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TRAITEMENT DÉGRADANT DES JOUEURS GABONAIS: SUSPENSION DE LA GAMBIE PAR LA CAF?

Au-delà des intérêts purement sportifs, il faut voir, à travers les images de la sélection gabonaise en rade à l’aéroport de Banjul, comme une injure au football africain.

La CAF, en pleine campagne électorale a donc une occasion non négligeable de montrer à la face du monde, son autorité face à un pays dont les dirigeants sportifs méritent la radiation à vie du football et la Gambie une suspension de son stade voire de toutes les compétitions de la CAF.Cette décision est la plus extrême on en convient, mais c’est à la hauteur du « crime ».

Certains diront que l’incident s’est produit à l’aéroport. Mais l’implication d’une autorité militaire qui a bloqué les passeports de la délégation gabonaise vient conforter la partie adverse avec son statut par ailleurs, de membre influent de la fédération Gambienne de football. Les deux coups de fil donnés par Pierre Alain Mounguengui à son collègue n’ont pas fait bouger les lignes, même pas la simple compassion de venir s’enquérir de la situation selon les codes moraux du sport international.

Donc une vraie sanction éviterait le silence coupable d’une institution dont la confiance de l’opinion reste problématique. Heureusement que la visioconférence organisée dans l’urgence par le secrétaire général de la CAF est déjà la preuve que l’instance faîtière n’a pas été insensible à ces images insoutenables grâce au pouvoir des réseaux sociaux.

À QUI PROFITERAIT UNE SANCTION FINANCIÈRE ?

Le Gabon aurait pu refuser de jouer ce match. Mais le communiqué de la CAF diffusé avant la rencontre était formel. » Il faut diligenter une enquête pour situer les responsabilités… » La formule est sans doute classique, mais cette fois, il faut sévir.

Au lieu de reporter le match d’un jour pour jouer la carte de l’équité sportive, sachant la place de la récupération chez un footballeur de haut niveau, la CAF a fait disputer le match sans doute pour respecter un calendrier déjà serré et les exigences des diffiseurs TV.

Ces péripéties ont forcément impacté le résultat sportif. La CAF doit donc en tirer les conséquences. Parler d’une sanction financière serait irrespectueux pour le Gabon qui voit sa place de leader se faire ravir par des scorpions trop calculateurs et inhumains.

REJOUER LE MATCH EN TERRAIN NEUTRE

La décision de jouer le match en terrain neutre est sans doute la plus équitable, elle serait la conséquence logique de la suspension du stade de la Gambie.D’abord, il est loin d’être aux standards internationaux, ensuite il n’ya aucun esprit de fair-play chez les dirigeants. Le président et son vice-président ne sont pas venus au stade après la réception grossière de son homologue par ailleurs, membre du comité exécutif de la CAF. Quels passionnés du foot aux portes d’une qualification historique pour la Can aux abonnés absents !

LE MESSAGE AUX CLUBS EUROPÉENS

L’attitude de la Gambie a lancé un message aux clubs Européens comme Arsenal qui a désormais des arguments pour retenir son attaquant vedette. C’est pour toutes ces raisons que la CAF doit sévir pour qualifier ce cas d’isolé même si le Benin a déjà subi le même calvaire chez ces récidivistes.

LE VRAI FAUX PRETEXTE

Si les Gambiens veulent brandir la thèse insoutenable de la réciprocité, cet argument n’a pas lieu d’être. Car, le Gabon est resté dans le droit.En plus de son statut de pays hospitalié à en juger par la qualité de deux Can organisées les 8 dernières années, l’hospitalité non contractuelle offerte aux invités parle pour lui et cela sonne comme une vraie culture.

Le protocole sanitaire de la CAF prévoit que toutes les parties prenantes du matchs, joueurs, staffs, médias… doivent justifier d’un test négatif de 48h avant la rencontre.Si on dit que c’est dans le pays d’accueil, à ce moment, il faut exiger que les équipes viennent 72 heures avant chaque match.Dans le même protocole, la CAF dit de se conformer à la réglementation du pays hôte. À ce sujet, la Gambie reçoit sur son territoire les voyageurs justifiant d’un test datant de 72 h. Le cuisinier gabonais, les deux précurseurs et le Ministre des sports Franck Nguema ont justifié de ces documents pour rentrer sur le territoire Gambien sans faire un autre test.Tout comme l’équipe nationale du Gabon qui a fait son test 24 h avant à Franceville.À moins que la crédibilité des tests de Franceville soit remise en question.

Au Gabon, les autorités sanitaires obligent des tests systématiques à l’aéroport à l’arrivée de tous les passagers sans distinction de nationalité.

Or, pour respecter le principe de récupération, les Gambiens se sont fait tester à leur hôtel à la demande des autorités sportives gabonaises par le même laboratoire que leur adversaire.

Donc, parler de tester les joueurs gabonais à l’aéroport ne repose sur aucune réglementation du gouvernement Gambien.

Dans tous les cas, ce dossier aura forcément des prolongations tant qu’une décision digne ne sera pas rendue par la CAF pour sauver l’image du football africain sérieusement ternie avec ce feuilleton de Banjul. Si la question des tests est l’argument principal, pourquoi le Gabon a finalement joué sans faire les tests après avoir passé la nuit à l’aéroport en pleine pandémie ?

Pablo Moussodji Ngoma

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