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LA FRANCE LÂCHE BOZIZÉ ET SE REPOSITIONNE EN RCA

C’est un vrai jeu de poker menteur qu’on assiste en République Centrafricaine. Alors qu’on disait que Paris était derrière l’ancien chef d’État Bozizé pour revenir aux affaires, voici Emmanuel Macron qui sort nuitamment de son confinement pour se mettre au centre du jeu.

Le président français  s’est entretenu avec le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, mercredi 23 décembre. Il a « condamné » l’action des groupes armés, qui menacent la tenue des élections présidentielle et législative dimanche, et a qualifié les attaques de ces  groupes de « tentatives de déstabilisation », selon le communiqué de l’Elysée.

« Le président de la République a condamné les tentatives des groupes armés et de certains leaders politiques, dont M. François Bozizé, visant à faire obstruction à la mise en œuvre des accords de paix et à la tenue des élections selon le calendrier prévu et soutenu par la communauté internationale », écrit la présidence française.

Emmanuel Macron a aussi « salué » la « réponse de fermeté » des Casques bleus de la Minusca, la mission de l’ONU dans le pays, qui ont repris mercredi la quatrième ville du pays, Bambari, aux rebelles, qui s’en étaient emparés la veille.

L’Elysée indique qu’Emmanuel Macron, à la demande de son homologue centrafricain, « a ordonné la réalisation d’une mission de survol du territoire centrafricain par des avions de chasse ». Une mission qui « marque la condamnation par la France des tentatives de déstabilisation du pays. »

Cependant, le communiqué de l’Élysée évite soigneusement de citer la présence militaire de la Russie sur le territoire centrafricain. Pourtant, le 26 janvier 2019, le

 

 ministre français des Affaires étrangères a évoqué « une situation très confuse ». Il a surtout pointé du doigt la présence « anti-française » de la Russie. « Ce n’est pas vraiment l’armée (mais) des supplétifs qui agissent sous l’autorité d’un Monsieur qui s’appelle M. Prigojine », a lancé Jean-Yves Le Drian en nommant « la force Wagner ». Cette déclaration s’inscrit sur fond de rivalités franco-russes en République centrafricaine. Wagner ou PMC Wagner est une société de mercenaires russe créée par Dmitri Outkin, un ancien officier du GRU (renseignements militaires russes).

Le gouvernement centrafricain  a accusé le 19 décembre de « tentative de coup d’Etat » l’ex-président François Bozizé, dont la candidature à la présidentielle a été invalidée en raison de sanctions de l’ONU. La France était restée silencieuse comme attendant prendre le côté qui allait remporter la dernière bataille. Maintenant que Bozizé est en difficulté, l’Elysée le lâche publiquement.

La France compte quelque 300 soldats en Centrafrique, qui mènent des actions de formation des forces armées nationales et assurent si nécessaire un appui à la Minusca, forte de 11.500 hommes.

En décembre 2013, après le coup d’État contre le Président Bozizé et l’embrasement qui avait suivi, Paris avait déployé plus d’un millier de soldats de l’opération Sangaris, sous mandat de l’ONU, pour rétablir la sécurité. Sangaris, qui a compté jusqu’à 1.600 hommes, est restée en place jusqu’en 2016.

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