LES BARONS BINATIONAUX DU RÉGIME BIYAMEROUNAIS IMPORTENT LES JOUEURS BINATIONAUX ,MAIS POURCHASSENT LES CERVEAUX BINATIONAUX
Le pays de Roger Milla est un univers absurde où tout marche à l’envers. Voilà donc un pays de nationalistes patriotes convaincus où l’Etat paie les Italiens en Euros pour importer les parpaings italiens afin de construire un stade chez nous à Yaoundé là où la Sanaga a du sable, les usines de Dangote et la Cimencam, du ciment pour faire du béton sur place. C’est toujours ce pays de sorciers qui a tué le championnat du football local à cause du traffic des meilleurs joueurs dans les grands clubs internationaux qui finissent “binationaux” alors que le régime insiste à faire croire au peuple qu’il ne reconnaît pas la double nationalité.
C’est tellement renversant que lorsque vous interrogez nos nos experts en droit afin qu’ils vous édifient sur la substance de la loi à propos de “la double nationalité”, c’est une ambiguïté absurde qui vous sera servie. Car, c’est chacun qui y va de ses propres interprétations. La position officielle est que le Cameroun ne peut pas reconnaître la double nationalité. Or la majorité des barons du regime, les membres du gouvernement, les sportifs de renom viennent et repartent du Cameroun munis des passports occidentaux. Ceci, pour inviter les grandes puissances à leur secours si par malheur ils tombent dans les filets de « l’opération épervier ». Les plus malins des Camerounais donc prennent leur cartes du RDPC, et deviennent de facto les Camerounais grands camarades du parti de Biya le jour, et Français, Américains, Anglais, Espagnols, Allemands, Suisses, Canadiens, une fois à l’aéroport, sans être inquiétés par nos commissaires d’immigration. S’ils sont jetés en prison, ils invitent leurs présidents occidentaux à mettre pression sur le vieux dictateur afin d’être élargis, malgré leurs nombreux crimes financiers. Demandez à Essimi Menye, ancien ministre des Finances ou à Ambassa Zang comment ils ont travaillé à ces postes clefs étant Américain et Canadien respectivement.
Officiellement donc, la Constitution du Cameroun interdit la binationalité, mais au sein de la majorité présidentielle comme de l’opposition, personne ne semble en tenir compte. Demandez à certains opposants de pacotille comment ils font pour être fiers d’être de nationalité étrangère alors qu’ils rêvent devenir président du Cameroun, ce pays qui interdit pourtant la double nationalité. Des vrais farceurs ceux-là!
La guerre de nationalité est donc lancée au Cameroun. Le double jeu du régime corrompu de Biya sur la « la camerounité » a créé une nouvelle fois l’hypocrisie sur la question au cœur du débat politique camerounais. A la fin, on est en lieu de se demander encore une fois « Qui est Camerounais et qui ne l’est pas ? » Sous Mobutu Ahidjo, avec la traque des militants de l’UPC par Jean Fochive, la question se posait déjà avec acuité.
La guerre dans les deux régions anglophones du Cameroun, le Nord Ouest et le Sud ressemble curieusement à celle qui a eu lieu dans l’Est de la RDC au moment où Mobutu était encore président. Ainsi, il y a plus de vingt ans, pour les mêmes raisons, le sénateur Moïse Nyarugabo Muhizi, un rebelle à l’époque, s’en souvient : « En 1994, lorsque des réfugiés hutus sont arrivés en nombre au Congo, ils ont assimilé tous les Tutsis à des militaires de Paul Kagame, et ils les ont pourchassés à Goma, Bukavu ou bien Uvira. Beaucoup de Tutsis ont fui au Rwanda, puis sont revenus au Congo deux ans plus tard, raconte-t-il. Ce sont eux qui ont été les fers de lance de la rébellion de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Mais dans cette guerre, les Tutsis ne se battaient pas pour prendre le pouvoir. Ils se battaient pour recouvrer leur citoyenneté ! »
C’est très important donc d’établir ce parallèle avec le rebellion séparatiste anglophone. Les “Ambazoniens” ont pris les armes pour revendiquer l’autonomie des deux régions du Cameroun. Laurent Désiré Kabila était un Luba et avant de prendre les rênes du pays, en mai 1997, il était le maquisard à la démarche boitillante qui a longtemps été traqué par les services de sécurité de Mobutu. C’est lui qui a fini par renverser Mobutu du pouvoir, et c’est encore son fils qui est devenu président suite à son assassinat.
La majorité de Camerounais originaires des régions anglophones ont pris la nationalité Américaine ou Anglaise après avoir été réfugiés dans ces deux pays. Plusieurs de leurs enfants sont nés en Angleterre ou aux États Unis et ont par conséquent grandi en exil; d’autres ont dû changer de patronyme. C’est fort logiquement qu’ils soient devenus un lobby impressionnant dans la crise anglophone auprès des chancelleries américaine et britannique. C’est d’ailleurs pourquoi il était prévisible que la guerre lancée par Paul Biya s’enlise le plus rapidement possible. Si la France s’impliquent militairement dans la crise anglophone, il est fort à parier que le Cameroun vivra une guerre civile de très grande envergure. Il faut dire que, par les temps qui courent, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire à Yaoundé sur la double nationalité. Beaucoup de membres du gouvernement sont Français et savent qu’ils seront poursuivis pour détention illégale des nationalités étrangères.
C’est donc un marché de dupes sur la double nationalité au Cameroun.
La situation est bien sûr propice au déballage public à la veille de l’élection présidentielle. Des copies des passeports non Camerounais de personnalités politiques circulent désormais sur WhatsApp, Twitter et Facebook. L’objectif est de les disqualifier comme candidats à la succession de Paul Biya en 2018. C’est donc dans ce contexte de mauvaise foi et de cynisme que nous déplorons la persécution de nombreux Camerounais vivant à l’étranger. On les accuse à tort ou avec raison d’avoir acquis les nationalités de leur pays de résidence non pas en application des dispositions de la loi sur le code de nationalité, mais juste pour punir les plus critiques au régime Biya. Si vous avez l’outrecuidance de ne pas vous aligner sur les mensonges du régime Biya, vous êtes si vite taxé de subversif et serez victime de la tolérance zéro en matière de double nationalité. On vous taxe de comploteur contre la nation, l’anti patriote, d’exilé économique, d’apatride, de réfugié, de terroriste et on vous jette en prison pour vous persécuter dans un chantage grossier qui fait de vous “ce Camerounais qui n’aime pas votre pays”. Comme si vous étiez obligé d’aimer un pays qui ne vous garantit aucune égalité de chances en matière de promotion sociale. C’est dans ce contexte que le professeur Nganang fut détenu pendant 21 jours dans les geôles infestées de Kondengui pour être libéré par la suite de manière spectaculaire.
Ainsi, dans cet Etat essentiellement tribaliste où on chasse les talents extraordinaires dans tous les domaines, il vous devient suicidaire de condamner la corruption et la mauvaise gouvernance, si vous le faites on vous qualifiera d’aigri, de jaloux ou de subversif, et vous risquez une interdiction de séjour en territoire Camerounais. Même avec un passport étranger, personne ne vous donnera un visa pour rentrer visiter votre famille au Cameroun. Vous comprenez donc pourquoi, l’ancien putchiste et repris de justice devenu porte-parole de son bourreau berce nos oreilles avec des discours ultra nationalistes destinés à incriminer tous les compatriotes de la diaspora de comploter contre l’Etat du Cameroun. Pourtant, dans le noir, ce sont ces ministres qui sont les premiers à se pointer dans les ambassades pour négocier des visas étrangers pour s’expatrier et échapper à la justice une fois qu’ils tombent dans les filets de l’opération épervier.
C’est l’occasion de le rappeler ici que plus de 7 millions de Camerounais vivent à l’extérieur du pays. Parmi eux, 4 à 5 millions environ ont changé de nationalité. Dans un pays sérieux comme le Sénégal ou le Nigeria, il est normal de leur accorder le droit aux séjours illimités et sans visa au Cameroun qui a besoin des investissements. Il va falloir changer la disposition relative à l’exclusivité de la nationalité Camerounaise par voie référendaire.
C’est donc ridicule de la part du régime Biya d’être essentiellement tournés vers des “bons Camerounais expatriés” qu’il recrute pour en faire une section RDPC dans la diaspora Camerounaise vivant hors du pays. Dans cette disposition hypocrite, on marchande et magouille dans la corruption la “nationalité Camerounaise” pour asservir et abrutir nos compatriotes résidant à l’étranger à se reconvertir en griots de Biya pour faire son éloge. Dans ce cirque, les nombreux talents Camerounais renoncent à jouer à ce jeu et tournent définitivement le dos à leur pays. Pourtant ils excellent tous dans leur domaine de formation et cela profite à l’économie de leur pays d’accueil.
La polémique sur les origines de Kylian Mbappe n’aurait jamais eu lieu si ce dernier n’était pas un “meilleur talent” en France. On a quand déporté Patrice Nganang hors du pays où est enterré son cordon ombilical, au moment où certains Biyamerounais réclament dans une hypocrisie qui frise la folie “une nationalité Camerounaise” à Kylian Mbappe, officiellement reconnu Français. Mbappe refuse d’ailleurs d’être qualifié de “Camerounais”, parce qu’il se sent plus proche d’Algérie, pays de sa maman.
C’est bien triste que le régime Biya force les Camerounais à l’exil pour ensuite réclamer le succès de ceux-ci et leurs descendants. Le cas du père du jeune prodigue du Football Français, Kylian Mbappe est fort parlant. Ce dernier a du fuir le Cameroun comme un réfugié pour chercher une meilleure vie en France. Wilfried Mbappe de son nom de famille une fois en France, à la recherche d’une résidence permanente, s’est marié à une Française d’origine Algérienne, Fayza. De ce mariage, ils ont eu deux enfants parmi lesquels Kylian Mbappé est devenu la star du football français.
C’est donc un peu ironique que ceux que le régime Biya forcé à l’exil parviennent toujours à briller sur la scène internationale. Souvenez vous de l’episode d’Eric Chinje et de Célestin Monga, et vous comprenez à quel point le régime Biya est nocif pour l’émancipation de notre pays.
Comme Dieu n’oublie pas ses nombreux persécutés du régime Biya, Wilfried Mbappe et son fils sont de nos jours sur le toit du football mondial au moment où le Cameroun n’a même pas pu se qualifier pour la coupe du monde en Russie, ceci à cause de la corruption et du manque de professionnalisme dans l’encadrement technique des Lions indomptables. Si Kylian Mbappe rejoignait les Lions, il n’aura pas joué le mondial à 18 ans. Son talent aurait pris de l’eau comme celui de nombreux compatriotes devenus cyniques à cause de la misère généralisée. Comment pouvons-nous dans ces conditions être pris au sérieux? Si on est Camerounais le jour et Français ou Suisse la nuit, pourquoi ne pas inviter les occidentaux revenir diriger nos pays? Avec eux au moins, on se retire de l’hypocrisie de nos dirigeants.
La guerre dans les régions anglophones du pays ont un fond idéologique très puissant. La crise de la nationalité et même de la citoyenneté. Les séparatistes Anglophones de battent pour disposer d’eux -mêmes. Et même la France ne parviendra pas à ramener la paix dans ces régions tant que ceux-ci n’auront pas obtenu une certaine autonomie. La violence va engendrer l’escalade de la violence et seul un dialogue inclusif qui débouche dans la résolution de ce conflit à travers la réforme de l’état pourrait ramener la paix.
Laziz Nchare.