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LE PRÉSIDENT TURC MENACE D’EXPULSE LES AMBASSADEURS DE FRANCE, ALLEMAGNE, USA,…

La tension continue à  monter entre la France et la Turquie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a ordonné, samedi 23 octobre, l’expulsion, « au plus vite », des dix ambassadeurs dont ceux de France, d’Allemagne et des Etats-Unis, qui ont réclamé la libération de l’opposant Osman Kavala.

« J’ai ordonné à notre ministre des Affaires étrangères de régler au plus vite la déclaration de ces dix ambassadeurs comme persona non grata », a affirmé le chef de l’Etat lors d’un déplacement dans le centre de la Turquie, sans toutefois donner une date précise. Ces ambassadeurs « doivent connaître et comprendre la Turquie », a affirmé Recep Tayyip Erdogan en les accusant  « d’indécence ». « Ils devront quitter » le pays « s’ils ne le connaissent plus », a-t-il ajouté.

Dans un communiqué publié lundi soir, le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les Etats-Unis ont appelé à un « règlement juste et rapide de l’affaire » Osman Kavala, homme d’affaires et mécène turc devenu une bête noire du régime, emprisonné depuis quatre ans sans jugement. Cet opposant de 64 ans, figure majeure de la société civile, est accusé depuis 2013 par le régime du président Erdogan de chercher à déstabiliser la Turquie.

Le chef de l’Etat turc avait menacé jeudi d’expulser ces ambassadeurs, sans cependant prendre de mesures concrètes dans ce sens. La Turquie avait convoqué mardi les ambassadeurs de ces dix pays, jugeant « inacceptable » leur appel en faveur de la libération d’Osman Kavala.

Lundi matin, peu avant qu’Erdogan ne réunisse son gouvernement pour discuter des éventuelles expulsions, l’ambassade des États-Unis à Ankara a publié un communiqué réaffirmant son “attachement” à l’article 41 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, stipulant que les ambassadeurs “ont le devoir de ne pas interférer avec les affaires intérieures” du pays qui les accueillent, rapporte Hürriyet.

Un communiqué retweeté par les autres ambassades et “favorablement accueilli” par Erdogan, qui y a vu une “reculade” des Occidentaux et a finalement renoncé à mettre ses menaces à exécution, explique Middle East Eye.

Le ton d’Erdogan reste “défiant”, mais ses déclarations “marquent un changement, destiné à apaiser les tensions après les menaces proférées ce week-end”, affirme Reuters. Pour de nombreux observateurs, le président turc n’avait guère d’autre choix que la désescalade.

Le site panarabe Al-Monitor souligne ainsi que l’expulsion des ambassadeurs aurait entraîné une rupture diplomatique majeure “entre Ankara et ses plus proches partenaires commerciaux et militaires, dont les leaders rencontreront Erdogan le week-end prochain au sommet du G20 à Rome”.

Le président turc, faisant preuve pour l’occasion d’une “rare humilité”, s’est aussi “rendu compte que l’économie du pays allait s’effondrer” si la crise diplomatique s’aggravait, observe l’expert Soner Cagaptay dans les colonnes du New York Times.

De fait, la livre turque avait plongé lundi matin à son plus bas historique face au dollar, avant de reprendre des couleurs après les déclarations d’apaisement. Mais pour le Financial Times, le mal est fait et la “crédibilité de la gouvernance économique de la Turquie sera longue à reconstruire”.

“En outre, l’épisode met en évidence à quel point – alarmant – la politique turque est désormais suspendue aux caprices d’un dirigeant toujours plus autoritaire et erratique”, ajoute le quotidien économique.

 

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