UN NOIR ANALPHABÈTE PLUS FORT QUE LA CALCULATRICE
Les calculs complexes comme l’observation des étoiles sont effectués par un ordinateur, mais Thomas Fuller, à son époque, était capable de faire ces équations à plusieurs chiffres, grâce à sa seule mémoire.
Thomas Fuller, connu sous le nom de Negro Tom ou Virginia Calculator est né en 1710 en Afrique de l’Ouest. Le lieu de sa naissance semble être, entre le Libéria actuel et le Bénin. A quatorze ans, il a été volé et vendu comme esclave en Virginie en 1724, où il a servi son maître qui était planteur.
Son histoire sera révélée grâce aux écrits de l’abolitionniste anglais Thomas Clakson qui décrit en 1788 les conditions de transport des captifs africains vendus sur les comptoirs africains à des marchands d’esclaves américains : Il est étonnant de voir avec quelle facilité les courtiers africains tiennent compte de l’échange de marchandises européennes contre des esclaves. L’un de ces courtiers a dix esclaves à vendre, et pour chacun d’eux, il exige dix articles différents. Il les réduit immédiatement par la tête en barres, cuivres, onces … et frappe immédiatement l’équilibre.
L’Européen, en revanche, prend sa plume, et avec une grande délibération, et avec tous les avantages de l’arithmétique et des lettres, commence à estimer également. Il est si malheureux qu’il se trompe : mais il se trompe aussitôt qu’il est détecté par cet homme de qualité inférieure, qu’il ne peut ni tromper dans le nom ou la qualité de ses biens, ni dans le solde de son compte. (Thomas Clakson).
Esclave, Thomas Fuller était analphabète, il ne savait ni lire ni écrire l’anglais, mais il avait un don que personne n’avait, celui de résoudre des problèmes avec une exactitude et une rapidité à faire pâlir une calculatrice ou un ordinateur. Cette capacité à calculer vite et juste a choqué les colons pendant de très longues années. Tom Fuller pouvait résoudre les problèmes de mathématiques même les plus complexes au point que des agriculteurs du Nord de la Virginie, Presley et Elizabeth Cox, ont utilisé le talent de l’esclave, pour la gestion de leur ferme.
Quand il avait environ soixante-dix ans, deux messieurs, originaires de Pennsylvanie, à savoir, William Hartshorne et Samuel Coates, ayant entendu parler de ses pouvoirs extraordinaires en arithmétique, ont cherché à le connaître. Ils sont repartis satisfaits des réponses à toutes leurs questions. Les deux hommes respectables lui ont posé plusieurs questions dont ces deux principales : Combien de secondes il y a en 18 mois? En deux minutes, Tom Fuller a répondu 47 304 000. Puis la deuxième question : Combien de secondes en soixante-dix ans, dix-sept jours, douze heures? et à leur plus grande surprise, il lui a juste fallu une minute et demie pour qu’il réponde : 2 110 500 800.
Lorsque l’un des messieurs qui élaboraient les questions lui a dit qu’il avait tort, que la somme n’était pas aussi grande qu’il l’avait dit, le vieil homme a répondu rapidement : «Arrêtez, maître, vous oubliez l’année bissextile.» En ajoutant le montant des secondes des années bissextiles, le montant de l’ensemble dans leurs deux sommes était exactement semblable.
Pour le Columbian Centinel, un journal de Boston dans le Massachusetts, l’esclave Thomas Fuller aurait été célèbre dans le monde, si seulement il n’était pas né esclave. Le jour de sa mort, le journal écrivit : «Ainsi mourut… Tom, cet arithméticien autodidacte, ce savant non instruit! Si ses chances avaient été égales à celles de milliers de ses semblables, ni la Royal Society de Londres, l’Académie des sciences de Paris, ni même Newton lui-même n’auraient eu honte de le reconnaître comme un frère des sciences. »
N’ayant jamais reçu d’enseignement aux Etats-Unis, il est sûr que Thomas Fuller a appris à résoudre ces équations quand il était en Afrique.
Quelqu’un qui avait été témoin de ses dons de génie, lui a fait remarquer que c’était dommage qu’il n’ait pas été éduqué, Thomas Fuller a répondu : «Il vaut mieux que je n’apprenne rien. Pour beaucoup d’hommes instruits, soyez de grands imbéciles.»
À la fin de sa vie, Negro Tom était sur la propriété d’Elixabeth Coxe d’Alexandrie.
En 1790, Thomas Fuller est décédé à l’âge de 80 ans.