UN PROCUREUR ASSASSINÉ À COUPS DE COUTEAU DANS SON BUREAU
Après les rebelles qui ont assassiné un chef d’État de surcroît maréchal, voici un hors-la-loi qui assassine un homme de loi avec un incroyable sang froid au Tchad. En effet, le procureur de la République près le Tribunal de grande instance d’Oum Hadjer, Ahmat Mahamat Amba, nommé il y a quelques mois, a été tué dans son bureau le mercredi 23 juin 2021.
Selon le journal alwihdainfo, Ahmat Mahamat Amba a été tué mercredi par un justiciable alors qu’il se trouvait dans le bureau du palais de justice. Il a reçu deux coups de poignard au niveau du cœur.
Transporté d’urgence à l’hôpital, puis admis au bloc opératoire, il a succombé à ses blessures, a expliqué le commandant de brigade territoriale adjoint, Abdelhak Abdoulaye. Son assassin a été abattu par les forces de sécurité à son tour.
Le lendemain, la dépouille du procureur a été portée par ses camarades et inhumée sans avoir procédé à l’autopsie. Le syndicat des Magistrats du Tchad (SMT) s’indigne par rapport à cet assassinat qui « fait suite à la sempiternelle question de la sécurité des magistrats dans l’exercice de leurs fonctions maintes fois dénoncées par les Magistrats » .
Par ailleurs, le Syndicat a appellé tous les magistrats à observer un arrêt de travail de trois jours avec effet immédiat sur toute l’étendue du territoire.
A cet effet, une Assemblée Générale Extraordinaire est prévue pour ce lundi 28 juin 2021 à 9 heures au Palais de justice de NDjaména.
Ci-dessous le témoignage d’un de ses camarades:
« Le Procureur Ahmat Hamba, que j’appelle affectueusement » grand frère » fut, en 2012, mon promo à l’École Nationale de Formation Judiciaire, à la section magistrature. Après qu’il ait exercé pendant près de quatre ans comme Président du Tribunal de Grande Instance de Bol, je l’avait remplacé à son poste en 2019.
Il avait laissé, dans toute la Province du Lac, le témoignage d’un magistrat rigoureux, intraitable, qui ne se soumettait à aucune injonction, d’où qu’elle vienne, si ce n’est la conviction intime de ce qui lui semble être juste et conforme à la loi. Ce qui lui avait d’ailleurs valu des relations très tendues avec certaines autorités administratives.
Très souvent incompris, en raison de son sérieux et son inflexibilité dans un pays, comme le nôtre, où dire le droit et tenir à ses convictions n’est pas une tâche facile, je garde de lui le souvenir d’un homme soucieux du droit, qui croit jusqu’au bout à la vertu de la droiture et de l’intransigeance, qui s’est engagé dans le métier pour faire utile à la société.
Mais lorsque, dans un pays, des citoyens s’attaquent de manière récurrente à des magistrats, et aussi tout récemment à des ministres, dans l’exercice de leur fonction, il faut sérieusement se poser des questions sur la déliquescence de notre Etat et agir vite avant qu’il ne soit trop tard.
Puisse Allah, le Tout Puissant, recevoir l’âme du défunt dans son vaste Paradis. »