SCANDALE : UN PRIX NOBEL AFFIRME QUE LE COVID-19 A ÉTÉ CRÉÉ DANS UN LABORATOIRE CHINOIS
Récompensé en 2008 d’un prix Nobel de médecine pour sa découverte du virus du sida, le virologue français Luc Montagnier émet une hypothèse controversée sur l’origine du Covid-19.
Dans un entretien au site Pourquoi docteur ?, le 16 avril, le professeur explique qu’il ne croit pas que le Covid-19 provienne d’une contamination dans un marché aux animaux sauvages de Wuhan. «C’est une belle légende, ce n’est pas possible. Le virus sort d’un laboratoire de Wuhan» affirme-t-il.
«Le laboratoire de la ville de Wuhan s’est spécialisé sur ces coronavirus depuis le début des années 2000. Ils ont une expertise dans ce domaine» déclare-t-il. Le professeur explique avoir analysé «dans les moindres détails» la séquence avec son collègue mathématicien Jean-Claude Perrez. «On n’a pas été les premiers, puisqu’un groupe de chercheurs indiens a essayé de publier une étude qui montre que le génome complet de ce coronavirus [a] des séquences d’un autre virus, qui est le VIH, le virus du sida» explique-t-il.
Le chercheur affirme que le groupe de chercheurs indien a dû se rétracter après sa publication. Il assure que la «vérité scientifique finit toujours par émerger». Selon lui, la séquence de VIH aurait été insérée dans le génome du coronavirus pour tenter de faire un vaccin contre le VIH. «C’est un travail d’apprenti sorcier» commente-t-il.
Depuis son prix Nobel de médecine obtenu en 2008 avec la chercheuse Françoise Barré-Sinoussi, le professeur Luc Montagnier est accusé de «dérive». Il a émis dès 2009 des théories controversées sur l’origine du VIH et sa transmission. En 2017, 100 académiciens ont dénoncé ses positions anti-vaccin, et demandé à l’Ordre des médecins de le sanctionner.
Selon le quotidien Washington Post, l’ambassade des Etats-Unis à Pékin, après plusieurs visites à l’institut, a alerté en 2018 les autorités américaines sur des mesures de sécurité apparemment insuffisantes dans un laboratoire qui étudiait les coronavirus issus de chauves-souris.
La chaîne américaine Fox News, citant «plusieurs sources» anonymes, a incriminé le laboratoire P4 (pour pathogène de classe 4) du site. Il s’agit d’une installation de très haute sécurité, qui héberge les souches les plus dangereuses des virus connus — comme Ebola.
Ce lieu ultrasensible permet de mener des recherches de pointe. Ambition: réagir plus rapidement à l’apparition de maladies infectieuses. D’un coût d’environ 40 millions d’euros, le laboratoire a été financé par la Chine. Les chercheurs y travaillent en confinement absolu. Il existe moins d’une trentaine de P4 dans le monde, dont la moitié aux Etats-Unis.
Le coronavirus a-t-il été créé dans un laboratoire en Chine? Ce que pense le Centre de crise
L’Institut de virologie de Wuhan possède par ailleurs la plus grande collection de souches de virus en Asie, avec 1.500 spécimens différents, selon son site internet. Bien que la presse américaine évoque à chaque fois le P4, les germes moins pathogènes comme les coronavirus sont en théorie plutôt étudiés dans les P3, un type de laboratoire dont dispose également l’institut.
Interrogé, l’institut a refusé de répondre aux questions de l’AFP. Le chercheur français qui y travaille n’a pas voulu non plus s’exprimer, invoquant son «devoir de réserve». L’AFP n’est donc pas en mesure de confirmer formellement que des coronavirus ont bien été étudiés avant l’épidémie dans ces laboratoires.
Est-ce la source du coronavirus?
Rien ne permet de le dire. Le Washington Post et Fox News citent des sources anonymes. Ces dernières font part de leur inquiétude quant à une potentielle fuite accidentelle du virus. Selon la chaîne de télévision, le «patient zéro» à l’origine de l’épidémie pourrait être un employé de l’institut, contaminé, qui aurait ensuite diffusé sans le vouloir l’agent pathogène ailleurs à Wuhan.
Interrogé sur cette hypothèse, le président américain Donald Trump a déclaré entendre «de plus en plus cette histoire». D’après lui, elle fait actuellement l’objet d’un «examen très approfondi» de Washington. Plusieurs théories incriminant l’Institut de virologie de Wuhan, plus ou moins exubérantes, ont fleuri ces derniers mois sur internet. L’institut avait publié en février un communiqué démentant les premières rumeurs.
Il avait également déclaré avoir reçu dès le 30 décembre des échantillons du virus alors inconnu qui circulait à Wuhan (identifié ensuite comme le SARS-CoV-2), avoir séquencé son génome le 2 janvier puis avoir transmis ces informations à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 11 janvier.
L’OMS avait effectivement indiqué avoir reçu la séquence du génome le 11 janvier de la Chine. Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a rejeté vendredi les accusations américaines visant l’institut. «Toute personne sensée comprend vite que l’objectif de ces allégations est de créer la confusion, de détourner l’attention et de fuir ses responsabilités», a-t-il déclaré.
Que disent les scientifiques ?
De l’avis de nombreux chercheurs, le nouveau coronavirus est sans doute né chez la chauve-souris. Ils pensent toutefois qu’il est passé par une autre espèce avant de se transmettre à l’homme. Des scientifiques chinois ont affirmé que cet animal intermédiaire pourrait être le pangolin, petit mammifère menacé d’extinction car exploité en raison de ses écailles.
Seulement voilà: des études publiées par d’autres chercheurs chinois dans des revues scientifiques réputées affirment que le premier patient connu n’a pas fréquenté le marché de Wuhan incriminé. «L’origine de l’épidémie est toujours une question en suspens», déclare à l’AFP Filippa Lentzos, chercheuse en biosécurité au King’s College de Londres.
Rien ne vient accréditer l’hypothèse d’une fuite de virus depuis un laboratoire et il n’existe «aucune vraie preuve»