UN PRISONNIER ENSEIGNE LES DOCTORANTS ET CORRIGE LES THÈSES DEPUIS SA CELLULE
Joël Aïvo, 47 ans, originaire de Porto-Novo, est l’une des figures de l’opposition. Le constitutionnaliste et professeur de droit n’a pas pu se présenter à la dernière présidentielle au Bénin . Son dossier de candidature, avec son colistier Moïse Kérékou, a été rejeté, faute d’avoir recueilli les 16 parrainages d’élus nécessaires. Les opposants ont dénoncé un système Talon qui verrouille l’élection, puisque la quasi-totalité des parrains appartiennent à la majorité présidentielle.
Incarcéré depuis avril 2021, le professeur Frédéric Joël Aïvo n’a pas abandonné les doctorants dont il a la charge. La correction des thèses de ces derniers fait partie du quotidien carcéral de universitaire.
Accusé de « blanchissement de capitaux et atteinte à la sûreté de l’Etat », professeur Frédéric Joël Aïvo a été interpellé dans une embuscade et déposé en prison. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette période difficile qu’il traverse ne constitue pas pour autant un frein à ses activités académiques.
Selon le quotidien Matin Libre, le professeur Joël Aïvo n’a plus la possibilité d’aller en amphi, mais il continue de suivre de près ses doctorants. « Plusieurs thèses ont fait l’aller-retour entre l’université d’Abomey-Calavi et la prison civile. Depuis son arrestation, le professeur a lu et corrigé une demi-dizaine de thèses et donné son quitus à deux doctorants pour la soutenance de leurs thèses », rapporte e média.
Joël Aïvo garde un œil sur les travaux de ses doctorants par l’intermédiaire de l’un de ses assistants. C’est ce dernier qui lui transmet les documents et lui fait le point de l’évolution des travaux. « L’universitaire continue de gérer ses épreuves dans les masters et signe les rapports de soutenance de thèse », ajoute Matin Libre.
Selon les informations rapportées sur les circonstances de son arrestation, Joël Frédéric Aïvo a été arrêté dans une embuscade. La scène s’est produite, alors que le constitutionnaliste quittait les cours à l’Université d’Abomey-Calavi où il enseigne le Droit public.
Selon des témoins qui se sont confiés, l’opération a été menée par des policiers cagoulés, à hauteur de Togoudo. Comme dans le cas de Réckya Madougou, arrêtée sur le pont de Porto-Novo, tous les occupants du véhicule de Joël Aïvo ont été sortis. Un policier a pris le volant avec Joël Aïvo à bord.
En ce qui concerne les gardes du corps et le chauffeur de Joël Aïvo, ils ont été embarqués dans un véhicule de la police. Conduits à la Brigade Économique et Financière (BEF), ces derniers ont été relâchés. Joël Aïvo, quant à lui, a été gardé à vue et déposé en prison le 16 avril 2021, après sa présentation au procureur spécial de la Criet.
Selon des sources contactées dans l’entourage du mis en cause, ce dernier n’aurait reçu aucune convocation avant son arrestation. C’est d’ailleurs ce qui pousse certains de ses proches à parler d’« d’enlèvement ».
Candidat recalé à la présidentielle du 11 avril 2021, Joël Aïvo porte le flambeau du Front pour la Restauration de la Démocratie (FRD). Son dossier et celui de son colistier Moïse Kérékou ont été rejetés par la Céna pour défaut de parrainages.
Comme Réckya Madougou du parti Les Démocrates, Joël Aïvo a protesté vivement contre l’invalidation de son dossier. Dans la même ligne que l’opposition radicale, il a accusé le gouvernement d’avoir orchestré l’exclusion systématique des « concurrents ».
Accusé d’« atteinte à la sûreté de l’Etat et blanchiment de capitaux », le procès de Joël Aïvo va s’ouvrir le 15 juillet 2021.