Langue serpentine

DONALD TRUMP DEMANDE À PAUL DE QUITTER LE POUVOIR

Le Cameroun célèbre ce 20 mai 《 la fête de l’unité nationale 》. Une fête boycottée dans les régions anglophones dont certains revendiquent le retour au fédéralisme, d’autres l’indépendance. Et Paul Biya, lui dit: 《 pas de négociations sur la forme de l’État. On va faire la guerre 》. Et voilà la fête de l’unité forcée  qui se célèbre avec des cadavres de part et d’autre. Et maintenant, c’est Washington et Donald Trump qui s’en mêlent. Les sécessionnistes ont été reçus à Washington le 18 mai. Et leur message semble avoir trouvé une oreille attentive.

L’ambassadeur des États-Unis  à Yaoundé  a été reçu par le chef d’État camerounais Paul Biya pour lui transmettre les conseils de Donald Trump. Après l’audience, l’ambassadeur américain a déclaré qu’ 《une étude récente du PNUD a révélé que 71% de ceux qui ont déclaré avoir adhéré à des organisations extrémistes violentes l’ont fait à cause d’actions gouvernementales telles que le meurtre d’un parent proche ou d’un ami》. Et le point chaud de son entretien avec Paul Biya concernait sa candidature pour un énième mandat en octobre prochain. Le messager de Donald Trump révèle qu’il a conseillé à Paul Biya de penser avant tout à la manière dont il aimerait que les livres d’histoire parlent de lui. Il ajoute qu’il lui a proposé d’avoir George Wahington et Nelson Mandela comme modèles. En clair, l’ambassadeur des États-Unis a dit à Paul Biya que Donald Trump demande qu’il ne se présente plus. 36 ans au pouvoir et un pays à feu et à sang, ça suffit!
Cet ambassadeur ne s’appelle pas Bill Richardson et Paul Biya n’est pas Mobutu. Mais quand même..

Ce n’est pas la première fois que le président américain désavoue Paul Biya . Le 20 septembre 2017, Donald Trump avait offert une réception à l’honneur  des chefs d’États africains au sein de l’hôtel même où logeait le dictateur camerounais, à savoir le Lotte New York Palace Luxury Midtown Manhattan Hotel‎. Donald Trump avait  humilié  Paul Biya en refusant de l’inviter. Paul Biya et sa délégation avaient été virés alors que le site officiel de la présidence de la république du Cameroun annonçait son invitation par le chef d’État américain.
Ce retournement  de Trump était un message que les Etats-Unis tenaient  le vieux dictateur camerounais à l’oeil. Par ailleurs, Trump avait ouvertement critiqué les dirigeants africains qui s’attaquaient aux réseaux sociaux au moment où Paul Biya avait décidé de supprimer internet dans les deux régions anglophones. Dans son discours du 19 septembre 2017, Trump avait déclaré : «Le fléau de notre planète aujourd’hui est un petit groupe de régimes voyous qui enfreignent tous les principes sur lesquels les Nations Unies sont basées. Ils ne respectent ni leurs propres citoyens ni les droits souverains de leurs pays».

Refuser d’inviter le doyen des présidents africains présents à la 72ème Assemblée générale des Nations Unies à New York, retirer les soldats américains du Cameroun alors que le pays est encore  en guerre contre le groupe terroriste Boko Haram (que Trump a nommé mais en référant seulement au Nigéria ), étaient déjà de  sérieux désaveux  de Donald Trump envers Paul Biya.

Paul Biya peut-il défier les Etats-unis comme avaient tenté de le faire Mobutu? On se souvient que l’ambassadeur américain à Kinshasa lui aussi avait demandé au Léopard invincible  Mobutu d’abandonner le pouvoir. Les dignitaires du régime se dressèrent contre Bill Richardson. En fin de compte, Mobutu était parti tel un rat et est parti mourir au Maroc telle une chauve-souris. Avec la crise anglophone qui s’enlise, Boko Haram qui n’est toujours pas vaincu, le FMI qui ne veut plus accorder des crédits, le tic- tac des horloges de la vieillesse, le vent des contestations qui commence à se transformer en tempête, les sanglots de misère sur l’étendue du territoire, Paul Biya n’est plus maître du temps et doit se décider rapidement de partir par la grande porte, ou de se faire sortir par le trou d’une souris. Comme les dernières paroles prononcées par Elisabeth I ère d’Angleterre en 1603: 《 Je ne suis pas partie à temps. J’ai perdu tous mes biens pour un peu de temps》.

J. RÉMY NGONO

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