LA VIDÉO D’ASSASSINATS DE CIVILS QUI MET LE RÉGIME ALI BONGO À GENOUX
Nous sommes bel et bien en 2021. Et cela suppose que notre culture politique ne manque pas de ressources ou d’exemples pour mieux affronter le temps et les événements de la vie. L’histoire nous enseigne qu’alors qu’il était malmené et débordé par une forte colère de la population, le président Joseph Mobutu eut la triste et cynique idée d’attaquer quelques ressortissants belges en faisant porter cette responsabilité aux manifestants déchaînés afin de s’attirer le soutien immédiat de la Belgique.
La manœuvre fonctionna le temps de lui permettre de rebondir sur ses jambes avant que les enquêtes des experts belges démasquèrent sa supercherie. Malheureusement pour lui, il le paya très cher, par sa chute spectaculaire et son exil qu’il vit toujours bien que dans la tombe.
Dans notre pays, avec la « révolution des casseroles » lancée par trois soutiens du régime en place, à César ce qui est à César, le pouvoir tend à présenter les signes indiscutables d’une très grande fébrilité. D’abord, aucun analyste sérieux ne peut justifier autrement (1) la prise de parole de cinq autorités publiques le même jour si ce n’est le symbole d’une panique avérée.
(2) Les communiqués lus par le procureur de la République et le commandant en chef de la police nationale étaient quasiment identiques. Ce qui prouve que les textes lus ont été rédigés par la même entité. On comprend mieux la distance qui se voyait entre le texte et celui qui le lisait. (3) Les seules variantes qui y ont été apportées pour ne pas donner l’impression d’un copier coller ont manifestement apporté de la cacophonie. Ce fut l’heure de la confusion et le constat d’un faux départ, conditionnant la suite. (4) Pourquoi le commandant en chef de la police parle t-il au nom des forces de sécurité et de défense ? Cela confirme bien qu’il n’était pas l’auteur dudit texte car, lui même ne l’aurait jamais fait.
C’est autant d’éléments qui prouvent qu’il y a du flou dans l’air. Et quand c’est flou c’est qu’il y a le loup, donc un danger. C’est ce qu’on va constater à travers une vidéo devenue virale présentant une voiture blanche et des hommes allumant le feu dans une direction précise. Tout ce qui ressemble à un commando en mission.
Ce type de vidéo ne peut que provenir d’une caméra professionnelle et des services autorisés de la République. Et il n’est pas un secret que dans la ville, certaines zones disposent de caméras de surveillance afin d’assurer la sécurité des biens et des personnes. De plus, le traitement de cette vidéo relève également d’un travail de professionnel. Entre le zoom qui est fait et la vidéo version naturelle qu’on voit simultanément. La question qui se pose à ce niveau est: quel service a mis cette vidéo à la disposition du grand public, limitant le nombre d’hypothèses sur la mort de nos compatriotes ?
L’union européenne et la France qui ont des experts en criminologie sauront avec précision les détails de cette affaire dramatique. Au moins on est sûr que ces partenaires resteront fidèles à l’esprit de leurs engagements sur la question des droits de l’homme dans notre pays. Des sanctions pourront être prises pour les responsables de ces assassinats. Et tout ce qui se fait ici et ailleurs, grenade par ci et vandalisme par là, constitue une manière claire de semer la confusion. C’est peine perdue, Mobutu l’avait déjà fait. La principale chose à faire et qui est simple c’est d’annuler les mesures gouvernementales querellées.
En 2006, Jacques Chirac avait lancé le Contrat Premier Embauche. Les syndicats, les élèves et les lycéens mécontents étaient descendus dans la rue pour rejeter cette réforme portée par le premier ministre Dominique de Villepin. Malgré les manifestations, la loi avait bel et bien été votée au parlement puis déclarée conforme à la constitution par le conseil constitutionnel. Cependant, pour ramener la sérénité dans le pays, Jacques Chirac fit preuve de sagesse pour son pays lors d’une allocution en annonçant que la loi sera promulguée mais en ajoutant qu’elle ne sera pas appliquée en pratique. Une situation ridicule qui avait le mérite de (1) ne pas faire perdre la face au gouvernement et (2) de ramener le calme dans le pays.
Cette manœuvre habile de Jacques Chirac a bien marché pour le tirer d’affaire mais elle a coûté cher à l’ambition politique de Dominique de Villepin, lui qui rêvait d’un avenir à l’Élysée. C’est dire que si le pouvoir ne recule pas, il va incontestablement se retrouver dans une impasse qui pourrait lui être fatale. La révolution des casseroles fédère aujourd’hui tous les gabonais et étrangers frustrés par cette gouvernance qui n’offre aucun moyen de se projeter dans l’avenir. Bientôt il ne sera plus question de revoir les mesures gouvernementales liées au Covid-19 mais d’en découdre avec l’incompétence et l’arrogance au sommet de l’Etat. Ce pilotage à vue et enfantin du Gabon doit rapidement s’arrêter.
Quand on collectionne les transgressions les plus folles, on le paie et au prix fort et nous y sommes. De nombreux médias étrangers relaient de plus en plus cette actualité et ils se nourrissent des informations des sites, forums et blogs sérieux du net. Ce qui n’est pas de nature à protéger le pouvoir dont les espaces de discussions et d’informations collectionnent les injures et les caricatures. On a presqu’envie de leurs dire « revoyez vos copies ».
De cette situation, que le gouvernement prenne acte de son échec dans la gestion du Covid-19. Pour s’en convaincre il n’y a pas meilleure situation que celle du Wally Ré Ndama qui en est désormais le véritable symbole. Qu’il assume pleinement les conséquences, tout simplement. La gestion d’un pays est une affaire de gens sérieux, talentueux et respectueux. Toutes autres considérations relèvent de l’imposture. Et ça, les gabonais de tous les horizons, de tous les genres en ont marre. L’impasse dans laquelle le pouvoir navigue va le crucifier.
Omar Bongo Ondimba ne peut pas, au Gabon, se retrouver condamner au tribunal pour une affaire de terrain pourtant acquis à la régulière par son épouse Édith Lucie Bongo Ondimba. Fabrice Andjoua Bongo Ondimba ne peut pas, dans notre contexte actuel, se retrouver abusivement accusé et humilié par la presse du pouvoir sans qu’on ne se pose des questions sur le niveau de réflexion de ceux qui décident ou dictent.
C’est la preuve que finalement Marie Madeleine Mborantsuo n’est pas partie prenante du Capharnaüm sévissant au sommet de la République. De ce fait, nul doute que d’aucuns estiment qu’ils seraient désormais temps de laisser les choses basses mourir de leur propre poison. Par conséquent, chacun assumera ses actes le moment venu. Il ne sert à rien de prolonger le bail politique de gens ingrats et irrespectueux.
Pascaline Mferri Bongo Ondimba ne peut pas se retrouver rabaissée par les médias émargeant au château sans nous faire comprendre qu’aucun royaume divisé ne peut régner. Même le lion sait que tous les animaux de la forêt ne sont pas compatibles avec sa panse. En clair, cela voudrait tout simplement dire que le pouvoir est maintenant entrain de traverser la vallée de sa fin. Tout dans la vie étant symbole.
Aucune vidéo inspirée des méthodes de Boko Haram ou autres groupes terroristes ne parviendra à divertir l’opinion publique nationale et internationale sur l’objectif des gabonais : retirer vos mesures gouvernementales liées au Covid-19 ou retirez vous tout simplement. Nous avons un pays à construire.
Par Télesphore Obame Ngomo