BIBOU NISSACK ET ALAIN FOGUÉ SACRIFIÉS POUR LA CAN
En condamnant à 7 ans d’emprisonnement ferme les membres du Directoire du Mrc, le pouvoir montre clairement son intention d’en découdre avec quelconques velléités protestataires au cours de la Can 2022.
Depuis la déclaration du ras le bol de Maurice Kamto, le leader du Mrc (Mouvement pour la renaissance du Cameroun), demandant la libération de ses camarades gardés en prison depuis les marches de septembre 2020, le pouvoir a manifestement très mal pris cette sortie. Après qu’il ait rendu visite à ses militants incarcérés à la prison de New Bell à Douala en fin novembre de cette année suite à ces marches, la suite de son séjour dans la capitale économique va se muer en cauchemar. Et pour cause? Il fera l’objet d’un blocus à son hôtel alors qu’il s’apprêtait d’aller à la dédicace de ses livres.
Par la suite, il sera conduit Manu militari, sous une forte escorte policière, hors de la ville jusqu’au pont sur la Dibamba. Visiblement, parce qu’il avait lancé à ses partisans que le fait de fuir la bagarre ne signifie pas qu’on a peur de la bagarre, aurait retenti aux oreilles du pouvoir comme un appel à mettre du nucléaire dans les réacteurs pour en découdre sur tous les fronts avec ce « petit parti politique ». Son appel de libérer ses militants a donc provoqué l’effet contraire car le tribunal militaire de Yaoundé est allé de main lourde ce 27 décembre 2021, en condamnant Alain Fogue Tedom, le trésorier national de ce parti, Olivier Bibou Nissack, le Conseiller et Porte parole de Maurice Kamto à 7 ans, et une quarantaine d’autres militants à des peines comprises entre 5 et 7 ans.
C’est comme si le pouvoir assenait le coup et attend quelque réplique du Mrc pour y aller de manière définitive. Le 9 décembre dernier, comme pour donner un zeste supplémentaire à sa volonté d’en finir avec cette opposition au régime, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, lançait avec une once de mépris: » celui qui veut faire la bagarre doit avoir au moins les mains et les pieds ». On est tenté, à la lecture de ce lourd verdict du tribunal militaire, de de se demander si on ne s’est pas engagé à couper les béquilles d’un paralytique engagé dans un combat pour la survie. Cette condamnation en cascade est un trou d’air à une escalade certaine de tension politique à la veille de la Can. Au sein du Mrc, quelle sera la réaction?
Déjà il y a quelques jours, des photos des membres du Directoire en t-shirt, réunis autour de Maurice Kamto, exigeaient la libération de leurs camarades. La Can, souhaitée se tenir dans l’unité des coeurs et d’esprit des Camerounais semble avoir vécu avant même le début de la compétition. Rien n’obligeait, rien ne pressait, à défaut de les libérer, de les condamner à ce moment précis. A cette allure, à l’ombre des festivités, il pourrait avoir des cris d’angoisse et des grincements de dents.
Léopold DASSI NDJIDJOU