LES DOIGTS D’UN JOURNALISTE COUPÉS AU CAMEROUN
Communément appelé » le TGV de l’Info « , Paul Chouta a dû échapper à un lynchage en bande organisée que grâce à la vitesse de ses jambes.
C’est aux environs de 6 heures 30 que, sortant de son domicile dans un quartier de Yaoundé pour aller faire des courses dans une boutique que le journaliste blogueur est encerclé par trois individus robustes, tous en casquette. Sans explication, les coups pleuvent sur l’infortuné. Les agresseurs sortent des couteaux, coupent ses trois doigts qui ne tiennent plus que par les os.
C’est grâce au secours du boutiquier que le journaliste réussit à s’échapper. Et malgré tout, les trois agresseurs défoncent la porte pour aller le retrouver dans son refuge. Les coups pleuvent sur la tête du » TGV de l’Info » qui ne sait plus quelle direction prendre. Son oeil est tuméfié. Une blessure au coude et une autre au pied. Les trois individus montent à bord de leur véhicule de marque Mercedes. Paul Chouta est transporté à l’hôpital de Mendong où on tente de faire une suture. Pas sûr qu’ils retrouvent leur mobilité, les nerfs ayant été complètement cisaillés.
Selon les témoins, la Mercedes utilisée par les trois agresseurs après leur forfait, fait des tours au quartier depuis quatre jours. Il y a quelques semaines encore, Paul Chouta était activement recherché par le colonel Émile Bamkoui, celui-là qui avait kidnappé le journaliste Michel Biem Tong.
Les violences et les arrestations contre les journalistes se multiplient au Cameroun. Deux journalistes ont été interpellés lundi soir à Douala, en marge d’autres arrestations, celles de l’opposant Maurice Kamto et des cadres du parti MRC. Théodore Tchopa et David Eyengué ont été, eux aussi, conduits à la direction de la police judiciaire à Yaoundé et leurs proches n’ont pas pu avoir accès à eux depuis. Le président du syndicat national des journalistes du Cameroun y voit une tentative d’intimidation et espère que ces deux reporters ne seront pas associés aux poursuites qui pourraient être engagées contre les militants du MRC. D’autres journalistes croupissent dans des prisons camerounaises, poursuivis pour » apologie de terrorisme, troubles à l’ordre public, ect »
J. RÉMY NGONO