LES RADIOS CESSENT D’ÉMETTRE AU TCHAD
Kemba Didah Alain, membre de la coordination de Tournons La Page, et deux autres personnes ont été arrêtés le vendredi 27 novembre dans les locaux de la radio FM Liberté alors que de nombreux journalistes de cette même radio venaient d’être libérés. Kemba Didah Alain est particulièrement visé par le pouvoir tchadien qui l’a enfermé déjà trois fois entre 2016 et 2019 et forcé à quitter le pays à plusieurs reprises pour des raisons de sécurité. Les radios tchadiennes ont été appelées à ne pas émettre ce jour du 1 er décembre 2020 qui tombe avec le trentième anniversaire de l’accession d’Idriss Déby au pouvoir par la force des armes.
« Mesdames et messieurs les journalistes ;
Le peuple tchadien a été témoin le vendredi 27 novembre 2020 de graves violations des droits de l’homme au sein de la radio des droits de l’homme, FM Liberté, cette station qui fait la promotion de la fameuse démocratie dont le régime se targue d’être pionnier. Face à la gravité de l’acte posé par les éléments de la police ayant reçu l’ordre de leur hiérarchie, l’Union des Radios Privées du Tchad (URPT) proteste contre ces agissements moyenâgeux. Pour notre part, le Bureau Exécutif du Mouvement Citoyen pour la Préservation des Libertés (MCPL) condamne l’acte posé par les éléments de la police antiémeute GMIP, et soutient l’URPT dans son action non-violente de « journée sans radio » pour ce mardi 1er décembre 2020, la fameuse « journée de la liberté et de la démocratie ». Mais nous irons plus loin.
Pour revenir aux comportements qui ont cours ce moment, nous disons que c’est une régression terrible de notre démocratie au mérité tant vanté ; on craint une radicalisation du régime. L’article 12 de la déclaration universelle des droits de l’homme fait mention de l’inviolabilité de lieux privés. La constitutionnalisation du droit à la vie privée est indiscutable. Or, l’article 194 de la constitution dit : « L’action de la police nationale s’exerce sur l’ensemble du territoire national dans le respect des libertés et des droits de l’homme. »
Or, le comportement de la police affichée ce jour en brutalisant les journalistes est aux antipodes de la Constitution, de l’ordonnance 015/PR/2011 portant statut général du Corps de la Police nationale.Le régime Déby arrivé au pouvoir a promis « ni or, ni argent mais la liberté ».
Aujourd’hui, ces libertés sont confisquées. Toute manifestation est interdite par le ministère de la Sécurité Publique. On continue à brandir l’ordonnance N°45 de 1962 relative aux réunions publiques et le décret 193 de 1962 portant réglementation des manifestations sur la voie publique.
Le peuple tchadien vit le sinistre en dépit des ressources pétrolières engrangées. Le peuple tchadien croule sous le poids d’un régime qui l’opprime au quotidien par des moyens divers.
Pour toutes ces raisons, le MCPL demande à toutes les tchadiennes et tous les tchadiens d’observer la journée du 1er décembre 2020 comme une « JOURNEE DE DEUIL ET DE RECUEILLEMENT » ; nous appelons les tchadiennes et les tchadiens à rester ce mardi 1er décembre 2020 chez eux, et réfléchir sur leur devenir dangereusement compromis, et ce, en signe de mécontentement de tout ce qu’ils subissent dans leur chair depuis 30 bonnes années.
En faisant ce geste simple, vous exprimez votre mécontentement face à l’arbitraire, face à l’injustice, face au népotisme outrancier érigés en règle de gouvernance.
Je vous remercie !
Fait à N’Djaména, le 30 novembre 2020
Sosthène Mbernodji »