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5 PRÉSIDENTS EN 38 ANS AU BOTSWANA, 288 ANS POUR LES PRÉSIDENTS DE LA CEMAC ET TOGO

 

Le président botswanais Ian Khama a démissionné samedi, 18 mois avant la fin de son mandat, conformément à la Constitution qui limite celui-ci à 10 ans, soit un président pour maximum deux mandats de 5 ans .

Le président âgé de 65 ans, au pouvoir depuis 2008, a conclu mardi 27 mars sa tournée d’adieux dans la totalité des 57 circonscriptions du pays, et s’en va s’occuper de ses 143 boeufs et 100 poulets au village . Lui, ancien soldat et pilote de l’armée de l’air,  a affirmé que son prédécesseur Festus Mogae avait dû le persuader de le remplacer en 2008. Il quitte donc  pacifiquement le palais comme un saint cède sa place au temple, en pleine fête de Pâque, au vice-président Mokgweetsi Masisi, qui tiendra les rênes du pays jusqu’aux élections générales transparentes de 2019. C’est une tradition: Festus Mogae avait lui aussi démissionné en 2008, après 10 ans de règne, comme son prédécesseur avant lui, jusqu’à Seretse Khama, décédé en 1980.

Ancienne colonie britannique jouissant de l’indépendance depuis 1966, pays le moins corrompu du continent , le Botswana est souvent présenté comme un 《miracle africain》. La richesse de son sol, qui fait de lui le troisième producteur mondial de diamants, lui a permis d’avoir une croissance annuelle moyenne de 9 % entre 1970 et 2000 et de sortir en 1994 du groupe des pays les moins avancés (PMA). Contrairement aux autres dirigeants africains qui dilapident l’argent des matières premières, ceux du Botswana ont créé deuis 1994,  un fonds souverain, le Pula fund, qui investit les revenus de l’industrie diamantifère pour les générations futures.

Prompt à fustiger les dictateurs africains qui confisquent le pouvoir, Ian Khama , chef d’État démissionnaire volontaire,  n’avait  pas épargné  Joseph Kabila, le menaçant par un communiqué le 26 février 2018: 《Nous continuons d’assister à une crise humanitaire qui empire dans ce pays principalement parce que son dirigeant a sans cesse repoussé la tenue d’élections》. En novembre 2017, il était le premier à revendiquer le départ du vieux camarade Bob qui avait annoncé qu’il se voyait diriger le Zimbabwe jusqu’à 100 ans. Le chef d’État botswanais avait alors répliqué: 《 personne ne devrait rester président pendant une si longue période. (…) Nous sommes des présidents, nous ne sommes pas des monarques. C’est simplement du bon sens》.

En 38 ans, le Botswana a déjà connu 5 présidents. Pendant ce temps, la Guinée Équatoriale n’a connu qu’un seul président avec un long nom depuis 39 ans, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Le Cameroun n’a connu qu’un président  au nom géant depuis 36 ans, Paul Barthélemy  Biya Bi Mvondo. Denis Sassou Nguesso seul a déjà dirigé le Congo durant  33 ans et 6 mois avec les mêmes méthodes   qu’Hérode et Ponce Pilate qui avaient décidé de tuer Jésus Christ à 33 ans pour préserver leur trône. Le Tchad est sous la dictature militaire d’ Idriss Déby Itno depuis 28 ans. Le Gabon est sous la férule d’une seule famille Bongo depuis 50 ans , tandis que le Togo est sous l’emprise de la dynastie Éyadéma depuis 51 ans. Après le Léopard  Mobutu qui a régné tel un fauve durant 31 ans et 5 mois, ce sont les maquisards Kabila qui sèment la terreur en RDC depuis 21 ans.

Quand on totalise l’ensemble d’années de règne de ces dirigeants de l’Afrique centrale plus le Togo, ils totalisent 288 ans. Presque trois siècles! Quel sont donc les résultats de tous ces longs règnes? Guerres, misères, chômage, esclavage désespoir, corruption, dettes, mauvaise gouvernance, fuite des cerveaux, pays pauvres et très endettés. Ils sont tous très loin derrière le Botswana, qui est déjà émergent dans l’alternance . Comme le disait Maine de Biran: 《 il n’y a que les gens malsains qui se sentent exister en voulant confisquer  le lourd fardeau du pouvoir》.

J.REMY NGONO

 

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