LA RUSSIE EXIGE LE TRANSFERT DE BOZIZE À LA CPI
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Centrafrique, un acteur international très actif dans ce pays depuis 2018 cristallise de nombreuses interrogations : la Russie. Des questions qui se sont multipliées avec l’envoi d’« instructeurs », la livraison d’armes et récemment, l’offensive armée sur le terrain aux côtés des Forces armées centrafricaines, contre la coalition armée CPC. L’ambassadeur de Russie en Centrafrique, Vladimir Titorenko, a accepté de donner sa version des faits à Charlotte Cosset.
Quels sont les secteurs d’investissement qui intéressent la Russie en Centrafrique ?
Il faut inverser la question : dans quels domaines la République centrafricaine est-elle intéressée par les investissements russes ? Aujourd’hui, le président, le chef du gouvernement, ainsi que le ministre du groupe économique ont exprimé leur intention de recevoir des investissements russes, d’établir la coopération intensive économique dans le domaine des ressources naturelles, dans le domaine de l’énergie et en particulier hydroélectrique, dans le développement du secteur de l’agriculture, ainsi que dans les infrastructures de transport.
Les organes régionaux appellent au dialogue, encore, avec les groupes armés. Quelle est votre position par rapport à cela ?
Nous ne sommes pas contre le dialogue national, mais la question numéro un, c’est : avec qui ? Si les pays voisins demandent le dialogue avec l’opposition armée, comme par exemple le CPC de Bozizé, ou les groupes armés qui sont devenus les alliés de CPC dans la tentative d’un coup d’État, nous sommes, comme les autorités de ce pays, contre ce dialogue. C’est pourquoi nous rejetons les efforts de quelques pays voisins, d’imposer sur les autorités de ce pays, le dialogue avec des personnes comme monsieur Bozizé, parce que c’est un criminel et il n’y a pas de dialogue avec les criminels. Il doit être arrêté et il doit être jugé par la loi de ce pays, ou, peut-être, par la Cour pénale internationale à La Haye. Aujourd’hui, on peut dire qu’avec tous les succès des FACA, appuyées par nos instructeurs et la force militaire du Rwanda, nous avons déjà rétabli le contrôle du gouvernement sur plus de 60% du territoire. Mais ce n’est pas encore suffisant, les bandits continuent d’attaquer la position des autorités légitimes. C’est pourquoi je pense qu’il faut en finir avec cette rébellion et après nous pourrons commencer le dialogue.
Vous disiez aussi, dans vos objectifs, soutenir le gouvernement face aux groupes armés. Comment vous y participez ?
Avec l’avancement des groupes armés, le gouvernement qui était sous menace de la reprise de Bangui, a appelé la Russie au niveau du président, afin de l’aider du point de vue militaire à sauver la situation. Et nous avons envoyé 300 autres instructeurs militaires (NDLR, en plus des 235 déjà présents), ainsi que quatre hélicoptères de combat. Nos instructeurs ne participent pas dans le combat directement, ils sont toujours avec les FACA pour améliorer leur capacité dans le combat. Mais si les groupes armés ouvrent le feu sur nos instructeurs, ils peuvent réagir, mais ils ne participent pas, ni dans l’attaque, ni dans l’offensive.
Sur le terrain, beaucoup témoignent des combats des forces russes…
Non, ils sont avec toute l’unité des FACA qui participe au combat. Vous savez, à la guerre, c’est comme à la guerre… Il n’est pas possible de l’éviter, parce que, si vous êtes dans le rang des FACA qui attaquent les positions, vous devrez accompagner. Il n’est pas possible d’éviter tous les risques d’être blessé…
Que dites-vous aux acteurs qui affirment que ce ne sont pas des instructeurs, mais des combattants de compagnies privées, type Wagner, ici ?
La société Wagner est le produit d’une imagination, cela n’existe pas. Selon la loi russe, les sociétés militaires privées sont interdites. Ici, il y a une mauvaise compréhension. Les instructeurs russes ne travaillent pas comme les représentants d’une société privée de la Russie, mais ils travaillent selon leur contrat, avec le ministère de la Défense. Ils ne peuvent être considérés, ni comme des mercenaires ni comme des représentants de sociétés privées militaires.
Autre personnalité russe très en vue, ici à Bangui, c’est Valery Zakharov. Qui est-il par rapport à vous ?
Monsieur Zakharov n’a rien à faire avec la Russie, parce qu’il est le conseiller pour la sécurité du président de la République centrafricaine. Il n’est pas responsable des instructeurs ni de notre mission militaire. Ici, nous avons la mission militaire, qui est la représentation officielle de notre ministère de la Défense nationale russe, auprès du ministère de la Défense nationale de la République centrafricaine, avec cinq officiers dirigés par le général parachutiste monsieur Polguev.
Source : RFI