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LE TRIBUNAL D’ABUJA CONDAMNE L’ÉTAT DU NIGERIA ET LE SOMME À RAPATRIER LES SÉCESSIONNISTES EMPRISONNÉS AU CAMEROUN

C’est un vrai coup de tonnerre : le Tribunal de Grande Instance d’Abuja vient de condamner l’Etat du Nigéria pour avoir extrader les sécessionnistes anglophones au Cameroun. Le Tribunal exige non seulement leur retour sur le territoire nigérian où ils ont été illégalement kidnappés, mais condamne aussi l’Etat nigérian à une amende de 5 millions de nairas par personne extradée.

À peine réélu, Buhari qui a permis cette extradition sans se référer à la justice nigériane, est au pied du mur puisqu’il a obligation de se plier aux décisions de la justice. C’est ainsi au Nigeria où il y a la séparation des pouvoirs et le président de la république n’est pas au-dessus de la loi. Il doit maintenant demander à Paul Biya de retourner Ayuk Tabe et tous les 47 sécessionnistes anglophones qui ont été enlevés au Nigeria.

« Ils répondront de leurs crimes  » devant la justice camerounaise, avait commenté Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication, lors d’une conférence de presse pour annoncer l’extradition vers Yaoundé de 47 séparatistes  camerounais, réfugiés au Nigeria. Le leader des indépendantistes, Sisiku Ayuk Tabe et ses camarades avaient été arrêtés dans un hôtel d’Abuja le 5 janvier  2018.

Le ministre avait alors réaffirmé la « détermination » du Nigeria et du Cameroun « à ne jamais tolérer que leurs territoires servent de base à des activités de déstabilisation dirigées contre l’un d’entre eux ».

Le département d’État américain avait  réagi pour demander « aux autorités publiques camerounaises de respecter les droits de l’homme, y compris le droit à une procédure judiciaire en bonne et due forme des 47 Camerounais […], dont beaucoup auraient présenté des demandes d’asile au Nigéria. »

Dans son communiqué, Heather Nauert, la porte-parole du Département d’État, avait exhorté  » le Cameroun et le Nigeria à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international et de s’abstenir de renvoyer de force les demandeurs d’asile dans leur pays d’origine. »

L’extradition des séparatistes était totalement illégale.  Me Femi Falana, un des avocats nigérians séparatistes interpellés à Abuja, avait affirmé qu’« il n’existe aucun accord d’extradition entre les deux pays. » « Ce ne sont pas de simples ressortissants camerounais. Quatre d’entre eux se sont vus accorder l’asile politique au Nigeria, cinq autres ont le statut de résident permanent dans le pays et le dernier a un passeport américain », avait-il ajouté.

Bon à savoir, le Nigeria est signataire de la convention de 1951 des Nations unies, relative au statut des réfugiés, qui instaure le principe de non-refoulement des demandeurs d’asile. Ce qui signifie qu’on ne peut jamais refouler un réfugié dans son pays d’origine . C’est une règle élémentaire que le Nigeria n’a pas respecté en livrant des réfugiés politiques tels de vulgaires clandestins sans-papiers.

J. RÉMY NGONO

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