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APRÈS L’AMBASSADEUR , LE MALI EXPULSE UN JOURNALISTE FRANÇAIS

Après l’ambassadeur français qui a été sommé de quitter le territoire sous 72 heures, les autorités maliennes ont décidé de remettre dans l’avion un envoyé spécial de Jeune Afrique moins de 24 heures après son arrivée dans le pays. L’organisation Reporter sans frontière a condamné cet acte des autorités du Mali.

 » La Direction de Jeune Afrique condamne la décision prise par les autorités maliennes de procéder à l’expulsion de son envoyé spécial, Benjamin Roger, ce 8 février et considère donc cette mesure prise à l’encontre de son collaborateur comme injustifiée et contrevenant à la liberté d’informer « , a indiqué Jeune Afrique après l’expulsion de son envoyé spécial au Mali, le journaliste Benjamin Roger.

« Arrivé à Bamako dans la nuit du 6 au 7 février, Benjamin Roger a été interpellé à son hôtel par la police ce lundi 7 février vers 11 heures et conduit dans les locaux de la Brigade d’investigation judiciaire, où il a été interrogé, puis dans ceux de la Police de l’air et des frontières, où son expulsion lui a été signifiée », explique l’hebdomadaire panafricain basé à Paris.

Selon la direction, l’envoyé spécial « était muni d’un visa d’entrée en règle et n’a pas dissimulé sa profession de journaliste ni le fait qu’il venait l’exercer – en toute impartialité – au Mali ».

Cette décision a irrité l’organisme de défense des libertés de presse Reporter sans frontière (RSF) qui a réagi à travers une déclaration. « Reporters sans frontières (RSF) condamne cette expulsion inédite et dénonce l’utilisation d’un prétexte administratif pour empêcher ce journaliste de travailler », indique l’organisation.

« Jamais ces dernières années, les autorités maliennes n’avaient expulsé un journaliste étranger pour un problème d’accréditation. C’est à la fois inédit sur la forme et très préoccupant sur le fond « , déclare le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger.

« Dans un pays dirigé depuis un an et demi par des militaires, cette décision envoie un signal inquiétant aux journalistes. Les prétextes administratifs utilisés pour les empêcher de travailler ne trompent personne. Ils ne profitent qu’à ceux qui cherchent à empêcher les sujets d’intérêt public d’être couverts « , a-t-il ajouté.

Aucun journaliste de la presse internationale n’a été expulsé ces dernières années au Mali. Toutefois, fin janvier, le Mali a notifié aux correspondants internationaux qu’un nouveau processus d’accréditation allait être mis en place. Cette accréditation est indispensable pour venir travailler pour le compte d’un média international au Mali.

Alors que la présence française au Sahel est remise en question, la junte militaire au pouvoir a expulsé la semaine dernière l’ambassadeur de France au Mali, marquant un nouveau durcissement des relations entre Bamako et Paris, alors que la France compte encore environ 4 000 militaires dans la région.

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) ont pour leur part pris le 9 janvier une batterie de mesures économiques et diplomatiques à l’encontre du Mali pour sanctionner l’intention de la junte de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années, après deux putschs en août 2020 puis en mai 2021.

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