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MARÉCHAL IDRISS DÉBY SUR LES TRACES DE BOKASSA ET MOBUTU

Les dictateurs africains s’adorent et s’affublent  toujours des titres ronflants qui font rire la planète. Plutôt que le traditionnel défilé populaire pour célébrer la date anniversaire de l’indépendance, le Tchad n’aura pu organiser qu’une prise d’arme symbolique mardi 11 août, en cette période d’épidémie de coronavirus. Ce soixantième anniversaire a pris une saveur toute particulière avec la décision du président Idriss Déby, d’être nommé maréchal le même jour.

Ce titre, ultime niveau de la hiérarchie militaire, a suscité quelques critiques acerbes de l’opposition. Pour l’opposant Saleh Kebzabo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau, ce n’est rien de moins qu’un « crime national que de faire coïncider cet événement avec l’anniversaire de notre indépendance. Le mode de fonctionnement que nous connaissons va faire en sorte que, chaque année, on va plutôt privilégier le maréchalat et donc on va reléguer le 11 août 1960 aux calendes grecques ».

Le dispositif « d’intronisation » était déjà en place au Palais de la Démocratie, siège de l’Assemblée nationale qui a fait sa toilette pour immortaliser cet événement. Revue des troupes conformément aux us républicains, déploiement des forces de défense et de sécurité, danses et applaudissements dans les rangs de la majorité présidentielle sous les auspices du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir).

Les Tchadiens en grand nombre, dont des militants et sympathisants, avaient pris l’assaut des artères de Ndjamena, la capitale, pour contempler de prêt leur champion. Les banderoles déployées à l’effigie et dont des messages à l’instar  de «le Maréchal du Tchad, l’honneur et la fidélité » résument l’état d’esprit des partisans du régime. En fin de matinée, Idriss Déby reçoit ses attributs de Maréchal du Tchad des mains du Grand chancelier des ordres nationaux, le général Yaya Oki Dagache. Il s’agit notamment d’une vareuse bleue sombre col doré et d’un sabre.

Intronisé, le Maréchal-Président peut prendre la parole pour exprimer sa gratitude au peuple tchadien pour la confiance et dédier cette distinction à tous ses frères d’armes, officiers et soldats qui paient de leur vie pour libérer le Tchad et assurer la paix et la sécurité des tchadiens. « J’ai accepté ce titre de Maréchal pour récompenser leur vaillance et leur sacrifice. Je voudrais dire à tous ces hommes et femmes que je porte seul les attributs du Maréchal, mais les porte en leurs noms, morts, à la retraite ou jeunes », déclarera en substance le désormais Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno.

Dans les rangs du pouvoir, c’est un sentiment de « satisfaction » qui est partagé pour cette « reconnaissance nationale » à l’actuel Chef de l’Etat. « Les députés, élus du peuple, jettent un regard rétrospectif sur ce qui a été accompli en 60 ans et ils ont identifié un des enfants du pays qui a consacré le plus clair de son temps à défendre l’intégrité du Tchad, la sécurité de nos concitoyens, donc ils ont décidé de l’élever à la dignité de maréchal le jour des 60 ans de notre pays. C’est symbolique, pour lui dire : nous sommes fiers de votre engagement pour assurer l’intégrité de notre territoire et la défense de nos concitoyens », a confié Jean-Bernard Padaré, porte-parole du parti présidentiel, le Mouvement patriotique du salut.

On se rappelle de Jean Bedel Bokassa qui s’est déclaré président à vie en 1972, maréchal en 1974 et empereur de la République centrafricaine de 1976 à 1979 faisant changer le nom du pays en « Empire centrafricain ».
L’empereur à vie avait  été largement critiqué pour son rôle dans le massacre de 100 écoliers, qui a conduit à son éviction par les forces françaises.

Jean-Bédel Bokassa après avoir été renversé, s’était  exilé en France. Il est retourné en République centrafricaine en 1980 pour plaider coupable aux accusations portées contre lui et avait été condamné à la prison à vie.
Il a été libéré en 1993 après avoir purgé une peine réduite, et est décédé en novembre 1996 d’une crise cardiaque.A l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance du pays en 2003, Bokassa avait été gracié.

Idriss Déby se souvient-il du sort de Mobutu Sese Seko et la fin tragique d’Idi Amin Dada eux aussi avaient porté le titre de maréchal?

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