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LA MALÉDICTION DU RÉGIME BIYA : DES ÉLECTIONS AVEC FEU, SANG, FAUX ET CHAOS

En théorie le 30  septembre 2021 au plus tard, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) au pouvoir, doit boucler les opérations de renouvellement des Bureaux de ses organes de base, précisément dans 377 sections, dont 360 au Cameroun et 17 à l’étranger.

Le processus démarré début août devrait notamment permettre au RDPC, ultra dominant sur l’échiquier politique, de renouveler son personnel à la base. Comme lors des précédentes opérations de renouvèlement des  Bureaux des organes de base, y compris les dernières de 2015, celles de 2021 font l’objet de contestations venant des acteurs impliqués.

Des images de la résidence brûlée du Sous-préfet de Bengbis, Département du Dja et Lobo dans la régions du Sud, en passant par celle d’un protagoniste brandissant une arme à feu à Elig-Mfomo, Département de la Lékié dans la région du Centre, des barricades posées  par des militants mécontents sur l’axe Yaoundé-Bafoussam à Kon-Yambetta dans le Mbam et Inoubou, toujours dans le Centre jusqu’aux images des rixes entre camarades du parti  à plusieurs endroits ,circulent abondamment sur la toile.

A d’autres lieux, des vives tensions entre  militants ont provoqué des reports des opérations de vote, ou des reprises des scrutins après l’annulation des premiers, pour irrégularités flagrantes.

A côté du RDPC, la Fédération Camerounaise de Football est engagée dans un processus électoral. Samuel Eto’o Fils, ancien capitaine des Lions Indomptables et candidat déclaré à la présidence de l’instance faîtière du football national, a adressé  le 24 septembre 2021 un courrier au Ministre des Sports et de l’Education physique dans lequel, il lui demande de prendre ses responsabilités pour stopper ce que Eto’o considère comme la mascarade électorale en préparation à la Fécafoot. C’est depuis 2013 qu’on peine à y organiser des élections crédibles et acceptées par tous les acteurs du football.

Au sein de l’Ordre des avocats, ou encore du Conseil National de la Jeunesse du Cameroun, l’attention de l’opinion a récemment été attirée notamment sur le non respect des délais concernant l’organisation des élections.

Les exemples  susmentionnés sont légion au Cameroun et appellent un certain nombre de constats.

Primo : dès l’origine, les acteurs ne sont généralement pas d’accord sur les règles du jeu ou sur leurs interprétations.

Segundo : l’arbitre ou l’instance chargée de jouer ce rôle est davantage considérée comme partiale plutôt que neutre.

Tertio : il existe dès la base chez ceux qui sont en capacité d’influencer le processus dans le sens de leurs intérêts inavoués, une réelle volonté de tricher et donc de ne pas jouer franc-jeu.

Les disqualifications  fantaisistes des candidatures des adversaires, les achats de consciences, l’utilisation du personnel et biens de l’Etat à des fins privées en période électorale, les votes multiples, les discours identitaires teintés de tribalisme, les menaces et intimidations de l’adversaire, la non organisation des élections à temps et autres falsifications des données du terrain, sont autant d’artifices utilisés par des « démocrates » de façade pour réaliser leur dessein .

Malheureusement, on constate que ces actes d’anti-jeu et donc anti-démocratiques sont souvent répétés lors des élections  nationales. C’est pourquoi, les résultats de toutes les élections notamment organisées depuis le retour au multipartisme au début des années 1990 ont toujours été  contestés par les vaincus. Il est en effet  difficile  avec de pareils ingrédients à une élection, à un perdant de croire qu’il a été battu à la régulière.

Il faut donc que ces mauvaises pratiques électorales soient combattues du bas vers le haut ou du haut vers le bas pour permettre au Cameroun de s’installer véritablement dans la démocratie.

Car il ne peut  y avoir de démocratie sans démocrates. Et  une élection concurrentielle organisée dans les règles de l’art est la plus grande manifestation de la démocratie, parce qu’elle contribue à la pacification des rapports sociaux. Le contraire engendre souvent des violences, voire le chaos.

Eric Boniface Tchouakeu

 

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