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LE FILS DE KADHAFI DÉPOSE SA CANDIDATURE POUR L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

Dix ans après l’assassinat du guide libyen Mouammar Kadhafi, abattu comme un animal sauvage le 20 octobre 2011, après sa capture alors qu’il tentait de fuir le bastion loyaliste de Syrte, l’un de ses fils ambitionne de « restaurer l’unité perdue » de la Libye.

Seif al-Islam, le premier enfant issu du mariage du colonel Kadhafi avec sa seconde épouse Safia Farkas, a présenté, ce dimanche 14 novembre, sa candidature officielle à l’élection présidentielle prévue le 24 décembre. Il s’est également fait délivrer sa carte d’électeur du bureau de vote n°21021 dans la ville de Sebha, selon la commission électorale.

« Seif al-Islam Kadhafi a déposé le dossier de sa candidature à l’élection présidentielle au bureau de la Haute Commission électorale (HNEC) à Sebha », a déclaré son vice-président Abdel Hakim al-Chaab à la chaîne al-Rasmiya. « Il a soumis les documents (…), complétant ainsi toutes les conditions juridiques requises par la loi n°1 relative à l’élection du chef de l’État, adoptée par le Parlement », a ajouté la commission électorale, qui organisera aussi le scrutin législatif un mois plus tard.

Capturé en novembre 2011 par un groupe armé à Zenten, dans le nord-ouest de la Libye, Seif al-Islam Kadhafi été condamné à mort en 2015 à l’issue d’un procès expéditif. Le groupe le détenant a néanmoins refusé de le livrer aux autorités ou à la Cour pénale internationale (CPI), qui le recherche pour « crimes contre l’humanité », mais l’a libéré en 2017. Sa trace s’était évaporée jusqu’en 2017, où il a accordé une rare interview au New York Times. Dans l’article, il confiait être convaincu que son mouvement pouvait rétablir « l’unité perdue » du pays, après une décennie de chaos.

Dans cet entretien, sa première rencontre avec un journaliste étranger depuis une décennie, le fils du « Guide libyen » esquissait déjà une possible candidature à la présidentielle. Il jugeait que les politiques locaux n’avaient « apporté que misère ». « L’heure est au retour dans le passé. Le pays est à genoux (…), il n’y a pas d’argent, pas de sécurité. Il n’y a pas de vie ici », déclarait-il. « J’ai été éloigné du peuple libyen pendant 10 ans. Vous devez revenir lentement. Comme un strip-tease. Vous devez jouer un peu avec leur esprit », expliquait-il, par ailleurs, laissant peu de doute sur ses intentions et ses ambitions présidentielles.

La candidature de Seif al-Islam va être confrontée à un problème de taille. Il a été condamné par un tribunal libyen et il fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour « crimes contre l’humanité ». Cependant, comme l’a écrit le NYT en juillet 2017, celui qui fut autrefois considéré en Occident comme « un réformateur » avant la répression sanglante de la révolte de 2011, se disait « convaincu que ces questions juridiques pourraient être négociées si une majorité du peuple libyen le choisissait comme chef ». « Seif semble croire que lui seul peut représenter l’État pour tous les Libyens », concluait le quotidien américain.

Plongée dans une instabilité politique chronique depuis la chute du régime Kadhafi en 2011, la Libye va organiser la première élection présidentielle de son histoire, avec l’espoir de jours meilleurs. Ce scrutin est l’aboutissement d’un processus politique laborieux parrainé par l’ONU, sur fond de regain de tensions entre camps rivaux, entre ouest et est du pays.

La liste des prétendants à la présidence inclut déjà le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah, qui dirige le gouvernement intérimaire, et le président du Parlement Aguila Saleh.

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