France

RÉPONSE CINGLANTE À EMMANUEL MACRON

MA RÉPONSE A LA LETTRE DE MONSIEUR MACRON

Cher Monsieur,

Cinq pages ! Je vois que vos énarques ont bien planché sur le sujet.

Et en toute modestie, à mon niveau bien sûr, j’en ai fait de même. Permettez-moi donc de vous partager mon humble réflexion.

Mais avant de m’attirer quelques foudres de guerre, j’aimerai préciser que je ne prétends pas détenir la vérité comme, il serait bon de (vous) le rappeler, aucune personne sur cette planète ne la détient.

Maintenant, allons-y.

Tour d’abord. Une lettre. Belle originalité. Respirons et essayons d’analyser la symbolique de la chose.

Les citoyens français sont dans la rue depuis 9 semaines. Dans le froid, dans le gaz, dans la violence, celle que vous avez commandité pour vous protéger. Ils saignent, ils souffrent, ils crient, certains meurent même, pour revendiquer un simple droit : vivre dans la dignité. Et comme vous le savez, la grande majorité de l’opinion publique, même si tous ne sont pas dans la rue, est de leur côté.

Et alors que mains et visages sont arrachés, que le commerce souffre, que l’image de la démocratie est souillée, que les médias mentent, que les esprits des français s’échauffent … vous leur envoyez…. UNE LETTRE ?

Pardonnez-moi mais il me vient à l’esprit l’image grotesque d’un monarque qui du haut de sa tour dorée enverrai un pigeon voyageur au peuple, alors qu’il lui suffirait de descendre d’un étage pour faire ce qu’un dirigeant est censé faire dans une telle crise : communiquer.

Échanger avec les gens, comprendre, analyser, proposer des solutions : toutes ces choses que vous faites tous si bien pendant vos campagnes respectives, mais qui disparaissent sitôt le trône acquis.

Maintenant, passons ce détail, et intéressons-nous d’avantage au contenu qu’au contenant.

Pour commencer, comment un homme supposé être à la tête d’un état peut-il s’exprimer dans les circonstances actuelles sans jamais aborder un quelconque soutien aux victimes, mutilés, défigurés et à leurs familles ? Vous a-ton conseiller de perdre toute once d’humanité ?

La vérité est que vous vous trouvez en mauvaise posture, vous avez reculé jusqu’à ce que votre dos soit collé au mur, et ce que vous avez écrit dans cette lettre résonne comme votre dernier espoir de calmer le jeu.

Vous savez que la population est en train de se lever de plus en plus.
Vous savez que le peuple a ouvert les yeux et voit clair depuis la première fois depuis bien longtemps.
Vous voyez que l’Europe se soulève et que 24 pays dans le monde portent le gilet jaune.

La situation devient incontrôlable …. Alors vous jetez votre dévolu sur la mise en place d’un système de communication citoyenne, que je jugerai malheureusement comme étant inefficace et à sens unique.

“Le grand débat”, donc. Parfait, nous sommes bien sur un schéma habituel de fonctionnement d’une république.

Démonstration :

1-Nous avons une démocratie, élisons.
2-Nous avons un problème, débattons.
3-Nous avons une solution, passons une loi.

Sur papier, cela paraît bien. Mais qu’en est-il en réalité ?

Sur le premier point, je vous répondrai qu’un être humain n’en est pas moins un esclave lorsqu’on lui permet de choisir son maître tous les 5 ans. Surtout lorsque l’illusion du choix est parfaitement menée… Et que par la suite ses revendications deviennent illégitimes puisqu’il a voté. Français ! Vous l’avez voté, vous l’avez voulu, maintenant : subissez.

Sur le second point, ce débat, ou plutôt cette organisation qui permettrait la remontée d’informations du peuple à vous, dirigeants.

Vous évoquez ces quelques grands thèmes :

· L’équilibre de l’impôt et comment est utilisé l’argent public
· La juste efficacité des administrations et du service public
· La balance écologie / économie
· La citoyenneté et comment doivent être prises les décisions concernant notre pays
· La gestion descente du flux migratoire.

Enfin ! Vous venez de résumer avec brio ce que revendiquent le peuple dans sa majorité depuis 9 semaines !

Alors, c’est maintenant que la question se pose : quelle est l’utilité de ce grand débat si vous en connaissez déjà les enjeux et que vous êtes donc déjà disposés à proposer des solutions ? Proposez, nous pourrions débattre ensuite… ?

Jouons cartes sur table, Monsieur, nous savons vous et moi qu’un tel débat entre le moment de sa mise en place et celui de sa prise d’effet nécessitera des années. Si vous avez un doute là-dessus, souvenez-vous de la lenteur des administrations pour de simples formalités.

Du citoyen au maire, du maire au député, du député au parlement, du parlement au sénat, du sénat au président, puis on étudie les impacts, on rediscute, on re-consulte le peuple…. Je ne pense pas avoir besoin d’argumenter davantage sur ce point.

Entre temps on vous aura bien entendu glorifié de votre démarche citoyenne et populaire…Et entre temps vous aurez tout le loisir de passer les lois dont vous avez besoin pour protéger ce que vous ne voulez pas changer.

Ce qui m’amène à mon 3ème point : les lois.

C’est très bien d’agir, de passer des lois, d’entreprendre pour son pays.
Mais les réformes doivent servir l’intérêt général, protéger le peuple, et pérenniser la France et la vie dans son sens large.
Les réformes ne doivent pas protéger une élite, creuser des inégalités, faire monter les tensions, enrichir les très riches et appauvrir les pauvres.

Et quant à la justice, elle ne doit pas avoir deux poids deux mesures !

Benalla, les cagnottes Leetchi, Dettinger, Drouet… tant d’exemples que les Français n’oublieront plus jamais. La confiance et la crédibilité en nos institutions sont tombées plus bas que terre.

La vérité, et la conclusion de tout cela, est que vous n’avez pas l’intention de changer de cap, sinon vous l’auriez déjà fait.

Vous préférez solliciter le “sens de l’effort des français”, ce qui fait de vous, à mon sens, le plus grand maître de l’ordre du mépris. Même s’il y en eu d’autres avant vous. Car si l’on avait voulu écouter les français, on l’aurait fait en 2005 lors du référendum sur la Constitution Européenne.

Ce que je crains, si votre politique continue ainsi, c’est la plus grande crise économique et sociale que nous ayons connue. Et elle ne s’arrêtera pas aux frontières de la France !

Les pauvres seront encore plus pauvres.
Les classes moyennes vont devenir pauvres.
Et même ceux qui sont encore actuellement dans une position confortable , seront aussi miséreux que les miséreux actuels.

Il n’y aura qu’une petite élite, celle que vous connaissez bien, qui sortira son épingle du jeu…

Et quand cela arrivera, laissez-moi imaginer votre réponse : “Nous avons essayé, nous avons suivi le programme pour lequel vous m’avez élu, mais le contexte social nous a ralenti… maintenant pour terminer ce que nous avons commencé, et enfin en constater les effets positifs, il va nous falloir un quinquennat de plus afin de surmonter cette crise. “

Voilà donc, Monsieur Macron, une maigre partie de mon analyse tant j’aimerai encore en ajouter, analyse qui je le répète n’engage que moi.

Pardonnez pour finir mon indélicatesse quant à vous appeler “Monsieur” plutôt que comme il est d’usage “Monsieur le Président”, mais je ne puis consentir à vous reconnaître en tant que tel connaissant la grandeur de votre mépris du peuple.

Bien à vous, vive la France, vive le peuple, mais en aucun cas vive cette république.

JEAN MARC HENRY

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