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LE CALEÇON DE JÉSUS-CHRIST SE RETROUVE EN FRANCE

Qu’est devenu le caleçon de Jésus, le périzonium? Le périzonium est un pagne qui servait de caleçon durant l’Antiquité. Aujourd’hui je me suis demandé ce qu’il était devenu. Question bizarre me direz-vous. Mais c’est ce qui arrive quand je suis à un séminaire et que l’intervenant fait tout pour me faire dormir.

Pour éviter de dormir je me suis penché sur le cas du caleçon saint. Il y a peu de trace du slip sacré de Jésus. Selon ce que j’ai pu trouver le boxer très sexy de Jesus est actuellement en France.

Selon le récit légendaire, de retour de Jérusalem,  Charlemagne appelé Descriptio, il est raconté que le roi de Constantinople lui aurait offert des reliques de la Passion (Saint-Suaire, un clou et un morceau de bois de la Vraie Croix, la Sainte Lance et le périzonium) et d’autres reliques d’importance (langes de Jésus, chemise de la Vierge).

L’iconographie a hésité à  représenter Jésus-Christ  vêtu d’une tunique, puis elle a tranché au cours du Moyen Age, vers le XIe siècle. Les soldats romains s’étaient probablement partagé sa tunique avant que Jésus ne soit cloué sur la croix. Cependant, on ne pouvait représenter le fils de Dieu nu comme l’étaient pourtant les crucifiés dans la tradition romaine. On l’affubla donc d’un linge autour de la taille et les artistes s’emparèrent de ce morceau de tissu pour en créer diverses collections souvent révélatrices d’un style artistique ou des mentalités d’une époque. Ce bout de tissu cache la masculinité d’un homme mort cloué sur la croix pour racheter le péché de l’Humanité.

Cette effroyable image choisie par le christianisme dès l’époque paléochrétienne doit rappeler à chaque chrétien le sacrifice divin et la nécessaire croyance dans le Salut et la Rédemption. Ce n’est plus un corps mort qui est exhibé aux yeux des croyants mais une image-signe dont toute la violence est extirpée, car on leur a raconté que cet homme envoyé par Dieu est ressuscité et puis monté aux cieux. On cache sa nudité parce qu’il est un homme, on cache sa nudité parce qu’il est un dieu.

Par la force de sa présence dans l’iconographie et dans un contexte d’essor des objets de culte, le perizonium est ainsi devenu au cours du Moyen Age une relique. On ne sait d’où elle provient et comment ce tissu aurait été retrouvé mais la relique existe bel et bien. Dans l’épopée de Charlemagne, il est raconté que le roi de Constantinople lui aurait offert, avec d’autres reliques d’importance comme le Suaire du Christ, lors de son voyage retour depuis Jérusalem. Il l’aurait ensuite déposé à Aix-la-Chapelle où la relique est toujours conservée, dans le trésor de la cathédrale, au cœur de l’ancien palais carolingien. Il ne s’agit d’ailleurs pas de n’importe quelle relique, c’est une relique christique liée à la Passion et, puisque le tissu a touché le corps de Jésus, c’est aussi une relique de contact dont la puissance symbolique et miraculeuse draine encore nombre de pèlerins qui viennent admirer et vénérer chaque année le slip du Christ. La relique se présente pourtant sous la forme d’une pièce de tissu informe maintenue par plusieurs sangles qu’on montre aux fidèles à travers une vitrine. Néanmoins, il faut reconnaître qu’elle est beaucoup moins connue que le Suaire de Turin ou le Voile de la Véronique conservé à Rome. Peut-être subsiste-t-il une certaine pudeur chrétienne à vénérer le pagne de Jésus crucifié ?

L’histoire de l’art n’a pas étudié sur la durée la forme de ce tissu porté par le Christ car ce n’est qu’un détail de la Crucifixion. L’analyser consisterait en une histoire du drapé, de la couleur et de la transparence. Alors que Jésus apparaît hiératique sur la croix au moins jusqu’au XIe siècle, le perizonium ressemble à un simple pagne qui tombe droit sur ses jambes, raide comme l’est ce Christ juge aux yeux ouverts. Il s’anime, en revanche, au fil des siècles alors que le Crucifié devient de plus en plus un homme qui souffre et dont le corps fléchit sous le poids de la douleur sur la croix. L’apothéose du drapé a lieu à l’époque baroque : les Tintoret, Zurbaràn, Vouet, offrent aux fidèles des envolées de tissu entourant la taille du Christ. L’objet perizonium est alors l’unique élément vivant de ces Crucifixions peintes et sculptées. Son dynamisme et sa blancheur souvent immaculée contrastent avec le corps mort du Christ. Ils accentuent l’effet dramatique de la scène. De plus en plus, le tissu laisse apparaître les plis de l’aine du Christ, la pièce de tissu devient ainsi un cache-sexe sensuel, ne suggérant que mieux ce qu’il cache.

Depuis le début du XXe siècle, rares sont les artistes à avoir essayé de renouveler l’iconographie christique ou du moins de l’interroger. L’Eglise ne commande presque plus d’œuvres et la création artistique ne se penche que sporadiquement sur les sujets bibliques, souvent de manière polémique.

Au commencement du XXIe siècle, Jean Hurpy, lui, a décidé de questionner plastiquement la scène de la Crucifixion dans ses études pour un Christ en croix. Mais cette fois-ci, ce n’est pas le corps du Christ, sa chair, qui préoccupe l’artiste, ce sont des détails profanes, voire triviaux, du thème. Sans leur titre, il serait ainsi difficile de reconnaître les pièces de tissu que dessine Jean Hurpy. Pourtant, au fil de l’observation, on peut distinguer sur quelques dessins, un fragment de slip – les initiales CK surmontant l’un des fusains. Ce Christ peut donc être vêtu d’un sous-vêtement de l’époque contemporaine d’une marque à la mode. Comme ses prédécesseurs, représenter le perizonium du Christ est un prétexte pour un travail sur le drapé, le drapé ici d’une culotte pour homme. Les dessins de Jean Hurpy au fusain sur papier semblent être la trace en négatif du vêtement porté par Jésus, des sortes de dessins-suaires d’un Christ contemporain qu’il a choisi de fragmenter. Les études pour un Christ en croix de l’artiste entrent dans une histoire du détail : le Crucifié a ici disparu et n’est plus évoqué que de manière métonymique par le tissu qui cachait sa nudité, le corps s’est effacé… pour laisser place à un évocateur polyptique fragmentaire.

La relique du périzonium est toujours conservée dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, les autres ayant été transférées en 876 par Charles II le Chauve à l’abbaye royale de Saint-Denis et l’église Saint-Corneille de Compiègne.

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