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LES JOURNALISTES CAMEROUNAIS AUX ORDRES DU RÉGIME ET DES RUSTRES

Par Jean Lambert NANG.

Je reconnais que je n’ai pas regardé le programme télé au cours duquel s’est produit cet incident malencontreux entre le sieur Garga Haman, éternel candidat à la présidentielle, qui ne survit que grâce aux miettes que le régime lui accorde dans des fonctions troubles à la Conac, et la journaliste Cathy Toulou, ex égérie de Canal2, passée à l’ennemie cathodique Crtv.

Sans que je l’ai voulu, la vidéo de cet acte autant de mysoginie que de barbarie m’est parvenu, alors qu’une abondante littérature virale l’avait précédée à travers mille posts et commentaires nauséeux sur la brute Garga.
Avec du recul, je peux à présent donner mon avis sur ce qui excite la mediasphère et met en colère journalistes et féministes, enfin réconciliés.

Oui, Garga Haman Adji est un rustre, formé à la pire école du mépris fait aux femmes. Il a, sur le plateau de la Crtv, laissé transpirer une culture moyenâgeuse chez les peulhs, qui ravale la femme à sa plus simple expression d’objet sexuel. Ceci est grave, non seulement au siècle présent, mais pis encore, pour un illuminé qui se rêve chef d’État. De toutes les façons, les femmes de son mouvement savent désormais à quelle sauce elles seraient dévorées, si par malheur…

Mais, bon Dieu, le coupable dans toute cette affaire, c’est le responsable de l’émission, Aimé Robert Bihina! C’est lui qui a validé la sortie de scène de sa consoeur, en l’invitant, avec une gentillesse feinte, à quitter le plateau. Je le dis sans ambages : cela ne se fait pas. Ce que Bihina feint d’ignorer, c’est que, Toulou expulsée, fussent sous les injonctions tyraniques de Garga, c’est la liberté de la presse qui a été assassinée EN DIRECT!!!

Et dire que ledit Bihina est le président d’une chose inventée par les blancs et sensée défendre les droits de la presse dite francophone !

Mais que voulez vous ? Les journalistes exerçant à la Crtv sont ainsi formatés : ils sont tout à la fois membres du parti gouvernant dont ils se transforment en défenseurs ardents sur les plateaux, et agents du Palais de l’Unité dont ils sont, chacun en ce qui le concerne, communicateur attitré.

Le journalisme a mal à ses plénipotentiaires au Cameroun. Trop militants ou a contrario trop excessifs. Il manque à la presse camerounaise cette mesure dans les prises de position et les analyses ; ce recul dans l’amplification des nouvelles, nécessaire à la compréhension des récepteurs.
Les journalistes sont, soient emballés par la divulgation de pseudo scoops, soit apeurés par les conséquences d’une censure omniprésente quoique invisible, ou alors formatés dans la glorification à tout va d’un système politique qui ne brille guère par sa bonne gouvernance.

Autant le dire, l’incident provoqué par Garga et adoubé par un journaliste aux ordres, habitué à obéir sans discerner, n’est que la mise en lumière de l’état de la presse au Cameroun, au 21 ème siècle.

C’est dire si le chemin vers une véritable liberté de la presse chez nous et sa constitution en 4 ème pouvoir demeure encore, et pour longtemps, une utopie.

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