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APRÈS 15 ANS DE POUVOIR, ANGELA MERKEL DEVIENT CHANCELIÈRE ÉTERNELLE

Plus populaire que jamais, la chancelière fête a fêté  dimanche sa quinzième année au pouvoir. Le pays ne parvient pas à trouver un successeur à sa hauteur.

« Elle va nous manquer. Et Dieu sait qui la remplacera… » C’est ce que l’on entend souvent ces jours-ci en Allemagne, et ce témoignage de respect ne vient pas seulement, loin de là, de conservateurs. Même les Allemands qui n’ont jamais voté pour Angela Merkel sont soudain mélancoliques, voire inquiets, quand ils songent au départ de cette chancelière qui, ce dimanche, fête les 15 ans de son arrivée au pouvoir. Une sympathie que les sondages reflètent plus que jamais.

Selon le baromètre Deutschland-Trend publié à la mi-novembre par la chaîne de télévision publique ARD, 74 % des Allemands sont aujourd’hui satisfaits du travail de leur chancelière. Une forte hausse par rapport à la période juste avant la pandémie. Elle transgresse l’appartenance politique.
Angela Merkel est encore plus populaire aujourd’hui que lors de son élection en 2005. Soixante-douze pour cent des Allemands l’approuvaient à l’époque.

Une seule fois, en 2015 quand elle refusa de fermer les portes de son pays aux réfugiés, sa solide courbe de popularité flageola. La pandémie profite aussi à l’ensemble de la coalition noire (CDU-CSU)-rouge (SPD) puisque deux tiers des Allemands (67 %) se disent satisfaits du travail qu’effectue le gouvernement sous la houlette de la chancelière. Quel contraste avec la grogne il y a un an à peine quand les analystes politiques prédisaient l’éclatement de cette alliance si difficile et la tenue d’élections anticipées !

Un peu comme le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt dans les années 70, Angela Merkel est une de ces dirigeantes qui est au meilleur de sa forme en temps de crise. La crise financière l’avait déjà catapultée en tête des sondages. La crise sanitaire l’ancre solidement dans le cœur des Allemands. Pour la première fois, cette physicienne de formation est en effet capable de mettre à profit ses compétences scientifiques. Les Allemands ont l’impression qu’ils sont entre de bonnes mains et sont rassurés. Angela Merkel, qui, il n’y a pas si longtemps, fut tant critiquée pour son attentisme, sa politique des petits pas et son manque de vision globale, est soudain louée pour sa prudence, sa capacité à garder la tête froide et à analyser calmement la situation. Pourtant, Angela Merkel aimerait mettre le pied sur l’accélérateur. Elle ne se prive pas de critiquer les ministres présidents des seize Länder lorsqu’ils refusent d’imposer des mesures de confinement plus strictes.

Angela Merkel accumule les trophées. Baptisée la « Chancelière éternelle », elle a vu passer quatre présidents américains (dont Joe Biden), quatre présidents français et sept présidents du Conseil italien. Elle est la doyenne des dirigeants européens. Mais elle est aussi en train de doubler tous les autres chanceliers allemands habitués pourtant à une solide longévité politique. L’an dernier, elle détrônait Konrad Adenauer, quatorze ans au pouvoir. L’an prochain, « la gamine » égalera son père spirituel Helmut Kohl, seize ans au pouvoir, qui colla ce surnom à sa protégée avant que celle-ci ne lui succède et devienne la première femme et la première  Ossie  (Allemande de l’Est) à la tête de l’Allemagne.

Mais 2021 sera aussi l’année de son départ. Angela Merkel, à qui on avait un peu forcé la main pour qu’elle se représente aux élections il y a trois ans, ne cesse d’affirmer qu’elle ne sera pas candidate en septembre 2021. Même si la lutte contre le Covid-19 a fait passer en second plan la K-Frage, la question du chancelier, dans les coulisses du pouvoir la bataille pour la succession se joue déjà depuis des mois. Si les sociaux-démocrates ont déjà placé leur candidat, le ministre des Finances Olaf Scholz, les délégués conservateurs éliront le leur lors d’un congrès virtuel à la mi-janvier.

Ils devront choisir entre trois chrétiens-démocrates : Friedrich Merz, ancien chef du groupe parlementaire CDU-CSU éconduit par Angela Merkel ; Armin Laschet, ministre président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le land le plus densément peuplé, et Norbert Röttgen, chef de la commission des Affaires étrangères au Bundestag. À moins qu’ils ne soient doublés en bout de course par Markus Söder, chef de la CSU bavaroise et grand favori de la base des électeurs conservateurs. Pour le moment, Markus Söder répète qu’il n’a aucune intention de quitter Munich. Du moins tant qu’Angela Merkel dirige à Berlin.

Source : Franceinfo

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