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ALI BONGO MORT, VIVANT OU REMPLACÉ PAR UN SOSIE ?

Le vrai débat est là: Ali Bongo Ondimba, d’où partent les doutes? Octobre 2018, alors que la République vit à son rythme habituel, une triste nouvelle en provenance de Ryad transgresse les lois du secret d’Etat local: Ali Bongo, le chef de l’Etat vient de subir un choc sanitaire grave. C’est la grande panique au sommet car, le pire mal envisagé semble être arrivé.

L’incertitude sur l’état de santé du président de la République, bien que pris en charge par de véritables professionnels, drape le pouvoir en place d’une inquiétude inqualifiable. La question de la succession fait l’actualité. Fallait-il vivre au rythme de la pression politique et populaire qui demande à voir clair ou fallait-il gagner du temps pour mieux apprécier cette situation très incommode?

Du côté de l’opposition gabonaise, l’heure est à la prudence et à la décence. Il n’est pas question de s’avancer dans des déclarations qui pourraient coûter l’avenir politique de ceux qui auraient pris le risque d’une affirmation que le temps aurait pu juger gratuite. Côté pouvoir, on est à la gymnastique linguistique où les mots sont choisis, sous pesés et décortiqués avant d’être prononcés. Hélas, avant que la présidence de la République ou le gouvernement ne donnent la moindre information, ce sont les médiaux occidentaux qui révèlent la gravité de l’état de santé du président de la République.

Malheureusement, lorsque les institutions précitées décidèrent de réagir, les plus folles rumeurs et analyses avaient gagné trop d’espace dans l’opinion publique. Aussi, les mots avancés par le porte parole Ike Ngouoni n’ont fait que jeter de l’huile sur le brasier toujours incandescent. Les expressions fatigue légère, puis fatigue sévère pour ne pas prononcer les mots accident vasculaire cérébral ont été d’une maladresse légendaire.

Dès cet instant, le doute permanent du peuple s’est installé en même temps que la perte de crédibilité des locataires du palais. Or, à ce niveau de responsabilité, la communication et la stratégie ne sont pas une affaire de copains et de coquins. En temps de crise, le moindre mot mal placé met à mal tout un système de fonctionnement et compromet l’avenir d’un pouvoir voire même d’un pays. Ce qui a été valable pour les omniscients d’hier est valable pour les collectionneurs de bourdes d’aujourd’hui.

Si Ike Ngouoni et ses amis de la présidence de la République avaient pris la peine de visiter l’histoire du monde entier, enseigné dans les écoles de journalisme, de communication et de sciences politiques, ils auraient pu s’appuyer sur le cas de Jacques Chirac qui, le 02 septembre 2005, avait fait un accident vasculaire cérébral lors d’une cérémonie à l’Elysée au moment où il recevait les responsables de la principauté d’Andorre.

Les éléments de langage trouvés par les communicants de l’Elysée en collaboration avec les services de santé avaient non seulement rassurés la population française, suscitant même une certaine compassion pour le vieux Chirac, en même temps qu’ils avaient glacé les ambitions de ceux qui, dans le pouvoir, aiguisaient déjà leurs appétits de pouvoir.

Claude Chirac qui était la conseillère en communication de son père fit l’option d’une communication régulière et maîtrisée. C’est ainsi que pour crédibiliser sa stratégie de communication, elle laissa d’abord les professionnels de santé le soin de rendre public l’état de santé du président de la République en donnant les éléments de langage qui se voulaient rassurants. Les mots « accident vasculaire » tout court sont préférés à « accident vasculaire cérébral » qui auraient amené les gens à comprendre que le cerveau de Jacques Chirac avait été touché.

Ensuite, la parole fut donnée au porte parole de l’Elysée qui reprit les mots des professionnels de santé. Le premier ministre Dominique de Villepin fit de même. C’était une manière claire de crédibiliser le discours des institutions en même temps qu’elle rassurait l’opinion publique et fermait la porte à tout débat politicien sur la vacance de pouvoir.

Dans notre pays, rien d’une telle démarche professionnelle n’a été faite. Pourquoi alors s’étonner qu’aujourd’hui encore, on trouve une bonne partie des gabonais qui doute de l’existence d’Ali Bongo alors qu’il est bel et bien vivant? Pourquoi être surpris quand le discours de Jean Boniface Assélé, qui sait pertinemment bien qu’Ali Bongo est vivant, trouve l’assentiment d’un bon nombre de gabonais?

Pourquoi, malgré les efforts et les actions du chef de l’Etat, il y a des gens qui ne veulent même Plus croire à tout ce qui se fait au sommet de l’Etat? Il faut le dire sans langue de bois, c’est la conséquence des bases faussées. Par conséquent, il est difficile que le reste soit crédible et solide.

Aux faux pas de départ, il faut ajouter trois éléments fondamentaux orchestrés par les successibles illégitimes, constitutionnellement, du président de la République qui participent à alimenter la thèse des incapacités du chef de l’Etat: (1) le niveau de désordre financier et autres mis maladroitement sur la place publique pensant ainsi régler des comptes aux anciens amis. D’aucuns apprendront à leurs dépens que la République ne se gère ni par les caprices et encore moins par les émotions.

(2) les gargarisassions de la mise entre parenthèses des principaux soutiens d’Ali Bongo, le manque de respect affiché face aux responsables des institutions de la République et la recherche d’allégeance de gens qui continuent d’affirmer que le seul et unique président de la République, reconnu par les institutions nationales et internationales, s’appelle Ali Bongo Ondimba. Par conséquent, nul ne réussira une nouvelle fois le bluff d’un messager intime où on parlerait au nom du chef de l’Etat qui est pourtant là.

(3) Le manque de modestie et de culture politique des tenants de la République des émotions fait qu’ils grossissent symboliquement les rangs du mouvement Appel à agir qui ne conjugue que la vacance du pouvoir. Visiblement, Ali Bongo semble être mal connu d’un grand nombre d’individus le côtoyant. L’histoire de sa trajectoire politique nous a fait découvrir un monstre politique froid et sans état d’âme lorsqu’il s’agit de son pouvoir.

Ali Bongo pour les nuls s’explique ainsi: (1) c’est le personnage qui se fait toujours passer pour celui qui ne sait rien, qui ne voit rien et qui n’entend rien alors que c’est tout le contraire, pire encore dans la « maladie » où il est pourtant sorti de la zone critique depuis belle lurette. En un seul mot, il adore faire vivre l’illusion du pouvoir aux « siens ». Quid de Mba Obame, de Gervais Oniane, de Maixent Accrombessi, de Brice Laccruche Alihanga qui pensaient être son cerveau? On a juste envie de se demander, à qui le tour quand on voit bien qu’il a commencé à envoyer les signaux?

(2) Ali Bongo est le symbole de sa propre vie: un phœnix. Comptons désormais le temps.
Enfin, au lieu de s’aventurer dans des stratégies aussi bien boiteuses que périlleuses, les autoproclamés président, les présidents bis, les présidents à moitié ou les presqu’arrivés président, gagneraient à interroger l’histoire qui n’aiment pas les personnages méprisants et les autruches.

Ces derniers doivent questionner les anciens pour savoir ce qui s’est passé entre Omar Bongo et son fils Ali, contraint à un exil en France, lorsque ce dernier voulut que son père soit intronisé roi du Gabon. Ignorer l’histoire c’est accepter de tomber dans ses travers. Tous les amis du chef ne sont pas dans sa cour et n’entrent pas forcément par la même porte. Comptons le temps et nous en reparlerons.

Par Télesphore Obame Ngomo

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