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L’ÉPOPÉE DE LA NOIRE LA PLUS BELLE ET GÉANTE DU MONDE

Quoique américaine de naissance, Ella williams née Grigsby a toujours préféré qu’on l’appelle par son nom de scène « Madam Abomah: The African Giantess ».

Née vers Octobre 1865 à Laurens County en Caroline du Sud, au lendemain de l’adoption du 13éme amendement de la constitution américaine, Ella Grigsby, fille d’esclaves de la famille Grigsby, était considérée comme la femme la plus grande, la plus raffinée et la plus belle au monde en début du XXè siècle. À l’adolescence, elle a travaillé en tant que domestique chez les Williams. C’est de là qu’est parti l’adoption du patronyme Williams qu’elle porte au lieu de Grigsby qui lui rappelait la vie d’esclaves qu’ont mené ses aïeux.

Son nom de scène venait d’Abomey, la capitale du Royaume du Dahomey, aujourd’hui le Bénin. Selon son manager Ella Abomah était « une princesse, une guerrière africaine mais surtout une amazone du Dahomey, l’une des vraies gardes du corps du Roi Dahomey.»  Mais son histoire est bien différente.

Ella Abomah était une célébrité internationale connue sous le nom de « géante amazonienne et de géante africaine »  Au cours de ses 30 ans de carrière comme attraction au Music-Hall, Ella Abomah a fait le tour de la planète, elle a voyagé en Grande-Bretagne, en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Amérique du Sud et aussi dans la Caraïbe à Cuba. Sa carrière s’est poursuivie dans les années 1920, puis la géante africaine n’a plus fait parler d’elle. Vedette la nuit, nurse le jour, Ella Abomah mourra sans ressource et abandonnée.

Si sa légende s’est construite autour de sa biographie personnelle, les spectateurs du Music-Hall qu’elle fréquentait lors de ses tournées, la connaissaient peu. Bien qu’elle soit née en Caroline du Sud aux États-Unis, ses directeurs de spectacle affirmaient qu’elle était née au Dahomey (aujourd’hui la République du Bénin). Alors qu’elle était encore adolescente, Abomah a travaillé pour Elihu et Harriet Williams Russell Strong, une femme russe militante, une figure marquante des débuts du féminisme. On suppose que, comme Grigsby était le nom du propriétaire d’esclaves de ses parents, elle hésitait à l’utiliser, et a donc adopté le nom de famille de son employeur, Williams. Et Ella Williams qui préférait être appelée par son nom d’artiste Mme Abomah était connue pour être la plus grande dame  à la fin des années 1800 et au début des années 1900, comme le révèle les journaux de l’époque.

Adulte, les journaux l’annonçaient comme la femme mesurant 2,28m (7’6″) Mais d’après les photographies prises, les historiens estiment que la taille d’Ella Abomah variait entre  2,08m (6’10″) et  2,10m (6’11″).

D’après les mémoires de la «géante amazonienne», rédigés en 1915, Ella Abomah écrit :  «Je suis née près de Cross Hill dans le comté de Laurens. Pendant des années, chaque fois qu’un homme de spectacle me voyait, il voulait que je signe un contrat, mais je n’ai jamais pu me décider à quitter Columbia. Enfin, à l’automne de 1896, alors que je cuisinais pour une famille éminente de Columbia en Caroline du Sud natale, le directeur F.C. Bostock m’a fait m’inscrire à une tournée des îles britanniques en 1896». 

En tournée, pour mieux la vendre comme artiste exceptionnelle, ses managers ont revisité son histoire, mélangeant fiction et réalité. F.C. Bostock l’a renommé Mme Abomah. 

Le monde de la nuit découvrait alors une nouvelle femme, une géante africaine qui n’était autre q’une des légendaires amazones au Dahomey. Elle était décrite comme : «L’une des Amazones du roi Dahomey, une géante qui a été amenée en Angleterre pour paraître dans des  spectacles. Sa taille est de huit pieds (2mètres), et elle est à la fois large et musclée», (lu dans un journal américain en juin 1900)

 

Elle était autrefois l’une des garde du corps du Roi du Dahomey, dont les guerrières amazoniens ont été célèbres pour leurs prouesses … Dès la petite enfance, elle a été soumise aux épreuves et à la douleur. Sa stature augmentant hors de proportion avec les années, elle devint une favorite du monarque et dirigea son armée. Cette femme extraordinaire mesure plus de huit pieds (plus de 2 mètres de hauteur) et peut facilement supporter le poids d’un homme sur sa main tendue. La beauté sombre, ayant manifesté un fort désir de voyager, et en particulier de visiter l’Angleterre, fera sans doute bientôt une visite dans nos principales villes.

 

Selon Lady Abomah, elle est apparue en 1900 à Liverpool avec Reynold’s Waxworks and Exhibition. En 1901 et 1902 à l’Alhambra, Blackpool. En 1903 en tournée en Australie.  De 1904 à 1908, Ella Abomah était en tournée en Nouvelle-Zélande. En 1909 en Amérique du Sud. 1910-1911, en tournée européenne. De 1912 à 1914, en Angleterre. On la retrouve en 1917 au Dreamland à Coney Island puis à Cuba. En 1918 avec Barnum et Bailey. En 1920, elle était de nouveau à Dreamland et au World’s Museum. En 1921 elle sera de nouveau au World’s Museum de Philadelphie quand elle a annoncé qu’elle allait partir pour Paris pour un engagement de trois mois.

En août 1914, Ella Abomah a annulé toutes ses tournées européennes et  en mars 1915, la géante est retournée aux États-Unis. Mme Abomah est décédée sans ressources, abandonnée et oubliée. 

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