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LA MORT DE LA PREMIÈRE DAME DU GABON

Le vrai débat est là : Où êtes vous mon général ?

La lumière qui éclairait la vie d’Omar Bongo Ondimba s’est éteinte. Il est désormais dans l’obscurité, perdu. Où est sa Lucie, son docteur? La tristesse et le chagrin lui collent profondément à la peau. Le président de la République, riche et puissant, s’est retrouvé dans une situation d’impuissance totale. Rien n’y put, Edith Lucie a tiré sa révérence, malheureusement dans un contexte de très haute tension.

Comment va t-il continuer à gérer sa vie et son pays sans sa lumière ? Comment pourra t-il continuer à se vanter d’avoir épousé la première dame d’Afrique Centrale la plus calée sur le plan universitaire ? De l’indépendance à ce jour, Edith Lucie Bongo Ondimba reste l’épouse d’un chef d’état dont le niveau universitaire reste le plus élevé : docteur en médecine. Une réalité dans son curriculum vitæ dont Omar Bongo Ondimba ne faisait point l’économie autour de lui.

Denis Sassou Nguesso, père d’Edith Lucie vient de perdre son premier enfant dont il reste si fier. Encore plus fier qu’Omar Bongo Ondimba car, tout semble réussir à sa fille: les études, le mariage, des enfants brillants, structurés et les œuvres immortelles laissées à la postérité. Elle symbolise la belle femme africaine, intelligente, charismatique, humaine et chaleureuse. Celle qui, par ses qualités, continue de séduire et de conquérir par la nostalgie le peuple gabonais. Mieux, elle inspire encore la femme gabonaise qui jusqu’aujourdhui est restée orpheline de sa présence. Disons le, une telle lumière ne se remplace pas. Lucie, Sassou Nguesso l’a nommé.

Alors qu’il faut désormais quitter le Maroc, la température monte tout d’un coup de mille volts entre les deux familles fortement affligées. Les conciliabules se multiplient de part et d’autre tandis que les concertations tendent à nourrir une pression terrible sur Omar Bongo Ondimba, déjà lessivé et sérieusement affecté.

C’est alors qu’une foule immense s’est spontanément rendue à l’aéroport Léon Mba pour accueillir celle qui épouse encore la pensée des gabonais par ses sourires et son souvenir. Le peuple gabonais aime Edith Lucie, c’est cette mobilisation immense qui en fait foi comme cela a été le cas pour Omar Bongo Ondimba et André Mba Obame.

C’est dans une salle au décor électrique qu’à lieu l’ultime bras de fer entre les deux hommes qui avaient le plus aimé Edith Lucie, son père et son époux. Omar Bongo aurait tout donné pour convaincre Denis Sassou Nguesso que sa femme reposât au Gabon, cette terre qui l’a épousé en même temps que lui. Mais comment et où trouver la force puisque celle qui le ravitallait en énergie vitale n’est plus.

 » Maintenant que tout est terminé, je vais emmener mon épouse au village pour l’enterrer  » annonça
André Oyini, neveu d’Omar Bongo Ondimba, commandant en chef de la garde républicaine qui avait la culture de la transmission de l’histoire.

Jean Dominique Okemba, neveu de Denis Sassou Nguesso de préciser que « la mémoire d’Edith Lucie serait mieux honorée à Oyo chez son père qu’au Gabon. Et c’est la raison pour laquelle elle y reposera ». Omar Bongo et Sassou Nguesso observaient leurs représentants respectifs tirer la couverture « lumineuse » à soi. Un tel trésor se discute et c’est normal.

Agacé par ces joutes oratoires, Denis Sassou Nguesso, s’adressant à son beau fils, Omar Bongo Ondimba, cria à trois reprises et d’une voix forte » Président ce n’est pas ce que nous nous sommes dits ». Affaibli et complètement perdu, Omar Bongo fit signe à son neveu Oyini de jeter l’éponge. C’est ainsi que la première dame quitta le Maroc pour être enterrée au Congo en passant par le Gabon.

N’imaginant pas la foule nombreuse qui les attendait à Libreville, le peuple gabonais ne savait pas et ne mesurait pas l’honneur qu’il venait de faire au président Omar Bongo qui venait pourtant de perdre au Maroc le match de sa vie. Et ce dernier, sur la route conduisant le corps sans vie de son épouse au palais présidentiel de dire » je ne sais pas ce que je pourrais donner au peuple Gabonais… ».

C’est dire que lorsque Léon Armel Bounda Balonzi et les siens décident d’arracher le terrain « Le Jardin Botanique  » aux enfants d’Edith Lucie Bongo Ondimba, ils ne savent pas ou ne mesurent pas le coup mortel voire fatal qu’ils ont publiquement donné sur la tête et l’honneur d’Omar Bongo. En voyant cet acharnement ou cette violence sur les enfants de la première dame Edith Lucie, c’est une fois de plus Denis Sassou Nguesso qui vient d’avoir raison sur Omar Bongo Ondimba devant tous ceux qui ont voulu jouer les médiateurs lors du choix du lieu d’enterrement.

Quand en effet, certains n’ont pas ces détails historiques qui d’ailleurs ont contribué à précipiter la mort du président de la République, ils ne peuvent que poser ce type d’actes graves et honteux. Finalement Denis Sassou Nguesso ne peut se reprocher d’avoir « arracher  » aux gabonais leur première dame la plus calibrée, la plus structurée et la plus aimée.

De ce qui précède, François Mitterrand n’est pas le seul homme sur terre à croire aux forces de l’esprit. Les peuples africains, tous quasiment y croient. Aussi, dans nos coutumes, enterrer quelqu’un chez soi, dans son village ou dans son pays, a un sens très profond. Derrière un grand homme se cache une grande dame. Une lecture dépassionnée de l’œuvre d’Omar Bongo, c’est-à-dire objective voire scientifique, devra un jour être faite. Et d’aucuns pourraient lui reconnaître un certain mérite pour lequel Edith Lucie devrait récolter sa part.

A ce jour, elle est la seule première dame dont l’œuvre en faveur du peuple gabonais vit au delà de son souffle coupé. Horizons nouveaux continue d’accueillir des enfants handicapés qui ont besoin d’un suivi médico-social particulier voire spécial. Quel soulagement pour les familles si durement touchées ?

El Rapha reste une structure sanitaire de référence, garante d’une certaine sécurité pour nos malades et pour l’emploi stable du personnel soignant. Edith Lucie Bongo Ondimba continue, même dans la tombe au Congo, a sauvé des vies au Gabon. Quoi de plus honorable? Comment mieux respecter son serment de docteur en médecine ? Comment mieux fidéliser son pacte avec les populations gabonaises ?

Enfin, il y a Michel Dirat, son établissement scolaire. Pour éduquer, former et transmettre, quoi de meilleur que l’école ? Et c’est justement parce qu’elle était attachée aux valeurs traditionnelles basées sur la RECONNAISSANCE qu’elle ressuscite et valorise le nom de son grand-père au Gabon où elle est venue en mariage. Une façon de lier davantage nos deux peuples. Michel Dirat, cet homme pour qui elle « a » certainement une grande estime, forme et éduque les gabonais. Quel symbole.

Si le docteur Edith Lucie Bongo Ondimba avait à gérer la pandémie du Covid-19, nul doute qu’elle le ferait avec le même génie qu’elle le fit pour le VIH Sida dans notre pays. D’ailleurs les chiffres de cette maladie qui tue dans toutes les familles gabonaises sont en forte hausse depuis son départ prématuré. Ah maman Edith !

Quand on est pionnière dans une rubrique de la vie, ça ne s’ignore pas. Les faits resteront les faits. Edith Lucie Bongo Ondimba reste à ce jour la première dame la plus instruite de l’Afrique Centrale. Ses oeuvres continuent d’impacter la vie du citoyen gabonais. C’est en cela qu’on reconnaît la grandeur d’une personne.

Aussi, tout gabonais ne devrait pas accepter, qu’au moment où on parle des orphelins qu’on spolie dans les familles, on puisse arracher le jardin Botanique aux enfants de cette dame qui a posé des actes encore visibles à ce jour. Une chose qu’André Oyini » n’aurait jamais accepté rien qu’en mémoire d’Omar Bongo mais surtout parce qu’il fut témoin voire détenteur de la charge émotionnelle qui avait animé le président au moment où il était question de discuter la lumière que représente Edith Lucie Bongo Ondimba née Sassou Nguesso.

Où êtes vous mon vieux général ? Omar Bongo Ondimba a mal, très mal.

Par Télesphore Obame Ngomo

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