clip a été tourné à l’hôpital Fann de Dakar en une nuit. La chanson dit notamment « Prépare-toi, prépare tes proches », « Prenez des précautions ».

Alors que le Burkina Faso est l’un des pays africains les plus touchés par le Covid-19 (114 cas confirmés et 4 morts jeudi 26 mars), l’Unicef a demandé au rappeur burkinabé Smarty de composer une chanson pour faire passer le message auprès de toute l’Afrique, et en particulier pour contrer les rumeurs, rapporte franceinfo Afrique.

« Ça raconte que l’homme noir ça ne le tue pas, que Corona sous le soleil ne résisterait pas », rappe-t-il. « Les rumeurs disent que c’est maladie des Blancs, que Mamadou le guérisseur a son médicament. Les rumeurs disent que c’est une attaque biologique, Monsieur Rumeur finira par enterrer l’Afrique. »

En RDC, les autorités ne sont pas allées jusqu’au confinement, décrétant la fermeture des frontières, des lieux publics, et l’isolement de Kinshasa. L’étoile de la rumba Fally Ipupa pense manifestement que les mesures ne vont pas assez loin. « Fally en mode confinement, les bisous stop », a-t-il lancé sur Twitter dans une mélodie improvisée sur une guitare acoustique. « Alors s’il vous plaît mes chers frères et soeurs, respectons le confinement, c’est très très important, restez à la maison, respectez les consignes données par les autorités et l’OMS », ajoute le crooner de Kinshasa.

Voix grave et ton de circonstance, son compatriote Koffi Olomide a mis en garde les Congolais contre le « Kuluna-virus », habile remixage du terme « kuluna » qui désigne des gangs armés de Kinshasa, l’une des légendes et terreurs urbaines de la capitale aux dix millions d’habitants. A cette occasion, il a rappelé à ses compatriotes les règles d’hygiène contre la propagation du Covid-19, alors que les cas continuent d’augmenter en République Démocratique du Congo (où l’on comptait jeudi 26 mars 51 contaminés et quatre décès). Sur sa page Facebook, Koffi Olomide a offert ensuite un concert en direct depuis son salon pour les confinés, livrant quelques uns de ses tubes de rumba.

La star ivoirienne du coupé-décalé Dj Kerozen y est aussi allé de sa chanson sur Instagram. « Ya corona, respectons les consignes d’hygiène données par nos gouvernements, l’affaire est sérieuse, oh. Ça a commencé en Chine, on n’a pas pris au sérieux on a laissé avancer (…) Même Mbengué (France en argot) là-bas c’est gâté, Seigneur faut « sciencer », nous on veut vivre! »

Il faut rappeler que le coronavirus a frappé en plein coeur de la musique africaine en emportant la star interplanétaire de l’Afro-jazz, le saxophoniste camerounais Manu Dibango décédé en France cette semaine et inhumé en toute intimité dimanche dans un cimetière parisien.  Le chanteur congolais Aurlus Mabélé, une figure du soukouss, version moderne de la rumba congolaise, atteint du  coronavirus, a aussi tiré sa révérence.

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