LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DISSOUT LA COUR CONSTITUTIONNELLE
Au moins un mort et des dizaines de blessés par balles lors des manifestations vendredi au Mali contre le régime en place. Pour la troisième fois en à peine plus d’un mois, le mouvement dit du 5-Juin avait fait descendre dans la rue des milliers de Maliens. Redoutée depuis plusieurs semaines, cette escalade à l’issue imprévisible alarme les alliés du Mali, inquiets d’un élément déstabilisateur de plus dans un pays confronté au djihadisme.
Dans une déclaration à la nation, le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita a annoncé la « dissolution de fait » de la Cour constitutionnelle dont quatre membres sur les neuf ont déjà démissionné et un est mort.
« J’ai décidé d’abroger les décrets de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et d’aller vers la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de la Cédéao », a déclaré le président.
« Cette dissolution de fait de la Cour va nous conduire dès la semaine prochaine à demander aux autorités compétentes la désignation de membres pour que, rapidement, une cour reconstituée nous aide à trouver les solutions aux contentieux issus des élections législatives », a-t-il ajouté.
Le premier ministre, Boubou Cissé a annoncé la formation très rapidement d’un gouvernement d’ouverture afin de faire face aux défis de l’heure. Ces annonces font suite à la troisième et monstre manifestation tenue à Bamako vendredi pour réclamer la démission du chef de l’Etat lui-même.
En plus président à peine réélu en 2018 malgré la contestation de l’opposition qui a dénoncé plusieurs fraudes, la Cour constitutionnelle focalise la colère depuis qu’elle a invalidé une trentaine des résultats des élections législatives de mars -avril . Le renvoi de ses neuf juges figurait parmi les exigences de la coalition hétéroclite, composée de chefs religieux et de personnalités du monde politique et de la société civile, qui orchestre la mobilisation.
Pour essayer de calmer la rue bouillonnante comme un volcan prêt à cracher des laves dans tout le pays, le chef de l’Etat a indiqué qu’il abrogerait les décrets de nomination des juges de la Cour encore à leur poste, ce qui revient selon ses mots à une « dissolution de fait ». Les nouveaux juges devraient être nommés rapidement, ouvrant ainsi la voie à des législatives partielles dans les circonscriptions où les résultats ont été invalidés.
IBK a aussi réitéré son offre de dialogue et assuré que le prochain gouvernement, en cours de constitution, serait « consensuel, composé de cadres républicains et patriotes et non de casseurs et de démolisseurs du pays ». Mais pour le moment, aucune des ouvertures du président n’a apaisé la contestation qui, au contraire, a pris sa tournure la plus violente vendredi.