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LA CIRCONCISION PROVOQUE PLUS DE 1000 MORTS ET L’AMPUTATION DU PÉNIS DANS UN PAYS AFRICAIN

La circoncision à risque tue en Afrique du Sud.  Les jeunes hommes de l’ethnie xhosa qui ont atteint la majorité et doivent se faire circoncire pour passer à l’âge adulte suivent une série de rituels, à l’écart des villes. Une cérémonie ancestrale, très importante dans la vie des jeunes Xhosa, mais qui peut se révéler dangereuse.

Le visage enduit d’une peinture blanche, et le corps nu enveloppé dans des couvertures, ils sont près de 70 000 jeunes hommes à suivre la cérémonie de l’Ulwaluko cette année, un nombre élevé en raison des reports liés à la pandémie. Ils vont rester pendant plusieurs semaines en pleine nature, où ils seront circoncis selon un rituel secret.

La douleur fait partie intégrante de l’expérience qui marque, dans sa culture xhosa, l’entrée dans l’âge adulte.

« Il faut expérimenter cette souffrance pour prouver qu’on est un homme », explique-t-il à l’AFP dans une hutte des environs du village de Coffee Bay, dans la province sud-africaine du Cap oriental (sud-est).

Une fois l’intervention réalisée par un « ancien », le jeune homme est confiné pour un mois maximum dans une hutte au toit de chaume, avec deux autres camarades d’épreuve.

 

Pendant un mois, interdiction totale pour les « initiés » d’entrer en contact avec des femmes. Seuls leur père et d’autres garçons qui ont suivi le rituel sont autorisés à leur rendre visite. « On sacrifie une chèvre pour apaiser les esprits », raconte Lukholo Marhenene, un « médecin de brousse » de 21 ans, sans formation.

Pas question, en vertu de la tradition, de recevoir une aide médicale. « Si tu vas à l’hôpital, tu es faible, tu n’es pas un homme. Tes blessures ne doivent pas être soignées avec de la bétadine », un désinfectant, affirme Abongile.

Un bandage sommaire, fait de feuilles, cache son pénis recouvert d’une pommade de fabrication artisanale et retenu par une cordelette. Compte tenu des conditions sanitaires sommaires dans lesquelles elle est pratiquée, la circoncision traditionnelle fait chaque année de nombreuses victimes, des morts mais aussi des hommes dont on ampute le pénis à la suite de graves infections.

La circoncision traditionnelle est aussi pratiquée dans d’autres provinces, comme le KwaZulu-Natal (est) et le Mpumalanga (nord).

Face à ce drame, les autorités du Cap Oriental ont fixé à 18 ans l’âge minimum pour subir une telle intervention. « Il y a des écoles d’initiation illégales qui ne sont pas enregistrées auprès des autorités et où les initiés ont souvent moins de 18 ans », s’indigne Mxolisi Dimaza.

Fezikhaya Tselane, 20 ans, vient quant à lui juste de se faire circoncire dans la brousse. « J’ai longtemps attendu ce jour. Tous mes frères sont passés par là », explique-t-il à l’AFP. « Maintenant, je peux me marier, avoir ma maison et mes enfants et ne pas dépendre de mes parents », se réjouit-il, malgré la douleur.

Mais comme chaque année, des cas de déshydratation et de mauvaises conditions d’hygiène, notamment au moment de la circoncision, ont déjà entraîné la mort d’une vingtaine d’entre eux, et des dizaines d’autres initiés ont été admis dans les hôpitaux de la région.

Un millier de victimes depuis 1995
Les autorités locales souhaiteraient que les responsables soient poursuivis par la justice, alors que la majorité des victimes faisaient partie d’écoles d’initiation illégales. Le dirigeant de la région appelle les parents à n’envoyer leurs enfants que dans des structures agréées.

Ces rites devraient s’étaler jusqu’à mi-janvier, ce qui laisse craindre davantage de décès, selon les pouvoirs publics. La région estime que ces cérémonies de circoncision ont fait plus d’un millier de victimes depuis 1995.

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